PNU : un parc qui ne sera pas que naturel

PNU : un parc qui ne sera pas que naturel

Samedi 10 octobre s’est déroulée la deuxième sortie de (re)découverte du futur PNU Robertsau – Conseil des Quinze, du côté de la cité de l’Ill. Où la dimension « urbaine » et humaine de ce projet a été particulièrement mise en lumière.

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« Je n’aurais jamais cru que la cité de l’Ill était si verte. » Enoncé par l’une des participantes à cette visite,  ce sentiment était largement partagé par le groupe d’une trentaine d’habitants qui s’était déplacé ce samedi matin. L’image trop urbaine, trop vite stigmatisante de la « cité », d’où ne pourrait sortir que du désagréable, s’est floutée tout au long des étapes de cette visite, entre jardins partagés ou familiaux, berges de l’Ill creusées par les ragondins, terrains des amis du cheval et parc de la villa Schmidt.

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Cité de l’Ill, l’envers du décor

Découvrir l’envers du décor à la Cité de l’Ill

Un envers du décor, que la plupart n’avait jamais parcouru, encore moins soupçonné, mais que tous ont apprécié, sous le soleil de l’automne et la conduite attentive de Jean-Bernard Dambier, directeur d’Habitation moderne, le bailleur de la Cité.

« C’est ça, la Robertsau, commentera tel autre participant. Où que l’on se trouve, la nature n’est jamais loin, sous toutes les formes, même dans une partie aussi dense que la Cité de l’Ill. » Ce qui fera dire à l’adjointe du quartier que « plus il y a de nature, plus les gens en réclament et considèrent le moindre espace vert comme un ‘poumon vert’ à défendre. » La nature comme nécessité urbaine, comme contrepoint indispensable à l’oppression citadine.

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Rue de la Doller

Cité de l’Ill : un ensemble de 1800 logements

Parce qu’à la Cité de l’Ill cette oppression reste omniprésente dans un ensemble de 1800 logements, vieux d’un demi-siècle, isolé du reste de la Robertsau par le Muhlwasser et la papeterie à l’est, l’Ill au nord et à l’ouest, la rue de l’Ill au sud. Quartier de logements sociaux qui, serti dans un écrin huppé, a tant de mal à se croire robertsauvien tellement les frontières économiques et culturelles s’ajoutent aux limites géographiques.

Ici, la concentration urbaine a les mêmes caractéristiques et produit les mêmes effets que dans toutes les « cités », trop vite construites et repliées sur l’accueil de populations trop homogènes et vite discriminées. Comment enrayer cette spirale socio-économique qui semble engluer la Cité de l’Ill ? La visite de l’autre jour a permis d’effleurer trois pistes, parmi d’autres.

Comment enrayer cette spirale socio-économique ?

C’est d’abord l’action sur la qualité des logements et du cadre de vie, menée, depuis plusieurs années déjà, par le bailleur Habitation Moderne : rénovation des logements et des espaces communs, construction d’une chaudière à biomasse pour stabiliser les charges de chauffage, accompagnement des locataires dans la gestion de leurs logements, etc.

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​La chaufferie à biomasse permet de produire 12,8 MWh par an, pour chauffer les 1800 logements de la Cité.

C’est ensuite les acteurs de terrain, corps intermédiaires entre les laissés pour compte et la complexité du monde, comme l’association Parcours, logée rue de la Doller, qui aide les jeunes chômeurs à regagner l’estime d’eux-mêmes et quelques atouts pour trouver leur voie. Des acteurs qu’on sent enthousiastes, mais tendus, dans des locaux exigus et assaillis par le nombre.

Il y a Parcours, mais aussi les animateurs socio-culturels, dans l’antenne de l’Escale, les cadres de l’association sportive ou de l’interassociation, les fidèles de la mosquée toute neuve et des autres communautés religieuses,…, tous porteurs d’un projet de vivre ensemble, toutes forces encore vives d’un quartier en apnée, dont l’acharnement ressemble de plus en plus à celui de Sisyphe.

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Rue de l’Anguille : la mixité sociale, nouveau modèle urbain?

C’est enfin cette opération immobilière de la rue de l’Anguille, portée par Bouygues Immobilier, qui propose sur 41 logements, 21 logements en locatif social : la mixité des logements, donc des populations, comme réponse structurelle à la ghettoïsation riches – pauvres assénée par le modèle urbain mis en œuvre ici.

Et l’accès aux services ?

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Dans le socle de la tour Schwab, quel projet pour le quartier?

Mais il reste l’accès aux commerces et aux services, qui font, plus que le cadre, la qualité de la vie. Quid de la ligne de bus, qui ne passerait plus dans le quartier ? Quid du commerce alimentaire, dans le socle de la tour Schwab, délaissé par la Coop ? Quid des perspectives d’emplois pour les jeunes et moins jeunes de ce quartier où l’économie se fait souterraine ? Sur ces fronts-là, les initiatives telles que la maison de santé ou la recherche de candidats commerçants sont lentes et difficiles, les murs à franchir étant plus hauts qu’ailleurs.

Qu’est-ce que la démarche du PNU pourra apporter à la Cité de l’Ill ? Qu’est-ce que la Cité de l’Ill pourra apporter au futur PNU ? Telles sont les deux questions que cette visite aura posées. Le PNU réussira, s’il parvient à y répondre.

 

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