Fracture numérique : la municipalité impuissante

Fracture numérique : la municipalité impuissante

Au bout de la Robertsau, le très haut débit (THD) semble un rêve inaccessible. Les municipalités successives, tout en clamant leur amour pour la haute technologie et la « ville numérique », ont laissé les opérateurs privés décider quels habitants auraient droit au progrès. Résultat : des quartiers non raccordés aux nouveaux réseaux de données, aujourd’hui et…

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Au bout de la Robertsau, le très haut débit (THD) semble un rêve inaccessible.

Les municipalités successives, tout en clamant leur amour pour la haute technologie et la « ville numérique », ont laissé les opérateurs privés décider quels habitants auraient droit au progrès. Résultat : des quartiers non raccordés aux nouveaux réseaux de données, aujourd’hui et pour longtemps. La cité des Chasseurs fait partie des laissés pour compte.

Poteaux, antennes râteaux et fils aériens, comme au siècle dernier
Poteaux, antennes râteaux et fils aériens, comme au siècle dernier

Une longue histoire

Le quartier fait partie des rares zones où l’électricité et le téléphone sont acheminés par câbles aériens. Ces fils et poteaux, qu’on ne voit plus que dans les villages reculés, font partie du charme du quartier. Dans les années 80-90 est arrivée à Strasbourg la télévision par câble. Les élus ont autorisé un câblo-opérateur à raccorder les foyers strasbourgeois, mais en le dispensant d’intervenir dans certaines zones a priori peu rentables, dont la cité des Chasseurs.

Vingt-cinq ans plus tard, rien n’a changé : pas de Numéricâble ; les antennes-râteaux « à l’ancienne » restent le moyen le plus sûr de regarder la télé. Avec notre vieux réseau téléphonique et un relais à deux kilomètres, l’ADSL ne propose que des débits poussifs.

Les responsables aux abonnés absents

Les nouvelles du monde finissant tout de même par arriver aux oreilles des habitants de la Cité, certains se prennent à rêver de fibre optique : le très haut débit est paraît-il en train de grignoter la ville. Un bonheur n’arrivant jamais seul, Strasbourg s’est dotée d’un « conseiller délégué à la ville numérique » en la personne de Paul Meyer. Quelques membres de l’association de quartier se mettent en tête de rencontrer ce Zorro de la connectitude. Pas si facile ! La demande de rendez-vous formulée en octobre 2011 aboutit à une rencontre avec l’élu en juillet 2012 (et encore a-t-il fallu publier une tribune incendiaire dans les DNA pour obtenir ce rencard).

Au cours de la réunion, à laquelle assiste le chef du service technique compétent, il s’avère que les habitants ont bien raison de réclamer et qu’on les soutiendra. Mais le décideur est Orange, qui a le pouvoir de dire « oui » aux uns, « non » aux autres. Nicole Dreyer, l’adjointe de quartier, interpellée à ce sujet lors de l’assemblée générale de l’association des habitants en janvier 2013, l’a confirmé : la ville ne peut rien faire. Le THD c’est Orange, et Orange fait apparemment ce qu’il veut et quand il veut à Strasbourg.

Heureusement l’association avait écrit à Orange dès septembre 2012. Je dis « heureusement » parce que « l’opérateur historique » censé connecter les humains a du mal à répondre à un courrier. La réponse est arrivée en juillet 2013.

Veuillez patienter quelques années

Enfin, la Cité des Chasseurs va savoir si un espoir est permis. « 75 % des foyers strasbourgeois ont déjà la fibre optique en pied d’immeuble » : ils ont bien de la chance, mais nous ? « La CUS sera couverte à 100 % par Orange à l’horizon 2020 ». Traduction : attendez encore sept ans ! Rappelons que nous sommes dans la « capitale de l’Europe » en 2013 ; les trois-quarts des habitants de la ville ont accès au très haut débit, mais le quart restant peut se brosser… pendant encore sept ans. On en frissonne rétrospectivement : si nos élus du siècle dernier avaient accepté de tels deals, les quartiers excentrés et peu rentables ne seraient raccordés ni à l’eau courante, ni à l’électricité, ni au gaz.

Appel à témoins

Au cours de notre enquête, nous nous sommes rendu compte qu’il est impossible de savoir quelles zones de la ville sont couvertes par le câble ou la fibre optique. Nous aimerions savoir quelles rues à la Robertsau ont accès à Numéricâble et/ou au très haut débit.

Les habitants du quartier des chasseurs / joncs écrivent aux DNA pour avoir une réponse de la Ville

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