[Europe] Construire l’Europe, c’est aussi prendre exemple sur le meilleur des autres pays européens.
Un voyage en TGV à Paris avec la SNCF est l’occasion d’une comparaison des pratiques avec la compagnie allemande la Deutsch-Bahn.
L’autre jour, en revenant de Paris en TGV, mon voisin de gauche pique un roupillon. On est en tout début d’après-midi, le repas ne doit pas être loin et bercé par le léger tangage d’un train filant à 300 km à travers les grandes plaines de la Marne, difficile de résister aux bras de Morphée.
Le train vient de partir depuis un peu moins d’une heure, et voici que le contrôleur s’annonce (il doit y avoir d’autres noms aujourd’hui, genre opérateur en conformité, peu importe). « Mesdames, messieurs, contrôle des billets des cartes de réduction, merci de les préparer ». Lance-t-il à la cantonade. Bien qu’assez forte, cette annonce n’a pas réveillé mon voisin. La sieste doit être délicieuse. L’agent arrive à mon niveau scanne mon QR code et réveille mon voisin en lui tapotant sur l’épaule. De ce réveil dans sa première phase de sieste, il gardera un état « vaporeux » durant l’heure restante jusqu’à Strasbourg. Guère agréable. Et encore, on est dans un trajet court, sur les plus longs (Marseille par exemple) vous pouvez être contrôlé plusieurs fois à chaque changement d’équipe.
Il se trouve que je fréquente également les trains et les services de nos voisins allemands, la Deutsche Bahn, pour aller voir ma fille à Berlin. Là-bas, quand vous prenez l’ICE (à prononcer i-tsé-éééé), vous pouvez, une fois à votre place, le signaler sur l’application depuis votre iPhone et vous ne serez jamais contrôlé ou dérangé. Vous pouvez donc programmer vos siestes ou moments de repos sans vous soucier d’être intempestivement réveillé, ce qui ajoute réellement au confort du voyage.

L’Europe c’est aussi tout faire pour accueillir les clients d’autres pays
Anecdotique ? Pas sûr. Cela fait transparaître l’ADN d’une société. L’une travaille pour ses clients et se situe clairement dans un rayonnement Européen, l’autre se soucie d’abord de son organisation et est très centralisée.
Prenez par exemple les applications de réservation. Quand vous ouvrez SNCF Connect, vous débutez un voyage absurde dont vous ne ressortez jamais vainqueur. Mais qui a pu créer un tel monstre ? Est-ce la même personne que l’ouverture facile de la Vache qui Rit ou le superviseur des plans de montage des meubles IKEA ? La SNCF fait actuellement de grandes campagnes de publicité pour vanter les « formidables » services de SNCF Connect sur les réseaux. La société ferait mieux de prendre exemple sur l’app de la DB, car sur une seule page vous indiquez d’où vous partez, où vous allez, la date, l’heure, la classe et si vous avez une carte de réduction. Preuve que faire simple c’est possible.
Cerise sur le gâteau, la page du site Web de la Deutsche Bahn peut se traduire en 8 langues, celle de la SNCF est uniquement en Français. Bonjour l’ouverture.
Mais encore…
On en rajoute encore une couche. Si par malheur un jour, vous êtes assis près d’une porte d’un TGV (ne parlons pas d’un 4/4 – espace famille avec double porte) vous aurez droit au bruit du compresseur « Tchi-Tchiiiiiii » à chaque ouverture. Si en plus, vous n’êtes pas loin du Wagon-bar, cela tourne au cauchemar. Il faudrait condamner celui qui a créé ou autorisé ce système à écouter ce bruit dans ses oreilles à chaque fois qu’un passager ouvre une porte en France et pour l’éternité. Car dans un ICE, la porte est automatique (ce qui permet au passage de porter ses boissons) et glisse doucement lors de son ouverture sans faire le moindre bruit insupportable.
Je pourrais rajouter la taille des toilettes (ne parlons pas de la propreté), la qualité du wagon-bar, le service à la place en première (avec le petit chocolat de bienvenue), etc. (j’en ai d’autres sous la main, mais je ne veux pas faire trop long).
Des trains plutôt à l’heure en France, très en retard en Allemagne
Alors oui, tous les trains allemands ne vont pas à grande vitesse et nos voisins sont les mauvais élèves en ponctualité en Europe. (La SNCF est dans la moyenne à 83 % tandis que la DB est à 70%). Mais là aussi, il y a entourloupe, puisque la SNCF ne prend pas en compte que ce qu’elle considère comme des petits retards, ce qui fait qu’un TGV dont le voyage dépasse les 3h00 et qui arrive avec 15 mn de plus, n’est pour la SNCF pas en retard. Et puis, même s’il y a des retards sur la DB, comme les réservations ne sont pas obligatoires, vous pouvez, avec le même billet, prendre un autre train même si vous n’avez pas pu avoir votre correspondance.
SNCF dénigrement ? Non, simples constats d’un usager strasbourgeois (et donc européen) qui la chance de voir ce qui ce fait ailleurs : d’un côté des contraintes à sens uniques alors que l’on peut faire autrement et souvent plus simple et mieux. Il suffit de passer le pont, chantait Brassens… maintenant que Berlin est connecté à Paris par une ligne directe, on ne peut que suggérer aux dirigeants-tes de la SNCF de se mettre à la place du passager et de faire un petit tour en Europe. L’idée européenne ne grandira que par la preuve qu’elle améliore le quotidien des citoyens.
Emmanuel Jacob
PS : J’en profite pour poser une question ? Pourquoi le trajet depuis Strasbourg est-il deux fois plus cher pour aller à Berlin alors qu’avec un départ à Offenbourg vous avec un direct pour moins de 100 € ? Pourquoi quand vous demandez sur le site de la SNCF un départ de Strasbourg vers Berlin, il ne vous propose pas les alternatives par Offenbourg ?









Merci beaucoup, cher Emmanuel, pour cet excellent article sur les trains français et allemands et leur différences. J’ai fait exactement la même expérience surtout sur l’ICE et apprécié énormément la discrétion des contrôleurs, la qualité du restaurant pratiquant des prix modestes pour d’excellents mets, les journaux à disposition, etc. …