PLU : contribution de Thierry Roos

PLU : contribution de Thierry Roos

L’enquête publique pour le PLUi s’est terminée le 20 mai dernier. Nous publions ci-dessous la contribution de Thierry Roos. L’enquête publique qui se termine le 20 mai 2016 à Strasbourg portant sur le PLU de Strasbourg nous permet de nous exprimer publiquement sur un projet qui va déterminer l’avenir de notre ville, son profil urbanistique,…

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L’enquête publique pour le PLUi s’est terminée le 20 mai dernier. Nous publions ci-dessous la contribution de Thierry Roos.

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L’enquête publique qui se termine le 20 mai 2016 à Strasbourg portant sur le PLU de Strasbourg nous permet de nous exprimer publiquement sur un projet qui va déterminer l’avenir de notre ville, son profil urbanistique, social, culturel, économique et écologique. En résumé, ce plan local d’urbanisme va déterminer l’art de vivre à Strasbourg et son agglomération.

Le PLU a été établi entre 2011 et 2015. Malheureusement, les habitants de Strasbourg n’ont pas été sollicités par concertation pour apporter leur contribution et devront se contenter de se manifester lors de l’enquête publique.

L’objectif annoncé par le projet est de densifier la ville au nom de l’écologie pour limiter les transports. Le PLU prévoit  d’augmenter de 50 000 habitants Strasbourg et son agglomération avec la création de 7000 logements dans le quartier des Deux Rives en devenir et en développement, et 2500 à la Robertsau, quartier résidentiel déjà bien chargé.

La densité de Strasbourg est de 3500 habitants au kilomètre carré, densité très modérée, mais c’est justement ce qui lui confère le caractère reconnu de ville verte, la 10ème en France, ménageant de larges espaces verts, parcs, zones non ædificandi ou glacis, zones agricoles et forêts mais aussi de larges percées d’autoroutes. Cette densité est idéale pour le bon vivre à Strasbourg.

La densification de Strasbourg va dans le sens des grandes métropoles mais s’accompagne d’un développement économique indispensable pour donner du sens à ce projet et surtout doit s’accompagner d’infrastructures adaptées pour la fluidité des déplacements et le dynamisme économique.

Seul le développement économique et la création d’emplois en nombre suffisant permettra logiquement de densifier la ville pour limiter les déplacements automobiles et les réduire de 30%, objectif avoué de l’exécutif. Le taux de chômage à Strasbourg est de 10,6% mais 18% de la population active.

Faute de création d’emplois, la densification des habitants ne pourra porter ses fruits sur les déplacements. Reste à connaître la localisation des emplois par rapport aux lieux de résidence, quelles sont les distances parcourues des habitants de Strasbourg pour se rendre sur leurs lieux de travail et quelle est la part des travailleurs venant de l’extérieur de la ville ou en transhumance au travers de la ville.

Les deux secteurs de développement et de densification essentiels sont dans l’ordre d’importance le quartier des Deux Rives et la Robertsau.

1 – La Robertsau

Quartier d’origine agricole, avec de nombreux maraichers en voie de disparition, quartier entouré de nombreux cours d’eau qui concentrent les accès sur quelques ponts et posent un grand problème d’accessibilité pour le développement urbain.

Le vieux Robertsau, le centre, concentre les commerces et la vie sociale du quartier au travers de chaussées étroites et denses ; la cité de l’Ill (1760 logements sociaux) à l’ ouest est parfaitement intégrée au quartier au niveau de l’éducation, des activités sociales, sportives et culturelles. La cité des Chasseurs au nord est purement résidentielle et donne un caractère  champêtre au quartier.

Le port aux pétroles à l’est, classé seveso niveau 7, a nécessité la mise en place d’un PPRT (plan de prévention des risques technologiques) ce qui devrait normalement inciter à la prudence sur le développement urbain ; ou bien le PLU devra prévoir sur un long terme en actant la décision d’éloignement de ce danger antagoniste au développement des habitations au nord est, là où elle seront les plus nombreuses à la Robertsau.

Au sud, à l’entrée du quartier, les institutions  européennes ont attiré de nombreux habitants et constituent une source d’emplois du tertiaire. La préservation de la qualité résidentielle verte et fluide est un atout pour l’attractivité de Strasbourg comme capitale européenne pour le bien-être des fonctionnaires. En dégradant la qualité de vie de la Robertsau, on risque d’affaiblir l’intérêt de Strasbourg pour les institutions internationales européennes.

La PLU  prévoit à la Robertsau une augmentation de plus de 30% de la population avec une construction de 45% de logement sociaux. Les arguments avancés pour justifier ce taux sont faux : la Robertsau a 19% de logements sociaux ce qui pour un quartier résidentiel est élevé ; à titre de comparaison le quartier du Neudorf n’affiche que 12% de logements sociaux. La volonté de dissocier la cité de l’Ill du reste  du quartier a pour but de pointer du doigt la Robertsau comme quartier aisé. Il semble que la véritable intention est de modifier le profil sociologique du quartier pour des intentions électoralistes, ce qui n’est pas recevable dans le cadre d’un aménagement urbain. La loi contraint une municipalité et non un quartier à construire des logements sociaux indispensables, mais certains quartiers n’en ont pratiquement pas.

La cité de l’Ill appartient  au quartier depuis toujours, le lien est fort dans les écoles, les clubs sportifs, le centre socio-culturel travaille pour la mixité sociale, il est inconcevable de marquer une séparation au sein même du quartier et de faire de la cité de l’Ill un ghetto en la dissociant du reste du quartier.

La circulation  est un problème majeur, l’enclavement géographique dû aux nombreux cours d’eau et à l’ étroitesse du territoire doit être prise en compte.

19% de la population du quartier utilise sa voiture (36% pour Strasbourg) et pourtant le quartier est saturé, ce qui prouve que de nombreux automobilistes traversent le quartier en provenance du nord pour accéder au centre de la ville ou rejoindre les axes autoroutiers.

L’augmentation de la population risque fort de congestionner les accès, le PLU  doit également prendre en compte les accès au quartier d’affaires européen du Waken où se développe une activité économique importante.

Des contournements et délestages doivent être prévus impérativement AVANT D’URBANISER.

Le nœud multimodal rue de la Papeterie, à proximité du centre socio-culturel de la Robertsau en pleine zone résidentielle, ne prend pas en considération la structure urbanistique actuelle du quartier et risque de desservir le centre socio-économique et de nuire aux habitants du secteur.

Il est donc indispensable de prévoir des accès de contournement du quartier pour les véhicules transitant depuis le nord.

Il faut donc prévoir un axe à l’est en direction du quartier des Deux Rives en développement pour rejoindre la frontière ou l’autoroute sud et à l’entrée sud du quartier et au pont Fario une pénétrante vers  l’autoroute nord.

La culture n’est pas prise en considération, un quartier de cette ampleur (30000 habitants ) devra avoir une programmation culturelle de proximité et attractive pour les résidents potentiels. Avec la disparition du foyer Saint Louis au bénéfice de logements en plein centre, rien n’a été prévu pour développer l’animation culturelle et sociale, aucun hôtel n’est prévu, il n’y en a pratiquement pas à la Robertsau. Ce quartier risque de devenir un quartier dortoir sans caractère et sans autonomie, dépendant du centre pour la culture ; les déplacements n’en seront que plus denses.

2 – Le quartier des Deux Rives

7000 logements sont prévus, un quartier en devenir pour la porte de France, qui pour les personnes arrivant en France par le pont de Kehl va donner une première image de la ville et du pays, image qui doit être des plus accueillantes.

La bétonisation du quartier ne sera sûrement pas la meilleure image à donner.

Un développement économique peut être envisagé, une friche importante de la Coop est en réflexion.

Le principe de la SPL qui a pris en charge le quartier des Deux Rives ne donne pas accès à la concertation ni au débat politique, la ville ayant donné délégation à cette société pour le devenir du quartier. Il est cependant encore temps de faire des propositions.

Le devenir économique du quartier

À l’instar de Berlin, Strasbourg est une ville internationale dont l’histoire en fait un symbole de réconciliation, une capitale institutionnelle mais non économique, une ville universitaire parmi les meilleures en Europe, une ville dont les loyers sont modérés, une ville dont certaines friches attendent de trouver une destination, une ville en voie de désindustrialisation et peu investie par les grands centres névralgiques et sièges sociaux, une ville jeune mais une ville où le chômage touche beaucoup cette tranche d’âge qui émigre pour trouver un emploi. Le chômage est de 18% de la population active 25/65 ans.

Et bien Berlin a réussi à s’adapter à cette situation en réussissant le pari de la 4ème révolution industrielle qui émerge, celle du digital, des start-up, des incubateurs et de la jeunesse dont les paradigmes socio-économiques sont absolument en rupture avec notre façon de penser du siècle passé.

Berlin a su devenir la capitale allemande et une des plus fortes en Europe des start-up en mettant en place une politique attractive :

  • des loyers à bas prix dans des friches industrielles,
  • une mise en place d’une véritable politique municipale d’aides au financement des start-up par des micro-crédits et une collaboration efficace avec la chambre de commerce et d’industrie pour la levée de fonds,
  • une mise à disposition de moyens techniques dans la ville comme par exemple le wifi à bas débit gratuit dont le but est d’économiser de l’énergie, les ondes radio type 4G consommant énormément d’énergie en fait, ceci dans le cadre de la transition énergétique et de la communication digitale collaborative,
  • une proximité des ces start-up avec l’ économie traditionnelle.

Le quartier des Deux Rives est un lieu d’expansion de la ville vers l’Allemagne et sera la porte de France, le quartier est en train de devenir un quartier de constructions d’habitations très important et peu esthétique sans que l’on ait songé à lui donner un caractère innovant permettant la mutation vers la quatrième révolution industrielle. L’analyse du tissus urbain et économique nous montre un quartier qui fut essentiellement industriel, où le Port Autonome est toujours très présent et actif, comme celui de Kehl sur l’autre rive, très dynamique aussi voire plus encore.

Le Port Autonome peut être un acteur important dans le développement du quartier si il accepte d’y investir.

De nombreuses friches industrielles comme la Coop, les ateliers de la CTS ou Starlette où des montagnes de charbon culminaient il y a quelques années sont laissées à l’abandon et sujets à réflexion.

Ce quartier peut être le quartier émergeant pour l’installation d’incubateurs.

En France il y a actuellement 10 000 start-up en devenir, ces jeunes pousses sont concentrées essentiellement à Paris pour plus de la moitié, donc seules 5000 start-up sont réparties sur le reste du territoire, ce qui n’est pas du tout significatif.

Nous pouvons devenir une capitale d’incubateurs en Europe grâce à nos atouts similaires à ceux de Berlin :

  • une université très forte et dynamique avec 47000 étudiants de la génération digitale,
  • une université qui prône cette politique d’aide aux start-up et qui vient de remporter l’IDEX (initiative d’ excellence ), un concours attribuant le bénéfice d’un fond de 750 000 000 euros soit 23 000 000 euros par an qui peut y être consacrés,
  • une chambre de commerce et une ville pouvant travailler ensemble à la levée de fonds et à la mise en place de micro-crédits pour les jeunes,
  • la mise à disposition d’infrastructures à loyers modérés dans les friches Coop et Starlette qui se trouvent justement à proximité du Shadok (lieu municipal dédié à la culture numérique).

Ce lieu est à mettre en perspective de celui qui vient d’être inauguré à Paris sur un site similaire, le CARGO sur 15 000 m2.

Le projet du PEX devenu très à l ‘étroit au Waken et dont on n’attend pas avant longtemps la mise en chantier pourrait alors être envisagé sur la bande de Starlet à proximité de cette nouvelle zone économique d’avenir qui peut alors trouver un nouveau sens et attirer de nouveau congrès et salons dans l’esprit de la transition économique numérique et énergétique, avec des voies de communication existantes, tram, autoroutes, voies navigables. Larc du Waken, au vu du succès du quartier d’affaires international pourra alors continuer son expansion au Waken.

Notre ville dessine ses contours pour les 15 prochaines années au travers du PLU et ne saurait rater le train de l’innovation et de la jeunesse en restant sur des schémas éculés.

Soyons audacieux en investissant sur l’ avenir et la modernité, construisons la STRASTEC.

 

La Robertsau en image

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