Modification du PLUi : la contribution de l’ASSER
Nous publions ci-dessous la contribution de l’ASSER sur la modification du PLUi. N’oubliez pas que pour vous, c’est aujourd’hui le dernier jour pour donner votre avis.
Nous publions ci-dessous la contribution de l’ASSER sur la modification du PLUi. N’oubliez pas que pour vous, c’est aujourd’hui le dernier jour pour donner votre avis.
Monsieur le Président de la commission d’enquête publique, messieurs les Commissaires Enquêteurs,
Au nom de l’ASSER, association pour la sauvegarde et l’environnement de la Robertsau, je souhaite porter à votre connaissance notre profonde opposition au projet de modification du PLUI tel que présenté sur deux points liés au quartier de la Robertsau : la création d’une zone constructible sur un site industriel (point 18.6) et la suppression d’une zone « espace planté à conserver » pour y favoriser l’implantation d’un projet immobilier (point 2.7)
Une opposition sur la forme :
Nous déplorons le choix de la méthode « petits bras » de la collectivité pour ouvrir une enquête publique pendant la période des congés scolaires, qui plus est en prenant grand soin de ne pas trop en faire de la publicité : quand on se souvient que pour d’autres enquêtes publiques, peut-être politiquement plus valorisantes, la municipalité y mettait les moyens financiers pour installer des pancartes dans toute la Robertsau et organiser des réunions publiques savamment orchestrées….
Qui plus est, nous sommes surpris de constater qu’il y a peine une année, lorsque les citoyens étaient amenés à se prononcer sur le PLUI dans sa globalité, alors que le projet de construction d’immeubles sur les terrains de la Papeterie était déjà évoqué, la municipalité nous avait confirmé que le site resterait classé « industriel ». Et subitement, peut-être dans le cadre d’une urgence dissimulée (besoin de logement sur le site, besoin d’enrichissement du propriétaire foncier du site, ….), voici que la transformation de la zone industrielle est actée et soumise à une enquête publique.
Nous sommes également surpris de constater que le point 18.6 relatif à la transformation d’un site industriel en zone constructible n’ait pas fait l’objet d’une étude approfondie sur l’impact écologique et les risques de pollution liés aux éventuels travaux de transformation du site (infiltration des couches polluées par l’effet mécanique de travaux) et surtout d’implantation en profondeur des fondations des immeubles projetés. La densification du site aura également un impact direct sur les risques d’inondation pesant sur les habitations voisines étant donné que la zone concernée est « inondable », tant par la proximité de la nappe phréatique que par celle du Muhlwasser, cours d’eau voisin.
Comment peut-on alors, en l’absence de dossier complet, d’analyses et d’études détaillées, demander aux citoyens de se prononcer en faveur d’un projet dont les impacts majeurs ne sont pas encore mesurés (PPRI en attente de finalisation..) ? Peut-on valider aujourd’hui une transformation d’un site industriel pollué de 1,5 Ha , situé en zone inondable, en zone d’habitation pour 220 logements parqués dans d’immenses tours afin d’optimiser le rendement foncier ?
Une opposition sur le fond :
L’ensemble des acteurs associatifs de la Robertsau se sont déjà unis pour publier une tribune commune s’opposant au projet immobilier proposé sur le site de l’ancienne Papeterie devant le parc de l’Anguille.
Le projet de transformation de terrains acquis il y a quelques années à la valeur d’un foncier industriel non constructible, en zone constructible pose une question déontologique : la validation politique de cette transformation d’affectation de cette zone industrielle favorisera uniquement son propriétaire qui réalisera de belles plus-values. L’acquisition faite en son temps de la totalité des terrains de la papeterie poursuivait un but spéculatif, il permettait de sauvegarder quelques emplois dans la papeterie tout en faisant main basse sur du foncier à la Robertsau à moindre coût.
La modification proposée dans le PLUI ne saurait être validée en l’état parce qu’elle représente une ouverture pour transformer définitivement l’architecture du quartier. La mise en place d’une zone UD2 28 m fait fi de l’environnement actuel et autorise l’implantation de hautes tours, contrairement à tout ce qui existe dans l’environnement proche de la zone.
Par ailleurs, la transformation de cette zone aura d’importantes conséquences sur le trafic routier, car elle est implantée directement devant le carrefour de la Papeterie, un secteur déjà saturé avec plus de 30000 véhicules par jour, à 300 mètres d’un ensemble scolaire (l’Ecole de la Niederau, de la maternelle au CM2). C’est plus d’une centaine de véhicules supplémentaires qui ne participeront certainement pas à faire baisser le degré de pollution du secteur, un petit pas pour s’éloigner des accords de la COP 21…..
Concernant le point 2.7 soumis à l’enquête publique, nous ne pouvons que regretter le manque d’intérêt porté par nos élus pour les zones vertes de notre agglomération. Le PLUI faisait la part belle à des nouvelles zones appelées « espace planté à conserver ou à créer » afin de mettre une petite touche d’écologie dans le projet présenté. Mais à la vue du point 2.7 (voire du 2.8 où la zone est déplacée pour l’instant), il n’est pas fait grand cas de ces zones qui sont simplement amenées à disparaître au profit de l’implantation de projets immobiliers.
Pas de demande officielle de construction d’un immeuble au 3 rue Schulz, et pourtant il est prévu de supprimer la zone de préservation pour permettre l’implantation d’un immeuble (ou d’inciter le propriétaire à y faire construire un bien immobilier pour combler une zone verte). Certes il est précisé que cette réduction de « l’espace planté à conserver » est limitée à 1,5 ares….Un peu comme tous les grignotages de la trame verte strasbourgeoise, cette zone « non aedificandi » qui se réduit constamment au rythme des petites modifications du POS et demain du PLUI. Il faut s’opposer aujourd’hui à ce type de réduction des espaces plantés qui ont bien été définis dans le PLUI comme devant être conservés, une conservation pour garantir aux générations futures des espaces protégés au cœur de l’agglomération.
En conclusion, nous nous opposons aux modifications projetées, celle de la transformation du site de la papeterie en zone urbanisable, et celle de la réduction de l’espace planté sur la parcelle du 3 rue Schulz.
Nous vous prions de bien vouloir agréer, Monsieur le Président et Messieurs les Commissaires Enquêteurs, l’expression de nos respectueuses salutations.
Le Président
Luc WEHRUNG