Travaux d’été dans la CUS : sale temps pour les vélos !
Cocteau aurait dit : il n’y pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour. C’est un peu la même chose à propos de la passion de Strasbourg pour le vélo : il ne suffit pas de l’afficher, c’est au quotidien que nous devrions constater la vraie prise en compte du vélo. C’est connu, au royaume…
Cocteau aurait dit : il n’y pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour. C’est un peu la même chose à propos de la passion de Strasbourg pour le vélo : il ne suffit pas de l’afficher, c’est au quotidien que nous devrions constater la vraie prise en compte du vélo.
C’est connu, au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Même si Strasbourg est mieux lotie que la plupart des grandes villes françaises, cet avantage comparatif semble plus le fait d’un avantage géographique, exploité avec opportunisme, qu’un choix fondamental d’aménagement urbain en faveur du vélo. Bénéficiant d’une morphologie assez plane, idéale pour le vélo, la ville a pu bénéficier de pistes grâce à ses larges avenues qui ne dérangeaient pas le développement de la circulation automobile. Tant mieux, mais le résultat est que le vélo reste secondaire, donc mal géré par les planificateurs de nos espaces publics pour qui il reste une contrainte.
Utilisateur au quotidien, je ne peux que constater le morcellement et l’incohérence des pistes cyclables. Il est particulièrement difficile par exemple d’aller simplement d’un quartier à un autre en n’empruntant QUE des pistes. Alors que ce n’est pas le cas pour les voitures : vous pouvez vous rendre d’un point à un autre de la ville sans jamais quitter votre voie réservée. Le réseau cyclable de Strasbourg, tant vanté par nos communicants, reste un gymkhana fastidieux et dangereux pour celles et ceux qui s’y risquent. Les récents accidents mortels dont des cyclistes ont été victimes ne cessent d’interpeller sur ce point.
C’est également sans compter sur les nombreux véhicules de toutes sortes qui se trouvent toujours des excuses pour stationner sauvagement sur les trottoirs et les pistes. Livreurs, engins de travaux publics, agents de la CUS, La Poste etc. Ils s’arrogent tous un droit personnel au mépris de la réglementation. Il est par exemple sidérant de voir des agents de la CUS stationner sous un panneau « piste cyclable » que certainement leurs collèges ont dû poser. Plus étonnant est la complicité politique des élus qui tolèrent ces agissements alors que le code de la route vient de durcir les amendes contre les véhicules qui s’arrêtent ou stationnent sur des pistes cyclables – avec 135 € d’amende à la clef – en les qualifiant de « stationnements très gênants ».
Ça c’est le quotidien du cycliste à Strasbourg : pistes incohérentes, pas d’axes majeurs, conflits piétons-cyclistes organisés ; et priorité à la voiture.*
Mais particulièrement en été les cyclistes ont d’autres « preuves » de l’amour de Strasbourg pour le vélo : les travaux d’été. Évidemment il faut profiter de la période « calme » pour effectuer des travaux sur la chaussée, mais chose étonnante, à chaque fois qu’il y a des travaux, les vélos s’envolent, disparaissent.
Ici, avenue Pierre Mendès France : le camion de l’entreprise est garé sur le dernier bout de piste cyclable, ne laissant que peu d’espace pour les piétons et les cyclistes. Il y une petite déviation pour les voitures qui passent sur la piste cyclable… Où est la déviation pour les vélos et les piétons ? N’y a-t-il pas de risques supplémentaires ?
Boulevard de Dresde : des panneaux invitent les piétons (et les vélos ?) à prendre le trottoir d’en face… qui est également en travaux avec le même panneau. Raymond Devos travaille à la CUS.
Même chose route de la Wantzenau, des travaux des deux côtés de la route, les cyclistes et les piétons n’ont qu’à bien serrer les fesses et tenter l’aventure dans le flux de la circulation.
En ces périodes de fortes chaleurs et de pollution, plus que jamais le vélo est l’avenir des villes. Pratique, peu encombrant, bon pour la santé et surtout zéro émission polluante. Mais encore faut-il lui donner vraiment la place qu’il mérite. C’est bien beau de compter les vélos place de l’Étoile si c’est pour les oublier à la moindre difficulté.
Strasbourg montre ici son véritable attachement au vélo : celui d’un bon sujet de communication, rien de plus. Celles et ceux qui choisissent le vélo comme mode de transport quotidien se rendent compte du chemin encore très important qu’il reste à parcourir pour que la ville leur soit accueillante : connecter et sanctuariser les voies cyclables, multiplier les arceaux où garer son vélo en sécurité (y compris dans ses nouveaux gabarits, de type cargos), sanctionner les empiètements automobiles…, pour faire vivre à Strasbourg cette “culture vélo” qui fait la réelle différence entre une ville du vélo, pensée pour le vélo, et une ville qui se contente d’additionner les bouts de pistes cyclables pour bien figurer dans les classements.
* Et évidemment, les cyclistes, comme tous les usagers de l’espace public, doivent respecter le code de la route : ne pas passer au feu rouge, ne pas rouler sur les trottoirs, etc. C’est une évidence.
Sur le Blog de la Robertsau :
Sur Rue89 Strasbourg :
Le site Vélo Strasbourg : http://velostrasbourg.blogspot.fr
Le site du Cadr 67 : http://www.cadr67.fr
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