Lettre ouverte de Robert Grossmann sur l’état de la forêt du Rhin.
Robert Grossmann vient d’envoyer au Maire de Strasbourg une lettre ouverte sur l’état de la forêt du Rhin. Nous la reproduisons ci-dessous.
« Monsieur le Maire,
Je souhaite attirer votre attention sur l’état de la forêt de la Robertsau.
Je tiens à saluer tout d’abord la remise en eau et la résurrection du Canal de Français qui était attendue par tous les Robertsauviens et tous les promeneurs du Parc de Pourtalès. Pour l’instant l’eau s’approche de l’ancien étang derrière le château et l’on aimerait savoir si cet étang sera lui aussi restitué. Voilà une première question.
Mais c’est l’ensemble de cette forêt que je voudrais évoquer. Nous avons la chance d’avoir des forêts de proximités qui constituent notre poumon vert et un formidable capital loisir et santé pour tous nos concitoyens. La forêt de la Robertsau s’étend sur 493ha, et on attend toujours son classement en réserve naturelle. Sur le site internet de la ville on peut lire aussi : « Pour le massif de la Robertsau, un plan d’aménagement demande à être réalisé. L’objectif est de garantir, sur le long terme, un fonctionnement de l’écosystème en équilibre dynamique avec son environnement, capable d’évoluer et de s’adapter naturellement. » Très bien, mais où en est-on au juste ?
Lorsqu’on s‘y promène on ne peut manquer d’être frappé par une sorte de déshérence, un vrai laisser aller. Tout au long des chemins et des sentiers de troncs jonchent le sol et pourrissent.
État de déshérence : il semble n’y avoir aucun entretien.
Du temps du maire Rudloff, en 1984, la ville avait développé une belle politique de valorisation de nos forêts avec introduction de chevaux de traits pour le nettoyage et aussi un plan de remise en eaux vives des bras morts du Rhin. Les effets furent spectaculaires pour la revivification de la forêt avec une satisfaction immense de tous les promeneurs amoureux de la forêt.
Aujourd’hui on a le sentiment que nettoyer les bois et curer tous ces canaux à eaux stagnantes entrelacés dans la forêt n’est plus à l’ordre du jour. Je me demande si ce laisser aller est volontaire et si la méthode actuelle de gestion de la forêt ne consiste pas, pour la municipalité, à la laisser pourrir sur pieds. Pourtant cet aspect n’est pas constitutif d’un modèle originel de la forêt que pourraient souhaiter des fanatiques du retour à la préhistoire, mais plutôt d’un incroyable désordre peu engageant. Une forêt, à plus forte raison forêt de loisir, doit être entretenue.
Cet état de fait est particulièrement visible le long de cette belle promenade qui part près du gros blockhaus après le Fuchs am Buckel, par le Bunker Straessel puis le long du Steingiessen et de ses berges jusqu’au pont de la grande digue.
Je vous invite à vous y balader, à contempler l’état de la rivière. Je suis certain que comme moi vous serez frappé par la saleté et le laisser aller qui impactent ces sites.
Au minimum pourrait-on se débarrasser des détritus et ordures qui s’y accumulent.
Parcours sportif à l’abandon
J’en profite pour évoquer aussi l’état d’abandon dans lequel se trouve, à proximité, « le parcours sportif» de la Robertsau, le premier installé à Strasbourg. Il est dans un état d’abandon décourageant. Non seulement son environnement est constitué de tronc d’arbres pourrissant à même le sol, par des traces d’anciens bras morts du Rhin où stagnent des mares d’eau croupissante, surtout, les installations sont, pour un bon tiers, hors d’usage ou carrément détruites. Je pense notamment aux agrès 6/8/10/14/16.
Bref, ce parcours sportif est à l’abandon… ce qui est indigne de notre ville.
Je vous remercie de prêter attention à mon courrier et je me permets de vous inviter à rendre cette forêt à nouveau attractive et à rénover le parcours sportif. »
Bien cordialement à vous
Robert Grossmann
Tout est bon pour faire parler de soi. Un courrier discret aurait certainement suffit pour alerter le maire… La « bonne cordialité » de M. Grossmann est tout à fait remarquable…
Je n’ai pas les compétences techniques pour avoir un avis sur l’art d’entretenir une forêt, si ce n’est que l’ensauvagement du Steingiessen retient davantage les détritus flottants. Mais ça, c’est un autre problème ; il faut distinguer le ramassage des ordures de la nécessité ou non de faire du débardage.
Mais je suis sûr d’une chose : dans notre société en général et avec notre municipalité en particulier, hélas, un « courrier discret » n’est guère efficace. Par ailleurs, la « lettre ouverte » a l’avantage de provoquer un mini débat (cf. réactions sur rue89) qui fait évoluer les prises de position des citoyens ; si on ne les associe pas, si on n’explique pas, les décisions des autorités ne sont ni comprises ni admises.
Si ça se trouve, le changement de technique forestière est voulu et a de bonnes raisons ; si un lecteur les trouve, autant les afficher. A quand la réponse de la Ville ?
Ce n’est pas une réponse de la ville mais juste d’un citoyen qui s’intéresse aux forêts.
Conseil municipal du 20/11/2015
Point 29
Gestion des réserves naturelles nationales du Rohrschollen et du massif
Neuhof-Illkirch-Graffenstaden.
A partir de la page 326 du compte rendu
Point 30
Gestion des forêts de la ville de Strasbourg et de l’Oeuvre Notre Dame
A partir de la page 407 du compte rendu
On peut trouver le compte rendu là :
http://media.strasbourg.eu/alfresco/d/d/workspace/SpacesStore/7d127b02-431a-42b0-8aef-11abebc1dc73/20151120_delib_CM.pdf
Merci JYP ! Sous les aspects techniques pas simples pour un profane, je crois comprendre que les « réserves » ne se gèrent pas comme des bois « productifs ». Et rappeler aux strasbourgeois que la ville possède de grandes forêts dans les Vosges n’est pas inintéressant.
Bonjour,
Je suis un peu étonné du contenu de cet article notamment par ses contradictions.
Au premier abord j’étais très heureux de lire votre volonté de mettre en place une réserve naturelle dans la forêt de la Robertsau. Quelle surprise quand j’ai appris votre courroux à l’égard de cette « déshérence », de ce manque d’entretient, de ces « troncs qui jonchent le sol et y pourrissent..
J’ai fini par être déçu par votre vision de la forêt, rangé, aseptisé et morte.
La contradiction majeure que je vous reproche c’est celle d’associer justement la notion de réserve naturelle et celle d’une forêt de loisir. L’objectif d’une réserve naturelle est de protégé un écosystèmes précis, sa flore, sa faune et l’ensemble des dynamiques qui la constitue. Or la dynamique naturel d’un arbre est bien de pousser de fructifier et finalement de mourrir, au niveau de la forêt cette mort de l’arbre est une manne pour l’ensemble de l’écosystème. Grâce à sa décomposition se sont une multitude d’espèce qui pourront vivre par ricochet. Enlever ces souches c’est appauvrir une forêt tant en quantité (biomasse) qu’en qualité (biodiversité)
En ce qui concerne de ces » mares d’eau croupissantes » il en va de même. Nos forêts du rhin alsaciennes sont les reliquat des grandes forêts alluvionnaires qui bordaient le rhin lorsque celui-ci divaguait encore. Une forêt alluvionnaires se caractérise justement par un patchwork de milieux très distincts allant des milieux très secs sur les dépôts alluvionnaires et des zones humides dans les anciens bras morts. Ces cette richesse de zones humides qui rendent les forêts rhénanes si riches. La encore c’est une méconnaissance des systèmes écologiques qui vous poussent à juger négativement ces points d’eau. Leur retrait serait à nouveau la perte d’une source importantes de richesses naturelles pour la forêt de la Robertsau.
Je peux comprendre qu’une forêt non exploité, non emménagé soit déroutante voire effrayante car elle bouscule nos reports. Mais n’est ce pas cela que l’on demande à la nature? N’est ce pas cette capacité à nous renvoyé un modèle d’altérité totale qui la rend si dérangeante et si importante? Ce sont des questions à se poser.
Cordialement