Quand François Mauriac parlait de la Robertsau

Quand François Mauriac parlait de la Robertsau

Quand le prix Nobel de littérature François Mauriac écrit sur la Robertsau, cela donne quelques lignes bien savoureuses. 

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MA ROBERTSAU par François Mauriac

Ce séjour à la Robertsau m’apparaît à l’horizon de ma vie dans une lumière enchantée, faite des premiers rayons de ma petite gloire personnelle et de cette aurore sur l’Alsace reconquise – sur cette cathédrale de Strasbourg non plus entourée d’obus comme nous le montre l’image noire du «  Monde lllustré » de 1870, mais libre, heureuse, indiciblement belle. Il fallait qu’elle le fut, car c’était bien pour elle que cette génération avait été sacrifiée. Ceux d’aujourd’hui ne sauraient même imaginer à quelle profondeur en nous, nos aînés étaient parvenus à buriner l’image de la ville sacrée et de sa cathédrale.

Je m’y rendais chaque jour, mais la Robertsau demeurait mon port d’attache. Il dut s’y dire, au long des journées et soirées, de grandes vérités, puisque tant de beaux esprits se trouvaient réunis là. Hélas, je ne me souviens d’aucune. Un demi-siècle, c’est un intervalle de temps que toutes les grandes vérités ne traversent pas. Je ne me rappelle que l’adorable sourire de notre hôtesse, le soir, la grâce de sa révérence de cour à tous ces intellectuels venus de Paris et dont aucun, Dieu merci, n’était prophète. Non, aucun de nous ne vit surgir au-dessus du Rhin les signes annonciateurs de ce qui allait devenir notre histoire.

J’en vis un pourtant que je ne sus pas interpréter : ces moustiques féroces, les plus féroces que j’aie jamais connus – tout bordelais que je suis – qui me harcelaient au point que je dus renoncer à mes promenades au bord du Rhin. «  L’Allemagne n’a pas désarmé », disais-je, en plaisantant à Guy de Pourtalès.

Presque tous ces amis sont aujourd’hui endormis. Ils ont su avant de mourir que cette sanglante mais glorieuse revanche portait le germe pour la France, pour I’Allemagne, pour l’Europe, pour le peuple juif, d’un tel malheur que désormais, il ne sera plus permis aux hommes de faire semblant de croire que leur histoire n’est pas criminelle.

François Mauriac
de l’Académie Française

Bon, qu’il y ait des moustiques féroces le long du Rhin on le savait, mais si vous souhaitez en savoir plus sur la Robertsau, le plus simple est bien de lire le livre de notre Nobel local Robert Grossmann : Ma robertsau. 

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