Béton : tous responsables, tous coupables
Certains candidats tentent de désigner des élus sortants comme étant plus responsables qu’eux de l’épidémie de béton qui a touché la Robertsau. C’est aller très vite en besogne, car toutes les listes l’ont validée ou laissé passer.
Les règles d’urbanisme qui régissent les constructions à Strasbourg sont définies par un document qui s’appelle le PLU, le Plan Local d’Urbanisme. Contrairement à ce que certains voudraient bien faire croire, ce n’est pas à l’échelle de la ville que ce plan se décide, mais à l’Eurométropole. Tiens donc.
Le PLU est un outil qui fixe les règles de la vocation du sol. Il définit les espaces urbains, les secteurs naturels ou agricoles, définit la vocation et l’usage de l’ensemble du territoire intercommunal, et peut préciser des orientations d’aménagements spécifiques sur certains secteurs.
Cadre de l’instruction des permis de construire, le PLU de l’Eurométropole de Strasbourg concerne tous les propriétaires fonciers, car il détermine quels terrains sont constructibles ou non, et sous quelles conditions. Le PLU intéresse également tous les citoyens, car il fixe les grandes orientations qui dessineront la ville de demain ; futurs quartiers, nouveaux équipements publics, infrastructures de transports à venir, secteurs agricoles à préserver.*
Ce document, qui concerne les 33 communes de l’Eurométropole, a été voté après une enquête publique, dont nous avons beaucoup parlé sur le Blog de la Robertsau à l’époque.
C’est Yves Bur, le maire UMP de Lingolsheim, qui est chargé du PLUi (i d’interurbain) sous la présidence de… Robert Herrmann. Après de nombreuses années d’élaboration, il a été voté pour la première fois le 16 décembre 2016.
Vous trouverez ci-dessous les conseillers Eurométropolitains qui ont voté le PLUi : on y trouve Alain Fontanel, Catherine Trautmann, Roland Ries, Alain Jund mais aussi les représentants des 32 autres communes de l’Eurométropole. Seuls les élus du groupe de Fabienne Keller se sont abstenus… mais une abstention ce n’est pas voter contre, c’est laisser faire.
De ce document découle l’épidémie de béton qui s’est abattue sur la Robertsau. Si certains font les contrits aujourd’hui, ils avaient pourtant les moyens, il y a 4 ans, de voter contre.
Mais rendons à Robert Herrmann ce qui est à Robert Herrmann, c’est bien à lui, comme président de l’Eurométropole, que nous devons demander des comptes et au maire de Strasbourg qui, jusqu’à présent, s’appelle toujours Roland Ries.
Et maintenant nous avons une horreur appelée Archipel au Wacken
Faire porter le chapeau aux deux futurs retraités de la vie politique locale est vraisemblablement judicieux selon la stratégie politique du « voile pudique sur le passé » mais pas très conforme à la réalité du terrain.
Alain JUND, candidat sur la liste écologiste, est toujours en charge pour la commune de Strasbourg (cf. sa définition de fonction sur le site de la Ville) du « suivi du plan local d’urbanisme intercommunal dans sa phase d’élaboration puis d’application et d’éventuelles modifications pour toutes décisions relatives au ban communal de Strasbourg ». Il est également en charge de « la police du bâtiment et notamment, tous les actes et toutes les décisions liés aux autorisations d’urbanisme… »
Yves BUR est, dans la pratique, en charge de l’urbanisme de l’Eurométropole hors commune de Strasbourg.
C’est chacun chez soi et les terres seront bien bétonnées !
Pour avoir, à maintes reprises, côtoyé les services de l’urbanisme, c’est le mode de fonctionnement qui m’a été constamment décrit.
Le conseil de l’Eurométropole (33 communes représentées) entérine in fine les décisions prises à Strasbourg pour Strasbourg ; et cela d’autant plus facilement que le poids des représentants strasbourgeois est très important sur la balance eurométropolitaine.
Une autre réalité est que les têtes des trois listes strasbourgeoises (Jeanne Barseghian, Catherine Trautmann et Alain Fontanel) ont approuvé le PLUI en 2016.
Il en est de même pour leurs colistiers actuels qui sont particulièrement nombreux à n’avoir pas rejeté le PLUI à l’époque (8 chez Jeanne Barseghian, 8 chez Catherine Trautmann et 10 chez Alain Fontanel)
Ce sont des faits et il me parait, en effet, particulièrement difficile de départager les trois listes sur leur credo urbanistique.
Il va falloir qu’elles trouvent des arguments autrement plus convaincants pour les autres lignes de leur profession de foi…