Cours Saint Louis : journée historique
La plantation des premiers arbres dans les cours du foyer Saint Louis marque l’aboutissement positif de 12 années de lutte citoyenne pour préserver le « Cœur de la Robertsau »
Mardi 17 décembre 2024, une petite cinquantaine de personnes se sont réunies dans la grande cour du foyer Saint Louis de la Robertsau pour assister à une petite cérémonie pour formaliser la plantation des premiers arbres. C’est un préalable à l’aménagement complet de ce lieu en parc de loisir et détente voulu par les habitants lors des ateliers de concertation.
Parmi les personnes présentes, de nombreux membres du collectif « un cœur pour la Robertsau » qui ne pouvaient que se réjouir de cette issue après avoir entamé en 2012 les premiers recours contre la bétonisation du centre de la Robertsau, voulu par le curé Didier Muntzinger et validée par la municipalité de Roland Ries.
Alors oui, pour « réparer » les relations dans le quartier entre les différents acteurs, cela peut prendre du temps, n’empêche que la démarche a obtenu un prix au Sénat de l’Association (voir notre article : Cours Saint-Louis : un prix au Sénat), un prix que n’était pas peu fier d’afficher l’élu référent du quartier Marc Hoffsess. On peut le comprendre.
Prises de parole des acteurs du projet
C’est tout d’abord Christine Beetham, membre du collectif « Un cœur pour la Robertsau » et du comité de quartier qui a pris la parole en rappelant le long chemin qu’il a fallu pour arriver à cette situation.
Aujourd’hui il se passe un évènement historique dans le microcosme de la Robertsau. Les garages ont été démolis et des arbres apparaissent, enfin, dans les cours du Foyer Saint Louis ! (…) Je me souviens du début de l’histoire, quand il a été question de construire un immeuble pour prendre la place des cours, et du Foyer qui allait être détruit. À ce moment-là, peu d’habitants du quartier pouvaient même situer ce lieu, sauf ceux qui savaient qu’il servait de terrain de jeux pour les scouts.
Cette proposition signifiait un choix par la ville de densifier le centre du quartier, donc plus de béton et une occasion manquée de mettre un peu de vert au milieu de cette partie si dense de notre « village ». Le collectif, qui rassemblait des citoyens d’horizon divers, s’est réuni assidûment pour suivre de près l’évolution et réagir aux souhaits fluctuants des partenaires maîtres des enjeux: la Fabrique de l’église Saint-Louis et la ville de Strasbourg.
Les mois et les années ont passé et une nouvelle municipalité est arrivée au pouvoir en 2020. L’avenir des cours Saint-Louis a alors paru plus prometteur. Notre référent de quartier Marc Hoffsess qui avait suivi les travaux du Cœur, a contribué à concrétiser ce projet commun.
Puis, il y a eu la prise de parole de Philippe Machtinger du comité de quartier :
Nos élus, Marc Hoffsess en particulier, ont souhaité que ce projet d’aménagement soit conduit, non pas dans une logique de co-construction, mais de décision citoyenne. Au départ, cela nous a tous interpellés. Des citoyens, des habitants, qui décident ! Un processus atypique, qui a heurté bien des habitudes, bien des certitudes. Il est tellement plus confortable de confier la décision à des dirigeants lointains, pour pouvoir, ensuite, critiquer sans compter la décision. Pour réussir, un tel processus suppose que soit établie une confiance réciproque.
- 1re condition : le choix du tiers facilitateur devait être partagé avec les citoyens.
- 2e condition : l’instauration d’un débat public, ouvert à tous et permettant la confrontation des points de vue et des visions.
- 3e condition : lorsqu’une décision est prise, elle l’est.
- 4e condition : la décision doit être éclairée par l’expertise des services de la ville et de l’Eurométropole.
- 5e condition : la décision doit précéder l’exécution.
Je forme le vœu qu’une telle démarche de décision citoyenne ne reste pas expérimentale, mais puisse être entreprise pour d’autres projets plus complexes, à plus forts enjeux, à Strasbourg comme ailleurs.
Et ensuite il y a eu la prise de parole de la directrice du Centre Socio-Culturel de l’Escale, en la personne de sa Directrice, Asmae Ainouss, partenaire du projet.
Un coup de pelle symbolique
Les personnes présentes ont pu donner un petit coup de pelle symbolique pour finaliser la plantation de ses premiers arbres. Maintenant que les garages sont détruits, on mesure tout le potentiel de la cour, et ils sont nombreux à être impatients que le projet aboutisse rapidement (fin 2025 en toute logique).
Un coup de pelle avait une saveur particulière, c’est celle de Jacques Gratecos, le président de l’ADIR, qui a porté les 7 recours juridiques contre la bétonisation des cours et la destruction du foyer. Nous en serions pas là aujourd’hui sans l’action de cette association, qui au-delà des mots, a su agir.