Parlons chiffons
Dans les boîtes aux lettres de la Cité des Chasseurs, un tract rédigé en français approximatif nous appelle à déposer nos vieux vêtements et chaussures sur le trottoir mercredi. En haut à droite, une petite carte de France tente de donner un caractère vaguement officiel à la chose. Qu’en est-il ? On nous indique que…
Dans les boîtes aux lettres de la Cité des Chasseurs, un tract rédigé en français approximatif nous appelle à déposer nos vieux vêtements et chaussures sur le trottoir mercredi. En haut à droite, une petite carte de France tente de donner un caractère vaguement officiel à la chose. Qu’en est-il ?
On nous indique que les articles collectés « seront réutilisés » ; par qui ? Le tract est signé par une entreprise « Pont Blanc » dont on ne trouve trace nulle part. L’adresse et le numéro Siret correspondent à un entrepreneur individuel à Koenigshoffen, dont l’activité est « récupération de déchets triés ». Il va donc revendre le produit de sa collecte à des entreprises de recyclage. Rien d’illégal ni d’infâmant. Les moins jeunes des lecteurs du blog se souviennent peut-être des chiffonniers-ferrailleurs qui sillonnaient la ville jusque dans les années soixante. Poussant leur carriole, ils criaient « lumpe, àlt iese, schokolà papier » (chiffons, ferraille, papier chocolat). Eux aussi gagnaient leur vie en revendant ensuite ces déchets.
Mais nous pouvons aussi déposer ces vieux vêtements et chaussures dans les conteneurs « habit-box » répartis à travers la ville sur lesquels on lit « des emplois solidaires dans votre région ». Les logos KFB et Solibat renvoient à des entreprises d’insertion, l’une dans le Nord, l’autre à Strasbourg, qui emploient des personnes en difficulté chargées de la collecte et du tri.
Et n’oublions pas, notamment pour les articles encore portables, que de nombreuses associations et ONG ont besoin en permanence de dons de vêtements et chaussures : Emmaüs, la Croix Rouge, le Secours Populaire, Caritas/Secours catholique, etc. À vous de choisir.
Les vieux vêtements représentent un énorme marché où certains gagnent pas mal d’argent. Tant mieux en terme de recyclage. Mais vous faites bien d’attirer l’attention sur le fait que ces ramassages n’ont rien de caritatif. Les vêtements qui par ces circuits arrivent néanmoins en Afrique y sont évidemment revendus avec un bon bénéfice.
Lire à ce sujet « le coton » de Eric Orsenna, qui décrit avec intelligence et humour le circuit du coton, planté par un paysan africain, qui fait le tour du monde pour être façonné, est porté en Europe puis revendu, une fois élimé et sali… au paysan africain.
Merci Richard pour cet éclairage. Je ne voulais pas être polémique, mais je n’en pense pas moins.
Pourquoi il ne faut plus envoyer vos vieux vêtements en Afrique :
http://www.slateafrique.com/87007/afrique-fripes-industrie-textile-locale-vetements-mode
Pour ceux qui veulent comprendre cette filière :
http://www.hubrural.org/IMG/pdf/memoire_nicolas_perrin_friperie.pdf