Le retour des princes de l'Eglise
Qu’est-ce qui peut bien justifier que 10 curés de Strasbourg, dont celui de la Robertsau, décident d’écrire au Maire de Strasbourg ? Plus de solidarité envers les chômeurs ? Les sans-abris ? Non vous n’y êtes pas… La ville ne leur donne plus qu’un sapin pour Noël ! On frise la guerre thermonucléaire. Les finances…
Qu’est-ce qui peut bien justifier que 10 curés de Strasbourg, dont celui de la Robertsau, décident d’écrire au Maire de Strasbourg ? Plus de solidarité envers les chômeurs ? Les sans-abris ? Non vous n’y êtes pas… La ville ne leur donne plus qu’un sapin pour Noël ! On frise la guerre thermonucléaire.
Les finances de la collectivité ne sont pas folichonnes, nous le savons tous, c’est pourquoi la Ville a décidé de n’offrir qu’un sapin de 2 m par organisme et association. La collectivité fait un chèque de 50 000 € tout de même ce qui n’est pas rien. Une décision qui n’a pas plu, mais alors pas du tout, à 10 curés strasbourgeois qui ont écrit un courrier commun pour se plaindre au maire de Strasbourg. Parmi ces curés on retrouve Didier Muntzinger, le curé de la Robertsau.
Ils déplorent que « les dix paroisses de Strasbourg, dans le régime concordataire qui est le nôtre, soient considérées comme de simples associations » peut-on lire dans les Dernières Nouvelles d’Alsace du 16 novembre 2014. Que la décision soit annoncée de manière maladroite, certainement, mais de là à écrire au Maire pour se plaindre alors qu’ils bénéficient déjà TRÈS largement de la solidarité publique : salaires pris en charge par le ministère de l’Intérieur, très belles demeures comme presbytères, églises appartenant à la Ville (10 à Strasbourg, dont celle de la Robertsau).
Hasard du calendrier, au même moment, le curé de la Robertsau et l’évêque auxiliaire inauguraient en grande pompe un nouvel autel et un siège présidentiel à l’église St Louis ce dimanche. Nous avions reçu beaucoup de messages de paroissiens qui se plaignaient de ces dépenses somptuaires et inappropriées. Nous ne souhaitions pas en parler, car il s’agissait d’une affaire interne au fonctionnement de l’église financée par l’appel à la générosité du public.
Mais franchement, quel décalage…Oser râler parce que la ville souhaite mettre de l’ordre dans ce qui coutait 125 000 € et dont certains abusaient largement, alors qu’il y a dans notre ville de vraies priorités ! Dans quelques semaines va s’ouvrir la 30e campagne des restaurants du cœur, vous ne pensez pas que les centaines de milliers de personnes qui sont obligées d’y aller aimeraient avoir les conditions de ces pauvres curés ? Ont-ils lu le 19e rapport sur l’état du mal-logement en France de la Fondation Abbé Pierre ? 3,5 millions de personnes sont mal logées en France !
Ça nous a fait penser à la rencontre entre les représentants de la papauté et les franciscains dans le film « Le nom de la rose » réalisé par Jean-Jacques Annaud . On voit les franciscains (qui pronnent la pauvreté) avoir un débat théologique sur la pauvreté du Christ : possédait-il son manteau ? ? Les représentants du pape, très riches et puissants, répondant : l’Eglise ne doit pas être pauvre.
En tout cas, à Strasbourg, les curés semblent avoir tranché ce débat.
Et on ne parle pas de la méthode. Les curés sont vexes de n’avoir eu qu’un courrier ? À la Robertsau, le curé ne répond JAMAIS à nos demandes de rencontre pour le projet du foyer St Louis et son avenir. Plus opaque que ça tu meurs…
Le 19° rapport sur l’état du Mal logement en France 2014 de la fondation Abbé Pierre
Bravo pour cet article.
Le régime concordataire est une verrue de l’histoire, une insulte à l’unité de la France et à la séparation de l’Église et de l’État. Il faudrait aller bien plus loin qu’une simple affaire de sapins.
Précisons : ne pas confondre le régime concordataire et le droit local qui sont deux choses totalement différentes.
ries t »es foutu car j’invite les curés a prendre la rue et tous ensemble tous ensemble pour lou gardarem NOS SAPINS ….
QUANT AUX PAUVRES….. A BON C’EST PAS NOEL POUR TOUT LE MONDE???
O TANNENBAUM O TANNENBAUM WIE TRAURIG SIND DEINE BLATER
Le fond du problème a été, par cette décision, et dans le cadre des festivités de Noël à Strasbourg, de réduire les paroisses catholiques et protestantes au rang de simples associations : cela est injustifiable sur le plan juridique, cela est incohérent dans la mesure où Noël demeure par essence une fête chrétienne, celle de la Nativité (et ne venez avec le poncif sur la correspondance calendaire avec différentes traditions pré-chrétiennes), et enfin, cela est mesquin lorsque l’on considère le rôle important et bénévole des paroisses (chorales, instrumentistes, mais aussi… célébrations religieuses) dans l’ensemble des manifestations qui permettent à notre ville de revendiquer le très envié titre de « Capitale de Noël », et dont les bénéfices culturels et économiques sont indiscutables pour l’ensemble des Strasbourgeois, des Alsaciens et plus largement !
Concernant vos leçons de morale sur l’attitude de l’Eglise face aux problèmes de la pauvreté : je ne pense pas que Caritas Alsace Secours Catholique ou encore les Conférences Saint-Vincent-de-Paul n’aient de leçons à recevoir dans ce domaine… Au lieu de râler derrière des pseudonymes, donnez aussi de votre temps, comme nombre de chrétiens, même si vous préférer le faire au niveau des Restos du Cœur ou du Secours Populaire… Et soyons tous fiers d’appartenir à la région française qui compte le plus d’actes et d’engagements de générosité, de solidarité, de charité !
Concernant le Concordat, le Droit local Alsacien-Mosellan et les autres commentaires, que de confusions ! Le Concordat est une infime partie du droit en matière religieuse que comprend le Droit local qui a lui-même un champs plus vaste, et dont on ne connait malheureusement que trop peu de choses (droit social, droit foncier, etc., souvent plus avantageux que le droit s’appliquant dans le reste de notre pays) ! Honnêtement « Zorro », l’insulte c’est plutôt de vouloir supprimer ce « particularisme », qui est largement héritier du droit français, tout comme du droit prussien ; les insultes, dans l’Histoire, ce sont plutôt les autres français qui les ont proférés à l’encontre des Alsaciens en 1918, en 1940 ou après 1945, et pendant un certain procès de Bordeaux…
En outre, le Concordat de 1801 est un tout petit texte qui ne résume pas l’ensemble du droit local concernant les cultes reconnus par la loi, pas même non plus le culte catholique : il faut y ajouter les articles organiques unilatéralement adjoints par Napoléon en 1802, les lois sur l’enseignement du Second Empire, le droit religieux prussien (loi sur le blasphème), etc.
Enfin vous faîtes du maintien du « Concordat » (comme dit revoyez la définition) un intolérable privilège : or il s’agissait en fait d’une très maigre compensation face à la spoliation des biens de l’Eglise, par l’Etat révolutionnaire, et qui imposait surtout son ingérence dans l’organisation de l’Eglise (nomination des évêques, redécoupage des diocèses, prestation de serment tels des fonctionnaires, contrôles…) ; deux remarques supplémentaires : les « richesses » de l’Eglise, sous l’Ancien Régime, lui permettait de faire fonctionner un système éducatif, hospitalier, sanitaire et charitable extrêmement développé, déjà gratuit et plus ou moins obligatoire (Ferry n’a adjoint que le qualificatif de laïc) que l’Etat français a mis plus de deux siècles à reconstruire ; d’autre part, n’imaginez pas que six générations d’Alsaciens-Mosellans ont suffi à rembourser le vol des biens considérables de l’Eglise en France (répété en entre 1902 et 1905).
Aujourd’hui quel intérêt de conserver le Concordat ? Cette question est en revanche tout à fait légitime ! Je pense pour ma part que la liberté religieuse, faisant partie des droits inaliénables de la personne humaine, dans la mesure où un culte ne contrevient pas à ces derniers (prérogative de l’Etat que d’y veiller) est préférable à la la laïcité anticléricale, héritée de la violente IIIème République, et qui nie le fait religieux, le reléguant méprisamment à la sphère privée, même lorsque l’identité de notre pays plonge plus profondément ses racines dans une certaine tradition/culture religieuse et philosophique (ou dans la réaction à cette tradition) que dans une forme étatique bien plus récente…
Qu’apprends-je? On a changé l’autel de l’église?!? Il avait quoi, l’ancien? Attaqué par les termites? Trop crâmé par les cierges? Et on a changé le « siège présidentiel »?!? Hollande a démissionné?? La Manif pour tous a eu raison de lui?? Dans quel monde vivons-nous…
Une suggestion, pour régler cette épineuse affaire de sapins: pourquoi la paroisse ne valoriserait-elle pas un terrain pour y cultiver ses propres sapins? J’ai bien pensé au « jardin du curé », à côté de l’église, mais c’est raté, vu que, bientôt, il sera bétonné (ceci dit, dans l’urgence, on pourrait couper les quelques sapins qui, de mémoire, s’y trouvent pour y accrocher nos boules 2014). Donc, nix jardin du curé, on pense alors à l’ex-potager du presbytère ou au jardin du 32 de la rue Jeanne d’Arc, par exemple. Et, pour calmer l’ensemble des curés énervés et piqués dans leur honneur, on pourrait faire une plantation épiscopale dans les anciens jardins du centre Saint-Thomas, où les moins jeunes se souviennent qu’il y avait un potager et un terrain de foot. Elevés dans l’Amour du Christ, ces sapins-là n’en seraient que plus droits et magnifiques, rien à voir avec les sapins municipaux, rachitiques et laïcs. Aide-toi, le Ciel t’aidera, disait l’autre.
Je trouve que le nouvel autel est très beau et qu’il s’inscrit dans la tradition artistique millénaire de l’église catholique qui a construit nos cathédrales que même les mécréants admirent. Ca s’appelle la culture, ça s’appelle une civilisation. Merci à ceux qui y ont contribué.
Oui, il est très beau, cet autel. En grès et tout. Le précédent aussi était très beau, en bois, avec en plus une touche patrimoniale intéressante, puisqu’il était un vestige de notre église d’avant sa rénovation des années 1970-80 (si ma mémoire ne me trahit pas). Là n’est pas la question. Ce qui émeut ici, c’est le grand écart magistral que font nos curés, entre le faste de cet autel (et, de façon générale, le confort matériel dans lequel vivent nos paroisses) et la raillerie rocambolesque de nos curés (bigre, rien moins qu’une lettre ouverte au maire, quand même!) pour quelques sapins que la Ville ne leur fournirait plus. On a connu une Eglise avec plus de discernement et de sobriété, non?
Tout à fait d’accord ! Je ne voulais aborder qu’un des points de l’article ; le coup des sapins frôle le ridicule évidemment.
Je ne tiens pas non plus à discuter théologie (mon prêtre de référence à moi tient à célébrer sur la table la plus simple voire sur un « tapis de nomade »…). Eventuellement titiller un peu « le p’tit blog » : je suis curieux de voir s’il dénoncera un jour la richesse des décorations d’une mosquée ou d’un temple bouddhiste de la Robertsau… 😉
En tout cas, culturellement, investir dans une sculpture en grès a du sens.
(Ma mémoire n’est peut-être pas sûre non plus, mais je crois aussi que l’autel en bois venait d’une partie du Hauptaltar d’autrefois.)
Au fait, on n’entend pas les pasteurs sur le sujet… !
Ces plaintes pour des peanuts sont absolument indécentes. Z’ont pas qq euros en trop sur leur fiche de paie, les curés, pour offrir un sapin supplémentaire à leur paroisse, s’il leur en faut plusieurs ? Et se contenter d’un seul sapin (comme d’autres se contentent d’un seul repas par jour), ils y ont pensé ? Ça me flingue …