Charité bien désordonnée
Invoquer la solidarité pour faire du business, cela devient une habitude. Encore une fois, un tract dans les boîtes aux lettres de la Cité des Chasseurs tente de convaincre les habitants du quartier de donner leurs vieux vêtements et chaussures à un commerçant qui en tirera profit. De leur côté, les associations caritatives, pour récupérer…
Invoquer la solidarité pour faire du business, cela devient une habitude. Encore une fois, un tract dans les boîtes aux lettres de la Cité des Chasseurs tente de convaincre les habitants du quartier de donner leurs vieux vêtements et chaussures à un commerçant qui en tirera profit. De leur côté, les associations caritatives, pour récupérer une part du gâteau, se livrent à une bataille de… chiffonniers.
Le mois dernier, nous nous étions amusés d’un flyer bourré de fautes qui sollicitait les Robertsauviens pour récupérer du textile et des godasses. Cela nous rappelait les petits métiers d’antan et nous n’y voyions pas malice. Si nous revenons sur le sujet aujourd’hui, c’est parce qu’une nouvelle « collecte » était proposée le 6 février par un message pouvant induire en erreur. Les DNA viennent d’ailleurs de consacrer une pleine page au sujet (édition du 1/2, accès restreint) et on se rend compte que les enjeux économiques sont considérables.
Examinons le flyer de la semaine dernière ; à nouveau, un petit logo en forme de carte de France, cette fois avec l’intitulé « La France Solidaire » qui fleure bon l’humanitaire. En fait, le numéro Siret renvoie à une Sàrl dont le siège est à Lingolsheim et dont l’activité déclarée est le commerce de gros d’habillement et de chaussures. Entreprise à but tout à fait lucratif, qui s’appelle effectivement « La France Solidaire » ; gonflé, le patron ! Le flyer nous explique que les articles collectés sont « à destination des plus démunis ». Il semble que la marchandise emprunte des circuits qui la conduisent vers des pays en développement, en Afrique notamment. Là-bas, ils seront vendus (et non donnés) à des consommateurs à faibles revenus, ce qui a pour effet collatéral de déstabiliser l’économie locale. Merci à notre contributeur Richard d’avoir attiré notre attention sur cet aspect et signalé un article au titre révélateur : Pourquoi il ne faut plus envoyer vos vieux vêtements en Afrique.
Et les conteneurs disposés un peu partout dans la ville, qui nous appellent à déposer nos textiles et chaussures usagés ? Les DNA titrent, à leur propos, « la bataille du textile ». Différents collecteurs installent leurs conteneurs sur les trottoirs dans la plus parfaite confusion. Il y aurait une soixantaine de conteneurs déposés sur l’espace public sans la moindre autorisation. Ils appâtent les déposants potentiels en se réclamant de l’économie solidaire (l’Habit Box) ou d’organisations caritatives : Restos du cœur, ARAME (association qui aide les enfants victimes de cancers), etc. En général, la collecte et le traitement sont effectués par des sociétés privées (Colthab, par exemple) qui reversent une partie de leurs recettes à des associations. Le mélange des genres peut aller assez loin : les DNA citent le cas d’une association d’aide aux enfants leucémiques haut-rhinoise dont l’ancien président est gérant d’une société suisse d’import-export de textiles usagés. Vous avez dit charity business ?
Après tout, nous direz-vous, tant mieux si des associations humanitaires gagnent quelques milliers d’euros grâce au business du textile usagé. Mais il se trouve qu’Emmaüs, dont ce travail de récupération est historiquement une source de revenus (ne dit-on pas « les chiffonniers d’Emmaüs » ?), crie à la concurrence déloyale. Le directeur de la communauté Emmaüs de Strasbourg considère que les nouveaux intervenants sur le marché ne respectent pas les règles et interpelle les candidats aux municipales pour qu’ils mettent de l’ordre.
Pas facile, donc, de savoir à qui donner ses vieux vêtement et chaussures ; le mieux, sans doute, est de se prendre la peine de les remettre directement à une personne ou organisation en qui nous avons confiance et qui saura les réutiliser au mieux.
BJR VOUS CROYEZ QUE ON VOUS LES DONNANT( EMMAUS) ET SACHANT QUE VOUS TRAVAILLER AVEC LE RELAIS CE N EST GUÈRE MIEUX EN PLUS UNE SCOOP QUI SE FAIT DE L ARGENT ALORS EMMAUS OU LE RELAIS EST ! VOUS ETES MAL PLACER POUR PARLER ILS SONT DE MULHOUSE EST ÉCUME LA RéGIONS AVEC LEUR CONTENEUR QUI SON VRAIMENT MOCHE
Bonjour,
Un nouvel article est à paraître dans les DNA pour la rentrée.
Quand à la rage dont fait preuve la dame ci-dessous, une SCOP/entreprise d’insertion (la seule dans ce domaine !), vaut mieux qu’une entreprise non-insérante, qui trie à l’étranger et alimente des marchés parallèles.
A bon entendeur …
C’est désolant de voir à quel point les hommes sont aveuglés par l’argent. Je pense que c’est assez honteux de profiter ainsi de la bonne volonté des gens, de la charité de ces derniers. Je pense que le mieux c’est d’aller directement aux sièges des associations qui prennent en charge les démunis et de leur donner directement les affaires dont nous n’avons plus besoin.