[entretien] Géothermie profonde : Alain Jund veut faire le bonheur des Strasbourgeois malgré eux
Nous avons eu beaucoup de mal à joindre Alain Jund (et c’est un doux euphémisme) pour évoquer avec lui le projet de géothermie profonde à la Robertsau. Finalement nous avons réussi à le rencontrer le 24 avril.
Les enquêtes publiques sur les projets de géothermie profonde vont s’achever dans quelques jours et sauf surprise, il n’y aura pas de réunion publique. Ni la préfecture, ni la ville de Strasbourg n’ont eu le courage de regarder les eurométropoliens dans les yeux et de leur exposer leurs intentions.(2’51 ») Pourtant, installer des forages géothermiques profonds aux quatre coins de Strasbourg n’est pas sans conséquences.
Alors que l’on est capable de faire des consultations pour choisir le nez d’un tram, d’inciter les citoyens à « l »ouvrir » , de financer des grands-messes comme le forum mondial de la démocratie ou de mettre en avant la démocratie participative à travers les conseils de quartier, jamais les autorités ne sont venues présenter leurs projets devant le public. Et c’est pourtant une demande récurrente des associations au commissaire enquêteur.
Géothermie : rencontre avec Alain Jund par blogrobertsau
Alain Jund veut-il faire le bonheur des Strasbourgeois malgré eux (4’47 ») ? Visant l’objectif louable de « mix énergétique », l’élu semble totalement oublier au passage les principes de base de la démocratie et du dialogue avec les citoyens.
« Le droit minier n’est pas quelque chose d’intrinsèquement démocratique » concède-t-il pour appeler de ses vœux un débat global sur la transition énergétique. (0’30 ») Mais alors pourquoi n’a-t-il pas eu lieu avant ?
Entre les lignes, on peut comprendre que le premier débat a lieu au sein même de l’équipe municipale et de l’Eurométropole dans lesquelles semblent souffler des vents contraires.(1’46 »).
Devant la mobilisation, la position a changé
L’Eurométropole et la Ville de Strasbourg pensaient-elles que la géothermie passerait comme une lettre à la poste ou ont-elles abordé ce dossier avec un peu trop de légèreté ?
Depuis quelques temps, le ton est moins affirmatif, plus conciliant (4’09 »), le vice-président redécouvre même le principe de précaution alors que Catherine Trautmann, sa collègue n’y trouvait rien à redire. Il faut dire que depuis, la mobilisation est importante – principalement contre – comme à la Robertsau, mais aussi à Oberhausbgergen, Eckbolsheim et en Allemagne. Et il s’agit de positions réfléchies et largement documentées, pas d’avis du café du commerce.
Comme par exemple cette décision de la Cour Européenne de Justice du 11 février 2015 dénichée par les élus d’Oberhausbergen qui demande à faire une enquête publique regroupant tous les projets et non à les scinder :
« Il convient notamment d’examiner si les incidences sur l’environnement des forages d’exploration pourraient, en raison des incidences d’autres projets, être plus importantes qu’en l’absence de tels projets. Cette appréciation ne saurait dépendre des limites communales. »
Une demande somme toute logique reprise par Alsace Nature. L’association – qui a eu droit à une conférence privée d’Alain Jund sur le sujet* – prend position contre le projet de la Robertsau, et demande des précisions sur les questions de nappes phréatiques, sismicité et d’interactions entre les autres projets.
Pour celui qui voulait « changer de focale » (0’30 »), le voilà servi. L’enquête publique sera close le 18 mai 2015 au soir.
* Alsace Nature a refusé que nous assistions à cette réunion.
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