École européenne : avec des amis comme ça on n’a pas besoin d’ennemis

École européenne : avec des amis comme ça on n’a pas besoin d’ennemis

La tribune de Nicole Dreyer pour défendre l’école européenne de Strasbourg nous a beaucoup fait rire. L’adjointe se rend-elle compte qu’elle enfonce en fait encore un peu plus l’établissement réservé aux enfants d’une caste ? 

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Les expressions écrites de Nicole Dreyer sont rares. L’élue est assez habile pour ne laisser que peu de traces qui pourraient se retourner contre elle. Elle n’a pas de site Internet, pas de compte Facebook… Si elle a dû prendre sa plume (Est-ce vraiment elle ? Il nous semble pourtant reconnaitre le phrasé de quelqu’un d’autre…) pour défendre l’école européenne de Strasbourg, c’est qu’il y avait urgence. 

Après notre article et sa reprise par France 3 Alsace, on sentait bien qu’il n’y avait plus unanimité pour défendre cette école, d’autant que le deux poids deux mesure est évident. 

L’élue écrit : 

Chaque collectivité verse un financement identique à celui qui est apporté aux établissements qui relèvent de sa compétence. Cela est facilement vérifiable puisque ces dotations font l’objet d’un vote par chacune des collectivités.

Pourtant le budget de l’école passe de 352 000 à 1 000 000 € rien que pour la ville de Strasbourg. Il y a certes une intégration de charges qui étaient ventilées dans d’autres comptes…  mais également une augmentation de 302 000 € de la participation des trois collectivités. 

 

Ce financement de la collectivité permet à l’école européenne d’avoir un joli budget pédagogique. Car il y a en plus la participation des parents et celles des structures européennes (Conseil et Parlement). Tu m’étonnes que c’est sympa. Les enseignants et les professeurs de la Robertsau seraient les premiers à souhaiter avoir un budget équivalent. Ce que confirme sans broncher l’élue de quartier : 

Pour les besoins spécifiques de l’enseignement européen, la Commission européenne verse une dotation annuelle pour chaque enfant du personnel du Parlement et du Médiateur européen, dotation qui bénéficie à l’ensemble de l’école.

On ne peut pas apprendre le français dans les écoles de Strasbourg ? 

Si on ne pensait jamais entendre un tel argument dans bouche d’une élue socialiste, c’est celui-ci : 

Accueillir des enfants qui parlent différentes langues et peu le français serait une difficulté pour les écoles du quartier. Cette situation n’est pas spécifique au quartier de la Robertsau, loin de là, et cela me semble plutôt une richesse qu’un handicap. Accueillir ces enfants, les valoriser dans leurs différences et les amener progressivement vers la maîtrise de la langue française, n’est-ce pas une compétence qu’on est en droit d’attendre de tout enseignant qui a mission de transmettre les valeurs de l’Europe et le bien vivre ensemble ?

Si on comprend bien, les écoles de Strasbourg sont incapables d’accueillir un enfant qui ne parle pas le français ? Sachant que l’école européenne n’accueille que des enfants dont la langue maternelle est l’anglais,  l’allemand ou le français, les autres enfants, ils vont où ? Les professeurs intéressés apprécieront. 

Le contrat triennal ne prévoit pas une extension, mais l’étude d’une possible extension. Nuance. 

Enfin pour conclure, parce qu’il en faut au moins un, un gros mensonge. L’élue se réfère au contrat triennal signé par Emmanuel Macron le 17 avril 2018.

Aujourd’hui une extension a été décidée car l’EES n’arrive pas à répondre aux nombreuses demandes d’admission notamment pour des enfants de parents ne travaillant pas dans les institutions européennes. Aussi le contrat triennal prévoit-il […] une extension sur les terrains, propriétés de la ville et identifiés dans le PLUi pour leur vocation européenne 

Problème, le contrat triennal ne parle aucunement d’extension, mais du financement d’une étude pour une probable extension de l’école ou la création d’un nouvel établissement international (article 2.7) : 

Interpellés tant par la direction de l’école que par les personnels des institutions européennes, les partenaires du contrat triennal estiment nécessaire qu’ il soit procédé à une évaluation de l’ampleur des besoins qui sont d’ores et déjà insatisfaits et seront à satisfaire à l’avenir et de l’éventail des réponses susceptibles d’être apportées.

Ils sont donc convenus de faire procéder à une étude destinée à les éclairer pour préparer pour les prochaines années les conditions d’accueil nécessaires à la scolarisation des enfants dont les parents travaillent dans les institutions européennes implantées à Strasbourg. L’étude portera notamment sur les capacités d’accueil nécessaires en se projetant dans l’avenir, elle proposera des pistes relatives soit aux modalités d’extension, soit à un éventuel lieu d’implantation. L’étude devra aborder les partenariats possibles entre l’École et la communauté éducative bas-rhinoise (projet éducatif, lien avec les écoles et les collèges de l’Eurométropole de Strasbourg et du département…) en coopération étroite avec le Rectorat de l’Académie de Strasbourg.

Les signataires du contrat sont convenus de contribuer à hauteur de 0,085 million € au financement de cette étude, sous maîtrise d’ouvrage de la Région Grand Est, sur la création d’un nouvel établissement scolaire international ou à l’extension de l’école européenne de Strasbourg.

Alors, nous posons la question. Où en est cette étude ? A-t-elle démarré ? Nous interpellons les responsables de la Région qui est le maître d’ouvrage désigné !

Enfin, l’élue a commencé sa tribune par citer Nicolas Sarkozy, elle finit en le paraphrasant : 

Dans le contexte actuel des attaques permanentes contre le siège du Parlement à Strasbourg […] ces postures sont inquiétantes et contraires aux valeurs de l’Europe à Strasbourg. »

L’Europe, tu l’aimes ou tu la quittes ? Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Les citoyens de Strasbourg n’auraient-ils pas le droit de participer au débat ? À Strasbourg, dès que l’on met le mot Europe, il faudrait se coucher (à l’image des élus qui laissent le parlement européen bunkériser les berges du quai du bassin de l’Ill). Nous disons au contraire qu’il faut du débat et que c’est la meilleure manière pour que l’Europe ne soit pas rejetée mais adoptée. 

…avec des amis comme l’adjointe, l’école européenne n’a pas besoin d’ennemis !

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