Roland Ries dévoile sa bonne vieille méthode de concertation et maintenant on comprend mieux.
Le conseiller municipal Jean-Philippe Vetter a interpellé le maire de Strasbourg en fin de conseil municipal du 12 octobre au sujet de la concertation sur l’avenir des bains municipaux.
En fait, sa question était assez simple :
Les choses sont-elle déjà décidées ou y a-t-il une réelle place à la concertation et à l’écoute des propositions des Strasbourgeois ?
Le conseiller municipal voulait connaitre l’état du dossier, et si les prochaines réunions publiques n’était pas de la poudre aux yeux et de la communication.
Vous vous imaginez qu’au Blog, cette question nous a fait dresser l’oreille, car nous dénonçons assez souvent ici les concertations à la marge, ne laissant au Strasbourgeois que le choix de la couleur des géraniums alors que les grandes décisions se font toujours sans écouter les citoyens. Nous pensons particulièrement au Foyer St Louis ou à la géothermie par exemple.
Et bien nous n’avons pas été déçus du voyage et cela éclaire beaucoup de choses dans le traitement et le suivi des dossiers qui vous concernent.
Tout d’abord, sachez qu’on ne la fait pas à Roland Ries. Il concerte depuis « fort longtemps, et depuis plus longtemps que vous » dit-il en s’adressant (avec un peu de condescendance) au jeune conseiller municipal. Et comme tout le monde le sait, faire quelque chose depuis longtemps est un gage à lui seul de satisfecit. Par exemple, si on conduit mal depuis longtemps, c’est un argument qui tout à fait recevable par les forces de l’ordre…*
Et de ressortir le (très) vieux dossier de la première ligne de tramway d’il y a presque 30 ans où il a affronté courageusement des salles hostiles de 300 voire (on en tremble encore aujourd’hui) de 400 personnes. Songez qu’en 1988, le monde célébrait la sortie de Police Academy 5 et de Rambo 3 pour vous situer l’époque. Et bien de tout cela, il en a tiré une leçon :
La concertation ne peut être une boite de pandore où tout le monde s’exprime. Il faut un cadre, et le cadre, c’est le maire qui le fixe. Car ceux qui s’expriment, ce sont les gens qui sont « contre et hostiles » et partent « en croisade » (!?!?) sans indiquer au maire comment financer le projet sans augmenter les impôts.
On pense que le rayon où sont stockés les préjugés a dû être dévasté ; il a tout raflé pour cette magnifique opération. Tout d’abord, les impôts augmentent de partout, et ce n’est pas parce qu’il y a des demandes pour telle ou telle opération que cela y change fondamentalement quelque chose. Sublimes préjugés sur les personnes qui s’expriment dans les concertations qui sont des opposants hostiles et qui partent en croisade. On est reste pantois.
On comprend mieux, dans la logique riessienne, que presque tout soit décidé au 9ème étage, et que les Strasbourgeois sont juste bons à payer les décisions de ce grand visionnaire et à donner leur avis sur la couleur des pots de géraniums.
Car décider d’un cadre, c’est déjà avoir décidé, et cela prive de l’écoute attentive de toutes les autres options. Particulièrement éclairant sur le dossier du foyer St Louis, qui cumule plusieurs intérêts, pas étonnant que la boite à concertation soit fermée à triple tour.
Notre conseil du jour : cesser de financer le forum mondial de la démocratie, cela ferait de substantielles économies…
La vidéo de l’extrait en question.
Roland Ries explique sa méthode de concertation par blogrobertsau
∗ on plaisante bien sûr.
Henri Queuille, homme politique de la IV° République: « La politique n’est pas l’art de régler les problèmes, c’est l’art de faire taire ceux qui les posent. »
Bel article. Hélas en effet navrant En politique, la rencontre des administrés vaut pour concertation dans l’esprit de nos édiles. Ils ne se gênent pas d’user de cette formule, en particulier lors des enquêtes publiques. C’est le nombre et rien que le nombre qui peut faire fléchir. On l’a vu avec le projet géothermie!