Eurométropole / CUS : il est urgent d'attendre
Une pluie de mauvaises nouvelles est en train de s’abattre sur le dossier géothermie à la CUS. Alors que deux enquêtes sur trois avaient un avis négatif, la collectivité s’était retranchée dans un curieux silence. Voilà qu’il y a quelques jours, elle a publié un communiqué de presse… pour ne rien dire. Visiblement, la CUS est…
Une pluie de mauvaises nouvelles est en train de s’abattre sur le dossier géothermie à la CUS.
Alors que deux enquêtes sur trois avaient un avis négatif, la collectivité s’était retranchée dans un curieux silence. Voilà qu’il y a quelques jours, elle a publié un communiqué de presse… pour ne rien dire.
Visiblement, la CUS est surprise. Elle ne s’attendait pas à ce que les commissaires enquêteurs publient leurs avis après l’enquête publique. Franchement, on se moque de qui ? Après avoir transmis hors délais l’avis du conseil municipal, voilà que la CUS fait le coup de la migraine ?
La CUS renvoie la patate chaude à l’état (la préfecture) en disant ce n’est pas moi… Pourtant, en accordant à Fonroche un bail dans le port aux pétroles, Catherine Trautmann a bien donné son feu vert.
« Les rapports sont denses et la CUS doit prendre du temps pour les analyser ». Une déclaration qui laisse perplexe. Même pour des néophytes comme nous, les conclusions des enquêteurs sont limpides, exprimées dans un parfait français accessible à tous. N’y a-t-il pas des techniciens spécialistes de ces questions à la CUS ?
Le passage sur la transparence atteint des sommets : alors que la CUS n’a jamais organisé une seule réunion d’information à destination du public, qu’elle a autorisé Fonroche à faire ses mesures, elle veut faire croire qu’elle est aussi pure que l’agneau qui vient de naitre. Dans ce dossier, elle était juge et partie.
Enfin, si vous êtes dans une école de communication ou d’attaché de presse, étudiez bien le communiqué ci-dessous, c’est un modèle du genre : langue de bois, mauvaise foi et culot.
« Avis des commissaires enquêteurs sur les projets de géothermie profonde à Strasbourg : l’Eurométropole s’exprimera en temps utile
L’Eurométropole prend connaissance, au fil de leur mise à disposition, des rapports des commissaires enquêteurs et de leurs avis conclusifs, et s’exprimera en temps utile sur l’ensemble des éléments une fois ceux-ci dûment analysés.
Pour l’heure, trois rapports ont été mis en ligne par la préfecture sur un total de quatre enquêtes publiques réalisées en mai dernier. Denses, complexes, les documents vont devoir être étudiés par les services de l’Eurométropole, tandis qu’il reviendra à l’État d’en tirer les conséquences juridiques.
L’Eurométropole n’est ni partie prenante des procédures de permis que l’État a délivré dans le respect du droit minier aux industriels, ni même à l’origine des projets déposés par deux groupes privés, mais une utilisatrice potentielle parmi d’autres de l’énergie renouvelable qui pourrait être produite par les techniques de géothermie profonde. À ce titre, elle restera attentive au développement de cette énergie locale qui pourra utilement participer à la transition énergétique du territoire métropolitain.
L’an dernier, alors que l’État lançait des procédures d’autorisation sur la base de projets industriels, l’Eurométropole a souhaité inscrire le sujet de façon transparente dans le débat public en mettant en place dès novembre 2014 un comité consultatif présidé par Alain Jund, vice-président en charge de la transition énergétique. Des visites de terrain mais aussi de nombreuses réunions avec les porteurs de projet, des scientifiques, des élus et des associations ont été organisées en amont des enquêtes publiques, pour aborder tous les aspects de la géothermie profonde, y compris les plus polémiques, tout à la fois l’intérêt de cette énergie nouvelle, ses potentiels, les techniques employées et leur degré de leur maturité.
Comme son président Robert Herrmann s’y était engagé, l’Eurométropole maintiendra toute la transparence sur l’évolution de ce dossier au regard des questions qu’il suscite. »
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A 6 mois de la fameuse COP 21, nos édiles restent dans l’incapacité de poser les enjeux de la crise climatique et ce qu’ils signifient pour une agglomération comme celle de Strasbourg. Pourtant, l’eurométropole a été retenue comme « territoire à énergie positive » par Ségolène Royal, càd un territoire où on produira plus d’énergie qu’on en consommera.
Pour le devenir à un horizon suffisamment rapide pour qu’il ne soit pas trop tard, il n’y a pas 36 chemins: il faut réduire nos consommations d’énergies (dans l’habitat, les transports et l’industrie) et trouver des sources locales d’énergie, pour s’affranchir des énergies fossiles et nucléaire.
Ces sources locales ne sont pas légion, mais quand même: biomasse, solaire, (micro)hydraulique, méthanisation, chaleur fatale et… géothermie basse et haute température.
En tant que porteur virtuel de cette politique, l’eurométropole aurait pu avoir le courage de s’inquiéter de la difficulté rencontrée auprès de la population par les projets de géothermie profonde et de réaffirmer la nécessité, pour notre agglomération, d’explorer toutes les voies pour développer localement les énergies de demain, parmi lesquelles la géothermie profonde parait la plus prometteuse. A tout le moins, annoncer un vrai débat public sur ces questions.
Au lieu de cela, on a un gloubiboulga indigeste, une sorte de danse du ventre sensée nous endormir, dissimulant mal à la fois la démagogie la plus carpette et la gouvernance la plus girouette qui puissent se concevoir et qu’un Edgar Faure n’aurait pas reniées.
Désespérant.