Urbanisme à la Robertsau : une autre voie est-elle possible ?

Urbanisme à la Robertsau : une autre voie est-elle possible ?

es questions d’urbanisme sont au cœur de la vie publique de la Robertsau. La municipalité et sa représentante locale gèrent par le mépris les interpellations des citoyens et des associations. À part le conflit, une autre voie est-elle possible ? Nous avons posé la question à Volker Ziegler.

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Les questions d’urbanisme sont au cœur de la vie publique de la Robertsau. La municipalité et sa représentante locale gèrent par le mépris les interpellations des citoyens et des associations. À part le conflit, une autre voie est-elle possible ? Nous avons posé la question à Volker Ziegler.

Volker ZIEGLER est architecte-ingénieur et urbaniste, enseignant à l’ENSAS. Il a développé de nombreux projets d’aménagement urbain dans plusieurs villes européennes:

Le Blog de la Robertsau : Quelles sont les difficultés rencontrées quant les propositions urbaines impliquant les citoyens et les habitants, quand on sait que c’est un contexte très règlementé et aux intérêts économiques gigantesques ?

Volker Ziegler : 

Il y a plusieurs difficultés. Ce sont souvent les mêmes usagers, citoyens, habitants qui s’impliquent dans des démarches de concertation et de co-construction : ceux qui ont l’habitude de prendre la parole, ceux qui sont organisés en associations etc., ceux qui participent à la vie d’une ville, d’un quartier etc.

C’est un problème de représentativité, au fond de démocratie, et il faudra, dans la perspective d’une ville inclusive, chercher à activer la parole et la participation de ceux et celles qui ont moins de facilité ou qui en sont exclus pour différentes raisons.

Quant à la question des règlements et des intérêts économique, c’est une affaire de maîtrise publique du développement d’une ville, du foncier, des services publics, et cela convoque donc la volonté politique et le savoir-faire des techniciens d’une ville. S’il n’y a pas de projet urbain en termes de projet citoyen et politique, les blocages sont multiples.

En revanche, s’il y a un accord large – fruit d’une négociation constante avec tous les acteurs d’une ville (dont les usagers) mais aussi entre les élus et les services d’une ville – sur le projet urbain, le projet de quartier, on peut mieux faire face à des dérives comme la spéculation (immobilière) d’un côté et le blocage réglementaire de l’autre. Et puis, pour les investisseurs qui ne pensent pas uniquement à des profits à court terme, une vision politique claire, stable car négociée du développement d’une ville et de ces quartiers permet d’investir avec moins de risques et de s’engager sur des projets dans une durée plus longue.

Comment dépasser les clivages ou antagonismes politiques et autres ?

Comme je viens d’expliquer, la ville inclusive demande une culture de débat et de négociation dans la durée. Si cela aboutit à une vision d’avenir qui fait consensus et à des projets concrets qui s’y inscrivent auxquels participent ceux à qui on a demandé leur avis pendant les négociations, ont peut s’engager dans un processus de projets qui dépassent la temporalité des mandats politiques et la sectorialisation des savoir-faire.

En dehors de ce processus qui peut paraître exigeant, il faut que nos villes laissent la place à l’imagination, à l’expérimentation, à l’éphémère.

Certains projets citoyens et les projets artistiques ont cette prise directe et en « live » sur une situation dans une ville, sur l’imaginaire, et ces interventions peuvent parfois dépasser les antagonismes ou bien emmener les uns et les autres sur des pistes nouvelles, insoupçonnées. Ainsi ils peuvent aussi être des préfigurations de projets durables qui nécessiteront plus de temps, de réflexion, de moyens.

Vous avez pu intervenir récemment, ainsi qu’Artecitya, à Saint- Pétersbourg, dans le cadre d’une expérience de rénovation urbaine avec l’implication de la société civile et des associations culturelles :Qu’en pensez vous de tout ces projets atypiques et innovants comme alternative ou pratique parallèle à l’aménagement traditionnel d’une ville ?

A Saint-Pétersbourg, les services techniques et les politiques ne sont pas encore prêts à construire cette ville inclusive. Bien sûr on y trouve aussi les travers de la spéculation foncière et immobilière. Les projets innovants risquent donc d’être broyés entre les traditions apparatchik et les « developer » (on nous le nomme en anglais) entrés en scène dans les années 1990.

Mais en même temps, et curieusement, le savoir-faire ou l’art du contournement est très bien développé dans cette ville, et ceci grâce à des initiatives privées qui prennent appui à des mécènes plus intelligents, plus responsables, grâce aussi à un milieu créatif de jeunes biens formés qui se sont installé dans cette ville très attractive, c’est la deuxième de ce pays immense.

Donc en dehors de l’art officiel et de l’architecture classique, au-delà du périmètre Unesco, dans la ceinture industrielle et près des (très) grand ensembles, émergent ces projets hybrides, entre art urbain, appropriations éphémères et architectures de récupération.

L’enjeu est en effet d’impliquer les habitants dans ce type de réflexion qui porte sur le territoire qu’ils pratiquent tous les jours mais dont les enjeux et l’intérêt sont cachés. Révéler les valeurs de ces territoires pour inciter les habitants à s’impliquer dans le développement de leur quartier – je pense que c’est ce que ces projets hybrides et innovants peuvent faire.

 

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