[On a testé] la ligne H : Lièvre ou tortue ?

[On a testé] la ligne H : Lièvre ou tortue ?

L’autre jour place de la gare, j’ai vu passer ce drôle de bus tout vert, un peu pataud sur ses grosses roues. Ses lourdes batteries font qu’il semble gigoter à chaque virage. C’est le bus électrique de la ligne H. J’ai testé la ligne.. et le bus.

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Depuis le 24 février 2020 un petit bus électrique vert propose de relier le Parlement Européen à la gare, c’est la ligne H en bus électriques Aptis d’Alsthom. Le communiqué de presse de la CTS le clame  : 

la nouvelle ligne H devient par ailleurs la première ligne de bus totalement électrique du réseau CTS permettant d’améliorer le confort des voyageurs et des habitants de l’Eurométropole de Strasbourg.

Améliorer le confort des habitants de l’Eurométropole ? C’est ce que nous avons décidé de vérifier dans ce test. 

Une drôle de ligne

La ligne H part du Parlement Européen, passe par la place de Bordeaux, le boulevard Clémenceau pour enfin rejoindre la gare SNCF par le boulevard du Président Wilson. Il faut noter que, tout au long de ce parcours, la ligne H est en double avec d’autres lignes de la CTS (Tram E ou ligne de bus 2 – voir plus bas : les choses qui fâchent).

Son objectif ferait qu’elle s’adresserait plutôt aux agents du Parlement Européen ou peut-être à ceux de l’horrible quartier d’affaires (mon Dieu que ce quartier est moche…).  Pour la CTS cette ligne s’inscrit dans une logique de « désengorgement du nœud de l’Homme de Fer ». Mais alors pourquoi ne pas prolonger la ligne E ou encore, comme le demandaient les habitants, faire passer la ligne F par la gare ? On cherche encore la logique. Bref, c’est une drôle de ligne…

Un trajet Escale – Gare

J’ai décidé de tester la ligne en condition réelle, c’est-à-dire en partant de la Robertsau. Je dépose mon vélo au terminus Escale – Robertsau et je prends la ligne E vers le parlement Européen. Départ à 12h50… le tram file à travers la Robertsau. 

Dix minutes plus tard, je suis au Parlement et je monte dans le bus vert. Bon point, la jonction entre le tram et le bus s’est faite rapidement et le bus semblait attendre que le tram soit arrivé avant de partir. La navette est vide pour l’instant l’instant pas même de chauffeur,  je peux m’installer tranquillement. L’équipement est plutôt spacieux, lumineux, et les couleurs blanches et rouges renforcent cette impression de lumière. 

Il y a 18 places assises (ce n’est pas avec ça que l’on va multiplier les voyageurs sur le réseau) mais, bon point, deux emplacements pour des personnes à mobilité réduite et un petit espace en hauteur de 4 places en vis-à vis, assez agréable. 

Confort : bien, mais peut mieux faire

Comme j’ai pris le tram avant le bus de la ligne H, la comparaison est facile. Le tram est largement plus confortable. Le bus bouge beaucoup et il penche dans les virages. Ci-dessous un extrait vidéo pour vous rendre compte du niveau sonore, qui n’est pas si faible que ça et du niveau de stabilité. 

Au final, un trajet de point à point de 32 minutes, ce qui est pile-poil dans ce que proposent les autres trajets en transport en commun. Ce qui est d’ailleurs assez drôle c’est qu’en passant par le site Fluo ou celui de la CTS, aucun ne me propose de prendre la ligne H. J’ai une alternance de choix entre Tram E + tram C ou Tram E + Bus 2, le tout en 30 min également…Surprenant.

C’est particulièrement vrai place de Bordeaux où le bus va longer les voitures en contresens et donc gigoter dans tous les sens, et passer par un tout petit passage près du lycée Kléber…les virages sont secs ! 

Autre élément surprenant, j’ai eu l’impression que la voie dédiée au bus de la ligne H était trop étroite ou bizarre. Le bus débordait souvent de l’espace tracé au sol pour mordre sur la route. Le modèle de bus est-il trop large ? 

Un conflit piétons-bus électrique

Encore plus incompréhensible, pourquoi faire passer un axe cyclable sur la piste réservée au bus ? Les cyclistes l’empruntent naturellement pour circuler et il se retrouvent à coincer le bus.

Information : un large panneau

Le panneau central, large et lumineux, vous permet de suivre votre trajet et de connaître le nom du prochain arrêt. Il est bien situé en hauteur et visible par tous. Bon point. Donnons un petit conseil à la CTS ou à l’Eurométropole : pourquoi ne pas indiquer le temps jusqu’au terminus ou l’heure prévue d’arrivée et surtout traduire les messages en anglais et allemand pour les voyageurs étrangers ? On est capitale européenne ou on ne l’est pas….

Ce qui fâche : 

Le jour où nous avons fait notre test (avant le confinement) il n’y avait pas beaucoup de monde, mais il semblerait qu’elle soit très utilisée (et c’est logique) par les élèves du lycée Kléber. Nous avons reçu le témoignage d’employés du quartier d’affaires qui se plaignaient justement d’une navette souvent bondée.

La navette H , nous l’avons écrit plus haut, est en double de lignes existantes, elle va longer le tram E jusqu’à Kléber puis la ligne de bus 2 jusqu’à la gare centrale.  Si c’est pour finalement faire les mêmes arrêts que les autres lignes, il n’y a aucune plus-value de confort et encore moins de temps. 

Il n’y a aucun gain de temps pour un Robertsauvien quel que soit le parcours que vous prenez. Et la question qui vous vient tout de suite à l’esprit c’est pourquoi ? Pourquoi faire une nouvelle ligne qui, contrairement aux affirmations de la communication de la CTS, n’améliore en rien « le confort des habitants de l’Eurométropole » ? On ne peut émettre que des hypothèses.

1 – Une offre sous-dimensionnée pour le quartier d’affaires  : Construire des horreurs en béton nécessite aussi des infrastructures performantes. La ligne H est peut-être l’aveu du bricolage et du manque d’anticipation des besoins pour les habitants et les usagers du Wacken. Un bus, c’est facile et rapide à installer (par rapport à un tram). 

2 – Séduire les entreprises : Après la « privatisation » du parking Coubertin par le Crédit Mutuel, la banque a également supprimé la navette qu’elle avait mise en place pour ses employés pour rejoindre la gare.. la navette est-elle à destination des entreprises qui s’installent au quartier d’affaires ? 

La CTS promettait de gagner 10 mn sur le temps de parcours. Nous constatons que ce n’est pas le cas. Cela a quand même coûté la petite bagatelle pour l’Eurométropole de 11,4 M€ ( 7,2 M€ pour les douze bus Aptis, 1,5 M€ pour l’équipement du dépôt (recharge électrique des véhicules), 2,7 M€ pour les aménagements de voirie et l’équipement des stations)…. soit 624 années de SMIC ! 

La raison aurait commandé de prolonger le tram E vers la gare. Un projet d’ailleurs prévu de longue date et intégré dans le plan triennal entre l’Etat et Strasbourg. Mais pouvait-on demander au promoteur du quartier d’affaires de voir loin ? 

La Robertsau en image

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