[Municipales 2020] Catherine Trautmann, la vengeance est un plat….
Mais que vient faire Catherine Trautmann dans cette élection municipale ? Franchement, quand on a été deux fois maire de Strasbourg, députée européenne, ministre de la culture et on en passe, que peut-elle espérer en se représentant ? Et si ses motivations étaient ailleurs ?
En se mettant numéro deux sur la liste de Mathieu Cahn, Catherine Trautmann savait-elle que l’adjoint de la Meinau allait avoir des soucis ? On ne peut pas l’exclure, et c’est finalement assez malin. Si elle avait tenté d’être tête de liste, on aurait crié au retour des dinosaures, alors que là, elle passe pour la personne fidèle à ses convictions et la sauveuse du PS. Stratégie, stratégie…
Que cherche-t-elle à prouver ?
L’ancienne maire de Strasbourg a décidément du mal à décrocher de la politique, une drogue dure fortement addictive. Certains, qui ont un peu de mémoire politique, se souviennent qu’après sa défaite aux élections européennes de 2014, on a demandé « poliment » à Souad El Maysour de quitter sa fonction de vice-présidente de la CUS (Communauté Urbaine de Strasbourg – Ancêtre de l’Eurométropole) pour faire de la place à la députée européenne déchue. Un reclassement de première classe pour celle qui avait été rejetée par les urnes et peu élégant pour Souad El Maysour.
Il faut dire que Catherine Trautmann a été une victime du secrétaire aux fédérations et conseiller politique du Parti Socialiste auprès d’Harlem Désir, un certain Alain Fontanel. À l’époque, les listes pour les élections européennes sont régionales, et c’est l’Élysée qui tranche : ce sera le syndicaliste Édouard Martin qui sera tête de liste, Catherine Trautmann sera deuxième. Une décision validée par Alain Fontanel que Catherine Trautmann apprendra, dit-on, par la presse. Avec seulement 13 % des suffrages, la liste « Choisir notre Europe » se fera largement battre par le FN et la Droite. Résultat, seul Édouard Martin sera élu.
Évincé du Parlement Européen, on lui trouvera un golden parachute à la CUS où elle devient vice-présidente et présidente du Port Autonome. Étrange conception de la démocratie, battue dans les urnes… promue par les copains.
Elle a des comptes à régler avec Alain Fontanel mais aussi avec son « père spirituel »… Roland Ries. On se souvient de la trahison de ce dernier en 2001 , alors que le maire intérimaire n’avait pas voulu céder son fauteuil. Une bataille qui a ouvert un boulevard pour l’élection de Fabienne Keller et de Robert Grossmann.
En 2020 Fontanel, Ries et Keller sont dans le même bateau
Et puis le macronisme est arrivé. La liste d’Alain Fontanel regroupe aujourd’hui la République en Marche, mais aussi le mouvement politique de Fabienne Keller : Agir. Ajoutez le « soutien » de Roland Ries, vous avez sur une liste tous les acteurs avec qui Catherine Trautmann aurait des comptes à régler.
Aujourd’hui, tête de liste PS, elle vient de doubler le score potentiel de Mathieu Cahn en seulement quelques semaines et devient un sérieux caillou dans la chaussure de la campagne d’Alain Fontanel que tout le monde donnait gagnant, il y a quelques mois. La vengeance est un plat qui se mange froid. C’est peut-être là qu’il faut chercher sa motivation politique.
Et pour la Robertsau ?
Car, sur le fond du programme, on ne peut pas dire que la Robertsau ait beaucoup à gagner avec Catherine Trautmann et sa liste. On va y retrouver tous les adjoints PS qui ont voté comme elle les programmes de bétonisation du quartier, qui n’ont rien trouvé à redire à l’installation de la géothermie profonde au port aux pétroles, qui n’ont jamais écouté les citoyens sur l’affaire du foyer Saint-Louis, qui ont voté le PLUi (Plan Local d’Urbanisme Interurbain), le projet LANA en étant une des conséquences.
C’est d’ailleurs sur le plan de la démocratie locale que son programme nous inquiète. On l’a bien lu, et, à part une vague intention de concertation, nous n’y avons trouvé aucune proposition pour améliorer la relation entre les citoyens et le pouvoir.
La réalisation de ces propositions se fera en concertation avec vous, en fonction de vos besoins et attentes, car notre responsabilité c’est aussi de garantir une démocratie participative en vous donnant les moyens d’en comprendre les enjeux, de vous exprimer et de prendre part collectivement à la transformation de notre ville.
Autant dire que ça peut dire tout et son contraire. Une concertation n’est pas une consultation par exemple. Sur le dossier LANA, où l’on sait que Catherine Trautmann est très impliquée (souvenez-vous de la réunion publique houleuse) de nombreuses personnes, associations se sont exprimées contre ce projet. Si elle est élue, va-t-elle le remettre à plat ? Relancer une phase de consultation ? Annuler le permis de construire ? Dans le programme très productiviste de la liste « faire ensemble », aucun moyen, aucune proposition concrète, pas un mot sur la méthode de consultation.
La route VNF / EDF imposée, un point c’est tout !
Après avoir voté et donc autorisé toutes les constructions route du Rhin, Catherine Trautmann se rend compte que cette voie est hyper fréquentée. On aurait pu y réfléchir avant, mais maintenant l’élue veut nous refiler la pollution en ouvrant la voie EDF/VNF aux camions pour offrir un accès nord au Port Autonome. La ficelle est grosse, quand on sait que c’est un projet qu’elle a dans ses cartons depuis de nombreuses années.
Et puis faire passer une route à camions à côté d’une réserve naturelle et à travers un site sous le régime du PPRT, rien de plus naturel… c’est ça son côté écoresponsable ?
On a croisé quelques militants ou candidats de la liste « Faire ensemble ». On a posé une question simple, si l’intention est de « Faire ensemble » est-ce que l’ouverture aux camions de la route VNF-EDF pourra être soumise à référendum ? Nous n’avons eu que des réponses vagues et gênées. Catherine Trautmann présente déjà cette ouverture comme nécessaire et actée. Un avant goût de la méthode de concertation.
Les candidats de la Robertsau ont la trouille
Sollicités par le Blog de la Robertsau depuis fin janvier, la secrétaire de section du Parti Socialiste de la Robertsau, Emmanuelle Campagne (28° sur la liste) et le membre du conseil de quartier Philippe Walter (52°) n’ont jamais répondu à notre demande de rendez-vous pour enregistrer nos podcasts de campagne. Malgré un accord de principe, aucune date n’a jamais été proposée malgré nos TRÈS nombreuses relances y compris directement au QG de campagne.
Un défilement de première classe qui n’augure rien de bon, sur la forme comme sur le fond. Mais nous aurions beaucoup aimé entendre les positions des candidats sur l’avenir du Port aux Pétroles, Lana, l’urbanisation, l’avenir de la Cité de l’Ill, les déplacements, la démocratie, etc. Les électeurs apprécieront cette « cohérence » entre les mots et les actes.
D’ailleurs quand on fait une recherche dans le document programme avec le mot clef « Robertsau », il n’y a aucune référence… Introuvable. Ça ne sent décidément pas bon.
Il y a bien des nouveaux venus, comme Hakim Koraich (16°) ou Christophe Neumann (10°). Mais, si le premier connaît bien la Robertsau puisqu’il a été directeur du CSC de l’Escale, le deuxième est un novice et n’a jamais pris position sur aucun sujet du quartier. Et comme nous n’avons pas pu les interroger… comment savoir ?
Un effet nostalgie
Le premier mandat de Catherine Trautmann a laissé dans la mémoire collective un bon souvenir, ce qui lui a valu d’être réélue au premier tour en 1995, mais battue en 2001. Aujourd’hui, face à Mathieu Cahn (voir notre papier ) il n’y a pas photo, Catherine Trautmann a plus d’expérience, de volonté et en impose. Mais sa première élection c’était il y a… 37 ans. Nous sommes en 2020 et le monde a bien changé, à bien des égards, particulièrement sur la gouvernance.
D’autant que vous retrouverez dans l’équipe tous ceux qui ont fait le succès des mandats de Roland Ries : Pernelle Richardot avec son Streetéo, véritable usine à gaz pour les habitants de Strasbourg et les touristes (voir article de Rue89 Strasbourg – Stationnement en voirie : la galère de la contestation), Serge Oehler , Françoise Bey, Eric Schultz… et bien d’autres « guests ».
Avec cette liste, il ne peut y avoir de surprise, car elle a un bilan. On sait comment ça vote, réagit. Le catalogue à la Prévert du programme peut comporter ici et là de bonnes idées, mais c’est dans les détails de la mise en œuvre que le diable se cache, et pour le coup il est bien caché. Les Robertsauviens succomberont-ils à la tournée de la star des années 80 ?
Réponse le 15 mars au soir.
Trautmann est à Strasbourg ce que Buzin est à Paris : candidate à l’insu de son plein gré…
Elle voulait pas, elle est quand même.
Tout comme Pernelle Richardot qui avait appelé à voter contre sa propre liste (Masseret), elle fut quand même élue, elle siège et touche les pépètes qui vont avec…
Lamentable ces gens.
Madame Trautmann est certainement la plus fine politique en présence. Il faudra que Monsieur Jund sorte de dessous les jupes de sa tête de liste pour que les Verts ne sortent pas plumés lors de la négociation de l’entre deux tours.
Madame Trautmann a fixé la barre assez haut: l’Eurométropole pour elle et le Port Autonome (entre autres) pour un ou une colistier (e).
En cas de succès de l’attelage, ce sera probablement un « Vert » qui fera avaler à la Robertsau le passage des camions citerne dans la forêt.
La plus politique de tous les candidats: clarté, concision lors des débats, stratégie pour gagner des voix.
Mais une liste faiblarde et surtout un programme dans la continuité Ries: béton, un peu de vélo.
pas de tournant majeur.
Et surtout une hérésie: des camions en bordure de la forêt de la Robertsau, un des poumons vert du quartier.
Que dirons les verts dans les négociations de fusion de liste? un conseil: ne perdez pas votre âme.