Modification du PLUi : la contribution de l’ADIR
Association phare de la Robertsau, l’avis de l’ADIR compte. Ci-dessous nous publions sa contribution, et sous la plume de son président qui ne mâche pas ses mots : Absit reverentia vero (*)
Association phare de la Robertsau, l’avis de l’ADIR compte. Ci-dessous nous publions sa contribution, et sous la plume de son président qui ne mâche pas ses mots : Absit reverentia vero (*)
L’ADIR entend réagir au projet de modification du PLUI sur la transformation d’un terrain industriel de 1,5 ha en terrain constructible, communément désigné sous l’appellation « projet Lana-Rinaldi ».
Il apparaît en effet que le changement proposé tient davantage du bouleversement que d’une simple rectification de détail, nous amenant à nous poser la question
- d’abord du respect de la démocratie,
- ensuite de l’absence de réflexion sur la nature du terrain et sur les risques d’un programme immobiler de cette ampleur,
- enfin de l’impact d’un tel projet sur l’ensemble du quartier.
I. Modification du PLUI et démocratie .
L’élaboration du PLUI a été présentée aux associations, à tous nos concitoyens ainsi qu’ aux élus eux-mêmes comme étant un moment fort de la vie démocratique . On ne compte plus les réunions, les articles de journaux ainsi que les proclamations sur « la démocratie participative » qui ont permis à l’EMS d’afficher une posture politique plutôt qu’ils n’ont engagé un réel changement dans le respect que doivent les élus à nos concitoyens.
Concernant le projet Lana-Rinaldi que constatons-nous ?
Cette transformation d’un terrain industriel en terrain constructible de 1,5 ha était connue depuis 2015 et avait fait l’objet d’un article dans les colonnes du Blog de la Robertsau ( décembre 2015) . Les élus consultés à ce propos s’étaient récriés, prétendant que nous leur faisions un procès d’intention et que ce terrain était à vocation industrielle et qu’il le resterait, l’inscription en tant que tel au PLUI étant une garantie suffisante et devant nous assurer de leur bonne foi.
Trois mois apès l’adoption du PLUI ce n’est pas une modification mais un véritable renversement que l’on nous propose. A ce stade l’on est bien loin de simples ajustements, il s’agit simplement de « noyer », parmi 62 autres modifications, une refonte essentielle en transformant ainsi la vocation de ce terrain.
Remarquons au passage le moment choisi pour l’enquête publique, nos élus semblant ignorer que toute période de vacances a pour principe d’encourager déplacements et tourisme, diminuant ainsi le nombre de nos concitoyens disponibles pour s ‘exprimer. Pourquoi la Robertsau échapperait-elle à la règle ?
II. Un manque de réflexion sur la nature du terrain et sur les risques encourus
Le terrain concerné, situé rue de l’Anguille, a une spécificité qu’il partage avec le Port aux Pétroles, il est en effet pollué par des hydrocarbures, puisqu’ il aurait , entre autres, abrité « un dépôt de mazout », comme cela nous est signalé dans la note de présentation. Cela est donc avéré par les services de l’EMS.
Il est également bon de rappeler que la Robertsau a longtemps été le quartier dans lequel il était loisible de déverser les déchets de toute sorte. N’a-t-on pas découvert en octobre 2015, de manière totalement inattendue, des restes d’hydrocarbures et d’antimoine sous l’ancien stade de l’Ill ? En dépit des enquêtes il fut impossible de retrouver l’origine de cette importante pollution qui mit un coup d’arrêt aux travaux d’une partie de l’Ile aux Sports et entraîna un surcoût du programme aujourd’hui achevé.
L’on connaît l’ampleur, la durée et le coût des travaux de décapage, de traitement et de stabilisation des sols touchés par ce type de contaminations. Que les opérations de lavage des terrains soient effectuées sur site ou hors site, elles multiplieront les nuisances et contraindront les riverains de la rue de l’Anguille à supporter une circulation de camions et le vacarme occasionné par les machines. Combien de temps durera cette dépollution ?
Enfin il nous faut signaler le risque d’inondation aussi bien par remontée d’eau que par débordement du Muhlwasser qui a conduit dans le passé à considérer cet emplacement comme inconstructible. Il n’est pas inutile de mentionner la crue de janvier 1955 qui a causé de multiples dégâts à la Robertsau et qui a justifié le déclenchement par le Préfet du plan de crise Orsec. Les vieux Robertsauviens s’en souviennent fort bien.
A ce jour l’enquête publique sur le PPRI est signalée comme étant « à venir ». N’est-on pas en droit de mettre en avant le risque de précaution et de se montrer très réservé sur l’implantation d’immeubles alors que les études et les analyses ne sont pas achevées et que les conclusions ne sont pas rendues ?
III. Impact d’un tel ensemble sur le quartier
Une circulation augmentée en contradiction avec les annonces sur l’utilisation du tram.
La rue de l’Anguille est située à quelques mêtres d’un des carrefours les plus fréquentés de l’EMS. Ce sont les véhicules provenant
- d’une part, sur l’axe Nord / Sud, des communes au nord de Strasbourg, La Wantzenau, Gambsheim, Killstett et au delà,
- d’autre part ceux de Schiltigheim, Bischheim, Hoenheim en provenance de l’ouest de l’EMS qui se retrouvent bloqués à ce croisement aux heures de pointe.
Rajouter 180 logements, c’est, à l’évidence, contribuer à augmenter encore la circulation, les bouchons et la pollution.
L’argument mis en avant par la Ville que « les habitants de la rue de l’Anguille emprunteront le tram à la station Escale » ne tient pas, puisque la distance d’environ 500m entre les résidences prévues et cet arrêt sera un frein important à l’utilisation de ce mode de transport. La ville encourage par ailleurs l’utilisation des véhicules particuliers en confirmant la construction d’un immense parking souterrain avenue de la Liberté, ce parking se situant précisément au bout de l’Allée de la Robertsau, qui reste l’axe privilégié des automobilistes en provenance de notre quartier.
Un équilibre habitat / entreprises à maintenir.
La Robertsau doit conserver un équilibre entre une population de plus en plus nombreuse et le maintien in situ d’emplois artisanaux et industriels. Or la papeterie Lana constitue, à ce titre, une référence. Depuis le rachat par Mr Brink en 2013 une attention particulière est accordée au respect des normes et à l’amélioration de son intégration dans le quartier. Elle constitue enfin un « bassin d’emplois » puisque nombre de ses ouvriers habitent la Robertsau.
Il est fortement à craindre que le projet immobilier prévu rue de l’Anguille ne soit que la première tranche d’un plus important groupe d’immeubles , la deuxième tranche prenant la place de l’usine actuelle située de l’autre côté du Muhlwasser. Il faut garder à l’esprit que Mr Rinaldi est propriétaire des deux lots évoqués, que son achat de ces complexes il y a plusieurs années n’a pas été justifié par une volonté de maintenir l’emploi et qu’il pourrait être tenté de reproduire le même type de constructions à l’emplacement de l’usine actuelle.
Un exemple à ne pas suivre.
Pour les tenants du projet Lana-Rinaldi la tour Schwab située à quelques centaines de mêtres semble être l’exemple à suivre. Réponse d’autant plus surprenante à l’heure où nos édiles se désolent de voir, dans d’autres quartiers, de trop grands immeubles qu’ils s’empressent de détruire pour les remplacer par des constructions de trois ou quatre étages. Parodions la citation de Blaise Pascal « Vérité au deçà du canal de la Marne au Rhin, erreur au delà ».
En réalité il apparaît bien tentant de changer totalement l’aspect de la Robertsau, d’en faire une « Défense » strasbourgeoise avec des bureaux, en phase de construction au Wacken, et de grands immeubles d’habitations qui contribueront à augmenter le nombre de logements et les taxes foncières et locatives inhérentes sans se préoccuper des difficultés de circulation ou de stationnement, de la constuction des écoles.
D’une manière plus générale ce projet ne peut que dégrader davantage encore la vie à la Robertsau. Pour toutes ces raisons l’ADIR déclare s’opposer à la transformation du terrain Lana-Rinaldi en terrain constructible.
Jacques Gratecos
Président de l’ADIR
(*) « Ne craignons pas de dire la vérité. »