L’hypocrite nouvel aménagement cyclable devant le Conseil de l’Europe
L’avenue de l’Europe a fait l’objet de travaux bienvenus l’été dernier. Si les automobilistes ont gagné une voirie nickel et sans bosse, les grands perdants sont les cyclistes victimes du positionnement hypocrite de la Ville de Strasbourg.
Vous pensez encore que Strasbourg est LA ville du vélo ? Oui à l’échelle française, mais dans le quotidien, les pistes sont en fait des pointillés qui ont du mal à trouver une cohérence, car les aménagements cyclables à Strasbourg sont faits de bric et de broc. Un petit bout par ici, un petit bout par là. Si on peut être indulgent pour l’héritage historique, on ne peut qu’être perplexe quand il s’agit d’aménagements récents. Car c’est un fait, Strasbourg continue de privilégier d’abord la fluidité de la circulation automobile, quitte à tricher avec les aménagements des autres. La preuve avec l’avenue de l’Europe.
Voici donc la nouvelle avenue de l’Europe. Les pavés sont refaits, ainsi que les trottoirs et les pistes cyclables. Ce qui a changé ? Les cyclistes ne sont plus les bienvenus.
Côté Conseil de l’Europe, une nouvelle piste ici en rose. Nouveauté, et c’est une bonne chose, le trottoir est séparé physiquement de la piste. Cette piste est essentiellement fréquentée par des cyclistes allant au centre-ville. Pourtant…
Pourtant au bout de la piste (rond jaune), elle tourne à gauche vers le parc de l’Orangerie. Le marquage au sol est sans ambiguïté, le cycliste doit tourner à gauche et se retrouver sur le trottoir au coin du parc de l’Orangerie.
Pourquoi le faire passer à gauche, alors que le cycliste veut aller rejoindre la piste qui longe l’Ill ?
D’ailleurs les cyclistes ne s’y trompent pas… ils vont tout droit. On peut apercevoir sur cette photo la signalisation spécifique aux cyclistes qui invite à aller tout droit sur le début de l’allée de la Robertsau.
Et hop… tout droit !
Sur le site StrasMap (référence de la ville de Strasbourg pour le plan officiel des pistes cyclables) l’avenue de l’Europe est une unique piste, mais qui tourne… à droite, allée Spach ! On cherche la cohérence.
En remontant vers la Robertsau, ce n’est guère mieux (trait bleu). On se retrouve sur un espace partagé, mais qui est surtout un parking autorisé aux cyclistes et aux piétons, et non l’inverse.
Regardez l’espace qu’il reste à d’autres usagers doux quand une voiture s’y aventure.
Et pour finir à partir de l’impasse des Bosquets une piste soi-disant à double sens… très encombrée.
On résume :
- 4 voies pour les voitures au centre de l’avenue de l’Europe
- 2 voies pour stationner les voitures le long du parc de l’Orangerie où les piétons et les cyclistes sont tolérés
- 1 piste cyclable qui ne tient pas compte des itinéraires cyclables dans le sens Robertsau – Centre Ville
- pas d’itinéraire cyclable sans interruption
6 à 1 : les voitures ont gagné. Un aménagement qui n’est pas à la hauteur d’une ville qui veut faire des modes doux une priorité. Strasbourg Capitale des voitures.
Tel que je le comprends, l’aménagement au bout de l’avenue de l’Europe (dans le sens Robertsau – centre-ville), n’impose pas au cycliste d’aller vers le parc de l’Orangerie.
Selon moi l’espace situé entre la ligne d’effet de feu et le passage piéton doit permettre au cycliste de s’arrêter devant les voitures après avoir rejoint la chaussée. C’est du moins ce que suggère le marquage au sol qui est orienté vers le centre-ville.
En réalité ces espaces ménagés avant les feux se multiplient à Strasbourg. On en a un autre exemple route de la Wantzenau, au niveau de la pharmacie des quatre saisons (matérialisé par deux lignes d’effet de feu).
[Attention, début de coup de gueule]
Malgré ça le problème n’est pas entièrement réglé. D’une part parce que les automobilistes ont une fâcheuse tendance à s’arrêter sur la zone réservée aux cyclistes lorsque le feu est rouge. D’autre part parce qu’avec cet aménagement il est presque impossible pour un cycliste de s’insérer dans la circulation quand le feu est vert. Si on ne peut respecter l’aménagement ni quand le feu est vert, ni quand le feu est rouge, et bien on fait comme avant. On va tout droit.
Pour ce qui est de l’aménagement de l’autre côté de l’avenue, je préfère ne pas en parler trop longuement. Regardez, à l’occasion, ce que doit faire un cycliste qui vient de l’allée de la Robertsau pour rejoindre le « parking – zone de partage ». C’est aberrant et surtout dangereux.
Avec tout ça, on est pas sortis des ronces. À la décharge des services qui conçoivent ces aménagements, les normes applicables ne leur laissent souvent peu de marge de manœuvre. En revanche si le tronçon de la route de la Wantzenau qui doit être refait ne reçoit effectivement pas de bande cyclable… c’est du grand n’importe quoi !
[Fin de coup de gueule]
Ca fait beaucoup de complaintes pour pas grand chose, même si je suis d’accord, la piste qui finit par tourner à gauche c’est pas très cohérent. Quand des aménagements réalisés avec de l’argent public sont si foirés c’est énervant. Ce qui me dérange plus en lisant cet »article » c’est que vous avez l’air d’être scandalisé du fait que la ville de Strasbourg ne vous tienne pas encore par la main dans l’intégralité de vos faits et gestes, ne règlemente pas encore l’usage et le moindre mêtre carré de d’espace public. Au contraire, un réel progrès dans les rapports entre cyclistes-piétons-automobilistes serait une disparition totale de marquages au sol, une vraie liberté qui pousse à faire attention à ce qu’on fait (voir place Arnold, St. Etienne). Quand vous n’avez pas un chemin tout traçé ça pousse à regarder ce qui se passe à droite, à gauche.
Et bien je suis prêt à vous suivre dans votre conclusion. D’ailleurs, quelques villes allemandes et anglaises l’ont fait (suppression de feux rouges et de la signalisation), ce qui « pousse à faire attention » aux autres. Mais ça va de pair avec une zone 30 imposée de façon drastique et une interdiction de stationnement sur les « couloirs de circulation », trottoirs ou routes. Et la possibilité de rappeler des cyclistes fadas à l’ordre.
En attendant, la voie cyclable séparée est encore ce qu’il y a de plus sûr pour le cycliste. Et si elle est d’une traite sur une longue distance, c’est mieux.
Quelle « piste cyclable le long de l’Ill » ??? Vous voulez parler du trottoir du quai Rouget de Lisle ? Vélos et piétons dans les deux sens sur à peine 2 m de large !!! Aberrant et dangereux … mais essayez donc de rouler à vélo sur la chaussée dans le sens Sud-Nord : les automobilistes savent bien que le trottoir est autorisé aux vélos, et ils se croient donc tout permis en matière de dépassements frôlants … Même réflexion ou presque pour le boulevard de la Victoire : le terre-plein central est un espace partagé, donc priorité aux piétons …le malheur, c’est que bien peu sont capables de faire la différence entre priorité et exclusivité … Aux heures de pointe (sortie du Lycée Jean Rostand…) les vélos devraient pouvoir rouler sur la chaussée. Vous pouvez toujours essayer …