De quelle vision de l’Europe l’école européenne est-elle l’école ?

De quelle vision de l’Europe l’école européenne est-elle l’école ?

La Ville de Strasbourg, le Conseil Général du Bas-Rhin et la Région Alsace ont invité la presse et des personnalités à une visite du chantier de l’École Européenne de Strasbourg qui s’achevait par la signature de la convention tripartite de la gestion de l’établissement. Cette convention est la preuve d’une évolution et annonce, comme le…

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La Ville de Strasbourg, le Conseil Général du Bas-Rhin et la Région Alsace ont invité la presse et des personnalités à une visite du chantier de l’École Européenne de Strasbourg qui s’achevait par la signature de la convention tripartite de la gestion de l’établissement.

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Cette convention est la preuve d’une évolution et annonce, comme le souligne Pascal Mangin dans notre reportage vidéo, les prémisses de la réforme des compétences territoriales. En effet, dans la répartition actuelle, la commune s’occupe de la gestion des établissements du premier degré (maternelles et primaires), le Conseil Général des collèges et la Région des lycées. L’École Européenne de Strasbourg étant le premier établissement public à regrouper les trois, il était nécessaire de s’entendre pour avoir un gestionnaire unique, en l’occurrence la Ville de Strasbourg. C’était l’objet de la signature de cette convention.

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On en a profité pour visiter ce bâtiment, poser quelques questions aux architectes Eric Frisch et Vivien Burton, et à Daniel Gassner le directeur. Vidéo :

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Ecole Européenne Visite de chantier par blogrobertsau

L’École Européenne n’est pas une école de l’Europe

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’École Européenne n’est pas une école de brassage européen où l’on proposerait des formations raccord avec la construction d’une culture, d’une « nation » ou « maison » Europe. Il ne s’agit que d’une juxtaposition de systèmes éducatifs – avec un programme commun – pour que les enfants des institutions internationales puissent continuer leur scolarité comme dans leurs pays.  À l’École Européenne de Strasbourg, il y a une « école » allemande, une « école » anglaise et une « école » de langue française ; les élèves ne sont pas mélangés. Les élèves bénéficient simplement d’une heure « européenne » par semaine dans leur emploi du temps. (Tout comme l’heure de musique au collège n’a pas fait de vous des virtuoses de la flute à bec, il n’est pas difficile d’imaginer que cette heure ne fera pas de vous des Européens convaincus.)

Ces établissements sont déclarés « européens » à partir du moment où ils sont homologués par l’Union Européenne. Il y a 14 écoles de types 1 (dont 4 à Bruxelles !), Strasbourg ne bénéficiant de son école de type 2 qu’en 2008 vu le faible nombre de fonctionnaires de l’UE vivant sur place ; ceux-ci sont basés pour la plupart à Bruxelles ou au Luxembourg.


Pascal Mangin EES par blogrobertsau

4 systèmes éducatifs à Strasbourg, réellement une chance ou de la realpolitik cynique ? 

La défense du statut et du rayonnement européen de Strasbourg semble faire consensus parmi les politiques. Mais avec cet établissement, les collectivités ne font que recoller les morceaux. Car aujourd’hui, seuls 15 % des enfants inscrits viennent de parents des institutions de l’Union, 40 % viennent d’autres institutions européennes. Le reste étant des enfants de diplomates ou des parents fuyant le système d’éducation français.

Car c’est une certaine vision de l’Europe que vient enterrer l’École Européenne de Strasbourg.

Elle entérine l’échec de l’intégration des résidents d’institutions étrangères dans l’école républicaine, les laissant dans un « entre soi » et la « consommation scolaire ».

Elle mobilise les moyens des collectivités publiques au profit d’une caste assez privilégiée, creusant un peu plus les inégalités sociales. Les agents se battant contre l’externalisation apprécieront à leur juste valeur les priorités sociales de la ville de Strasbourg par exemple.

La plupart des étudiants qui ont pu bénéficier du programme ERASMUS reviennent enchantés de leurs séjours à l’étranger, où ils ont appris une langue, mais surtout signalant l’importance de l’échange culturel. On ne construit pourtant pas pour eux d’école particulière, ils vont bien dans les universités et s’inscrivent dans le cursus des pays hôtes.

La vraie réussite d’une école « européenne » serait enfin de se donner les moyens et la mobilisation pédagogique pour l’apprentissage intensif des langues, et d’avoir une vision de l’éducation pour tous les pays. Les parents considérant alors qu’il s’agit d’une chance d’aller dans l’école du pays et non une fatalité.

PS : On ne parle pas ici des problèmes de circulation qui ne vont pas manquer d’agrémenter l’ouverture de l’établissement l’année prochaine et de la perte de cette zone verte au début de la Robertsau. Ces problèmes ont été passés sous silence.

* Les Écoles européennes (EE) sont des écoles à base intergouvernementale gérées par la Commission européenne, fondées sur un traité international (la Convention des Écoles européennes), ayant pour but principal d’accueillir les enfants des fonctionnaires européens et de leur offrir un enseignement complet (maternelle, élémentaire, secondaire) dans leur langue maternelle. Cette formation débouche sur le Baccalauréat européen. Il existe quinze écoles européennes. Les écoles de type 1 sont prises en charge par l’Union Européenne, les type 2 financées par le pays. Dans le cas de Strasbourg, c’est l’éducation nationale qui prend en charge les salaires des professeurs, le bâtiment et le fonctionnement par les collectivités locales.

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Nous vous recommandons de lire absolument l’excellent article de Marie Marty : 40 millions pour l’école réservée aux Européens de Strasbourg

Le site de l’École Européenne de Strasbourg : http://www.ee-strasbourg.eu

Admission à l’école Européenne de Strasbourg 

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