Navette de la Robertsau : à l’heure de Flex’hop, est-ce bien utile de la maintenir ?
À chaque fois que l’on croise la navette de la Robertsau, elle est vide. Désespérément vide. Alors que la CTS développe de plus en plus son offre à la demande Flex’hop, n’est-il pas temps d’arrêter de la faire tourner à vide ?
La navette de la Robertsau est une exception dans le réseau de la CTS : elle est unique. L’ancienne municipalité de Roland Ries et d’Alain Fontanel (président de la CTS à l’époque) avait comme projet de la supprimer. Une mauvaise idée à la veille de la campagne municipale qui avait mobilisé plus de 700 signataires pour demander son maintien. Pour éviter les problèmes, l’ancien maire avait maintenu la navette pour une année supplémentaire.
Le Blog de la Robertsau signalait déjà à l’époque la vision à courte vue de la CTS :
On peut comprendre la satisfaction des pétitionnaires, mais on a du mal à comprendre la logique. Soit la navette rendait un service et alors il ne fallait pas la supprimer, soit elle n’avait pas sa place dans la nouvelle organisation du réseau bus-tram et donc il fallait la supprimer (d’autant que cela génère des frais pour la collectivité).
En fait, il s’agissait surtout pour la CTS de supprimer ou de réduire les lignes parallèles au TRAM, pour forcer la fréquentation de l’équipement qui a couté bonbon et dont la rentabilité est loin d’être évidente (on y reviendra).
Pour rappel, la navette de la Robertsau part de la station de tram Boecklin (anciennement le terminus du tram) jusqu’à la Clinique Sainte-Anne (Robertsau – Renaissance). Ses rotations sont de 30 minutes de 6h00 à 21h30. Il ne s’agit pas de véhicules de la CTS, mais d’une délégation à une entreprise privée.
Son principal avantage est de permettre aux usagers du tram d’accéder directement à la clinique Sainte-Anne (depuis l’arrêt Robertsau Boecklin) , et de circuler dans la rue Kempf.
Aujourd’hui, il existe Flex’hop
Flex’hop, permet de « boucher les trous du réseau ».
Le service de transport en commun sur réservation complète l’offre bus/tram de la CTS et simplifie votre quotidien en multipliant les possibilités de liaisons directes entre plus de 300 arrêts situés au sein d’une large zone de 25 communes incluant les zones d’activités et industrielles. Flex’hop offre la possibilité d’effectuer des trajets libres entre deux arrêts lorsque les lignes régulières de bus et de tram ne le permettent pas ou lorsque les arrêts ne sont pas desservis par ces lignes régulières à certaines plages horaires. Pour l’utiliser, il suffit de réserver !
En fait, Flex’hop, c’est exactement ce qu’il faudrait pour la Robertsau qui est géographiquement l’un des plus grands quartiers de Strasbourg. On ne peut raisonnablement pas mettre des lignes de bus partout, mais on peut comprendre le besoin légitime des habitants de pouvoir utiliser les transports en commun pour se déplacer.
L’année supplémentaire est largement dépassée
La navette avait initialement prolongé pour un an supplémentaire en…2019. Roland Ries a eu la délicatesse de laisser la nouvelle équipe gérer le dossier qu’il n’a pas eu le courage de traiter.
Une pétition avait été lancée pour demander la pérennisation de la navette, avec un peu moins de succès (100 signataires – voir l’article Une pétition pour pérenniser la navette de la Robertsau). Alors, on va être honnête, cette ligne est certainement fréquentée par des personnes qui doivent la trouver très pratique, et nul doute qu’elles se manifesteront à la publication de cet article, cela est totalement légitime.
Nous avons d’ailleurs demandé les chiffres de fréquentation à la CTS ainsi que son coût pour la collectivité pour éclairer le débat*, mais on verrait bien une extension du système Flex’hop comme solution sur la Robertsau ou sur une partie de la Robertsau, comme la Cité des Chasseurs, le quartier entre Renaissance et la rue Mélanie, le Doernel.
*suite à notre demande de chiffres de fréquentions la CTS nous a répondu : « Afin d’obtenir les informations demandées, je vous demanderai de bien vouloir vous rapprocher du service Déplacements de l’EMS » sans indiquer un contact. La démocratie locale et la transparence sont en marche ! Mais on ne lâche pas l’affaire !
Oui ! Évidemment qu’il faut maintenir la navette !
• Elle est VITALE pour tout le quartier Est qui se retrouve éloigné des stations de tram.
• Elle est VITALE aussi pour les personnes âgées (exemple Résidence Seniors Les Essentielles) – les personnes à mobilité réduite (qui seraient définitivement isolées ou incapables de faire leurs courses au cœur de la Robertsau) – les patients, les employés et les visiteurs de la Clinique Ste Anne –les élèves et étudiants – les commerçants de la rue Boecklin et du Marché, la Poste, les pharmacies et les professionnels de santé, etc…le tram contournant le « centre-ville » de la Robertsau.
D’ailleurs, je tiens à votre disposition des photos que j’ai prises dans la navette ; vous y verrez toutes sortes de voyageurs.
Mais vous n’êtes sans doute pas un utilisateur régulier de la navette ! Je ne vous y ai jamais vu, pourtant je la prends tous les jours voire plusieurs fois par jour et ce à différents horaires.
Elle n’est pas désespérément vide, comme vous le prétendez. Pour avoir pris la peine de discuter avec les chauffeurs, il y a de plus en plus de monde qui l’emprunte.
Savez-vous que la navette aussi rend bien des services au personnel de la Clinique Ste Anne, aux élèves et lycéens qui habitent aux fins fonds de la rue de la Renaissance et des rues de Chambord, Blois, Chenonceaux (Arrêt Angle) et du Quartier Kempf (Arrêt Kempf) avec un départ de Robertsau Boecklin à 6h et un retour de Robertsau Renaissance à 21h20 ?
Non bien sûr !
Ce n’est pas le cas des bus 15 et 70, de L1. Et que dire du tram qui est désespérément vide, pourtant il circule déjà dès 4h30 (au détriment des habitants qui sont gênés par le bruit).
Certaines personnes sont venues s’installer dans ce quartier Est parce qu’il y avait la navette.
Elle a même été mise en avant par le promoteur Promogim qui construit près de l’Escale ! alors publicité mensongère ?
Je tiens également à votre disposition l’article de Promogim.
Par ailleurs, la palette de la navette, une fois dépliée, permet aux poussettes d’enfants, fauteuils roulants, rollators et vélos de monter et descendre tout au long du trajet et ce à chaque arrêt.
Ma pétition a recueilli en 4 mois (mars à juin 2019) 715 signatures et la 2e en 6 semaines (février à mi-mars 2020 -date du 1er confinement) 300 de plus. Ce qui est plutôt bien par rapport à l’urgence de la situation. Vous vous êtes trompé. Vous auriez dû me consulter.
La navette est un transport de proximité alors pourquoi la supprimer ? pour un problème d’économie ? pour la remplacer par Flex’hop service développé par la CTS destiné à relier Strasbourg à l’Eurométropole qui serait plus coûteux et pas adapté à la demande des utilisateurs de la navette ? Aux heures de pointe, il faudrait prévoir 5 véhicules sur 11 trajets au moins ; faites vous-même le calcul, c’est un non-sens !
Maintenant parlons chiffres et économie.
Vous n’êtes pas sans savoir que le bus 15 est en doublon avec la navette sur arrêts, de Saint-François à Robertsau Boecklin.
Aussi, j’ai fait une petite étude comparative de la navette et du bus 15 circulant dans la Robertsau, avec les données de la CTS de 2019 :
la Navette de Robertsau Boecklin à Robert Renaissance, c’est :
• un trajet de 3 km et un coût de 3,63€/km (cf/dossier d’enquête publique sur l’extension du Tram E à la Robertsau – coût d’exploitation d’environ 230000€).
• un taux de fréquentation variant de 13.64% à 31.82% pour une capacité de 22 places
• un coût passager de 2,11 €
• et qui circule de 6h à 21h30 du lundi au samedi (6x 62 allers-retours) et le dimanche de 13h à 21h30 (1x 34 allers-retours), toutes les 30 mn.
alors que le bus 15 du Quartier des XV-Orangerie à Robertsau Boecklin, c’est
• un trajet de 3,5 km et un coût de 5,93€/km (cf/dossier d’enquête publique sur l’extension du Tram E à la Robertsau – coût d’exploitation d’environ 400500€)
• Un taux fréquentation variant de 2.91% à 6.80% pour un bus d’une capacité de 103 places*
• Un coût passager de 7,46€
• Et qui circulent du lundi au vendredi (5x 64 allers-retours) de 7h10 à 20h50, le samedi (1x 54 allers-retours), toutes les 30 mn sauf aux heures de pointe toutes les 20 mn,
• le dimanche, c’est 1 bus/heure, 14h30 à 18h20 (1x 8 allers-retours).
*Là, par contre on peut dire que le bus 15 est désespérément vide !
Il serait judicieux de mettre en œuvre rapidement la modification du parcours de la Navette proposée par l’ASSER et également reprise par le CARSAN et le Conseil de Quartier, dont je me suis inspirée : faire passer la Navette par le rond-point Mélanie-Himmerich où se situe le terminus du L1. Cela permettrait alors d’arrêter le bus 15 près de ce même rond-point.
La navette reliera enfin le terminus du L1, permettant ainsi la desserte du cœur de la Robertsau, le Centre administratif, le NHC et les diverses stations des trams, de faire faire des économies à la CTS (réduction des frais de maintenance des bus et des coûts de carburants et d’électricité) et de réduire la pollution de l’air et le réchauffement climatique. (D’ailleurs le bus 15 et la navette sont maintenant des véhicules « propres »).
En résumé
Le comparatif démontre en effet que le changement de terminus du bus 15 permettrait une économie de fonctionnement de plus deux fois le coût de celui de la Navette.
Une deuxième Navette pourrait donc se rajouter à la première avec un coût de fonctionnement inférieur à celui du seul bus 15, l’une partant de Robersau Boecklin et l’autre de Robertsau Renaissance, via Robertsau Lamproie, aller et retour.
Ainsi la ou les navettes auraient toute leur place à la Robertsau.
Je pense néanmoins que la sous-traitance de la navette est plus avantageuse, intéressante et certainement plus rentable que le tram « qui a couté bonbon et dont la rentabilité est loin d’être évidente » comme vous le dites si bien !
J’espère avoir été claire dans mes propos et j’attends désormais un soutien de votre part, à savoir le maintien de la navette dans l’organisation des transports à la Robertsau.
Nathalie Klauber
Initiatrice des pétitions pour le maintien de la navette.
Démonstration très impressionnante et techniquement argumentée !
La vraie question est celle-ci : que diable fait donc la CTS ? Je pensais sans doute naïvement qu’elle disposait d’ingénieurs donc le métier consistait justement à optimiser les lignes, sur les plans pratiques et budgétaires.
En fait, l’une de vos conclusions, même si je suppose que ce n’est pas votre but initial, est de prouver qu’une fois de plus la sous-traitance au privé s’avère plus respectueuse des deniers publics que le strict service public (tram somptuaire…).
Heureusement que des grèves épisodiques viennent nous rappeler tous les avantages du service public, une spécificité bien française que nous envient…les syndicalistes du monde entier.
Merci pour vos commentaires. Venez, si vous en avez envie, à l’atelier de quartier sur la mobilité à la Robertsau. Vous pouvez m’envoyer vos coordonnées sur navetterobertsau@gmail.com pour que je puisse vous prévenir de la date de réunion.
Cordialement. Nathalie Klauber