Quartier d’affaires – Archipel : le nouveau Bucarest ?
On ne va pas vous mentir… le quartier d’affaires que l’on appelle pompeusement Archipel, on trouve ça moche. Très moche.
Voila donc le sommet de la modernité selon la ville de Strasbourg : des tours de béton de 12, 13 ou 14 étages, collées les unes aux autres sans un espace pour respirer. Tout comme elle le fait dans le quartier Danube, les terrains disponibles sont hyper bétonnisés. Et ça va continuer.
Les bâtiments sont à ras de trottoir, sans recul, et la pauvre piste cyclable qui passait par là est squattée depuis belle lurette au profit des engins de chantier.
Des grands cubes, toujours des cubes.
Pour optimiser l’espace, avec la complicité de l’autorité municipale, nous avons droit à d’immenses cubes et bientôt d’autres cubes. Préparez-vous, le thermomètre va monter, ça va chauffer. Et nous ne parlons pas des bouchons pour sortir et arriver, on se réjouit d’avance.
Le quartier d’affaires est-il le nouveau Bucarest ?
Quand on voit les bâtiments au temps de la splendeur du régime dictatorial en Roumanie, on y trouve quand même de nombreuses similitudes. Non ?
Il est évident qu’à Strasbourg on a une vision d’inspiration soviétique en matière d’urbanisme. On nous explique que, pour éviter l’étalement urbain (honte à ceux qui ont construit une maison à la campagne), on doit construire en hauteur. Ce qui justifie la bétonnisation à outrance de notre ville et des communes limitrophes au point de vouloir imposer également ce schéma par le biais du PLUI aux villages de la deuxième couronne. Le résultat c’est qu’on va avoir des quartiers invivables sans parler de la circulation (voir Avenue du Rhin). Il faut arrêter cette folie de la construction. D’ailleurs je demande d’où viennent tous ces gens qui sont censés occuper ces nouveaux logements; je n’ai pas connaissance d’une génération spontanée qui attend aux portes de la ville de pouvoir emménager dans ces nouveaux bâtiments. Le dégagisme a encore de beaux jours devant lui…
Il y a l’esthétique bien sûr, mais elle est affaire de goût personnel. Il y a surtout l’empreinte écologique de ces mastodontes. A-t on calculé ce que ces chantiers nous coûtent en ressources naturelles (dont le sable, en voie d’épuisement planétaire, qui sert au béton) et en énergies (transports, construction, usage) ? De ce point de vue, ce quartier porte bien son nom : un « archipel » paradisiaque, où on fait la fête, sans se soucier de la tempête qui monte… Adidas vient d’y implanter son siège, privant Landersheim d’un atout majeur et rabattant sur Strasbourg le flux automobile de ses salariés. Même chose pour Puma. Et bientôt l’antre basketteuse du Crédit Mutuel. Et le nouveau PEX. Avec, à la clef, de nouvelles dessertes routières et un parking-aspirateur à voitures tout neuf.
La métropolisation de notre agglomération, érigée en dogme par nos élus, est une fuite en avant catastrophique pour les générations futures, en totale contradiction avec le « plan Climat 2030 » que ces mêmes élus font mine d’élaborer.
Oui les petites maisons à colombages avec jardinet à barbecue (particules fines et viandes… pas bien ) c’est joli mais l’économie qui nous permet de vivre comme des pachas par rapport au reste de la planète (plus pour longtemps) ne donnera pas de travail à nos jeunes (ceux qui ne veulent pas dépendre d’un état déliquescent) avec une vision passéiste d’une ville provinciale de seconde zone où rien ne doit changer pour préserver le cadre de vie pépère des inclus qui ont bénéficié d’une prospérité exceptionnelle eu égard aux efforts légendaires consentis (sinécures et rentes pour certains), la densification ce n’est pas l’idéal certes mais l’étalement des zones pavillonnaires c’est bien pire à tout point de vue…Comparer ça à Bucarest…demandez à des roumains expatriés ce qu’ils en pensent, vous serez surpris.
Et voilà le fameux refrain du « retour à la grotte » anti-écolos, de la menace décliniste et du « there is no alternative », chers à nos extrême-libéraux. Incapables d’imaginer autre chose que d’accompagner l’accumulation voulue par les capitalistes, sans voir les dégâts qu’elle provoque, économiques (car sans fin…), écologiques (une réponse sur la bilan carbone de cette urbanisation effrénée ?) et sociaux (des jeunes de nos quartiers délaissés trouvant du boulot à l’Archipel, autres que laveurs de carreaux ?!?), nos élus s’entêtent.