Tram et vélo : Le premier coup de canif dans le contrat
La direction de la CTS et les représentants de l’Eurométropole annoncent le retour des vélos dans le tram… aux horaires du couvre-feu.
À trois jours de la manifestation organisée par Vélorution Strasbourg et le Cadr67 pour demander le retour du vélo dans le tram, la CTS et l’Eurométropole ont organisé une conférence de presse mercredi 27 janvier en fin de matinée pour aborder cette question.
Autour de la table Alain Jund (vice-président d’Eurométropole), Patrick Maciejewski (le nouveau président de la CTS), Jean-Philippe Lally, directeur général de la CTS et Emmanuel Auneau directeur adjoint de la CTS.
En face, de très nombreux journalistes. Preuve que le sujet intéresse et passionne.
La CTS autorise le retour des vélos après… 19h00
Après avoir justifié le non-retour des vélos pour des raisons sanitaire, le président de la CTS annonce que dès le 1er février les usagers-cyclistes pourront utiliser le tram, mais uniquement de 19h00 à 7h00 du matin.
Les mesures gouvernementales de lutte contre la pandémie de COVID 19 ont eu pour conséquence de diminuer significativement l’affluence dans les transports avant 7 h et au-delà de 19 h ainsi que le dimanche et les jours fériés toute la journée. C’est pourquoi l’Eurométropole de Strasbourg (EMS), en sa qualité d’autorité organisatrice de la mobilité dans l’agglomération, et la CTS proposent d’expérimenter le retour des vélos à bord des tramways à ces horaires tant que les mobilités sont limitées par les mesures de lutte contre la COVID.
Parallèlement, une table ronde sera organisée afin d’initier en présence de toutes les parties prenantes, une réflexion plus globale sur la complémentarité entre le vélo et les transports en commun.
Le couvre-feu commence à 18h00, la CTS arrête ses trams à 00h30, pour les reprendre à 4h30. C’est vraiment un retour à minima. Les dirigeants ont vite évoqué d’autres raisons pour ne pas autoriser à retour à la normale pour les cyclistes, des crispations ou des situations difficiles. Quand ? Combien ? La direction de la CTS n’a aucun chiffre à donner et évoque un « ressenti ».
Les conducteurs contre le retour des vélos
Ce qui est sûr c’est que les conducteurs de tram étaient contre le retour des vélos et ont vécu une année difficile. On est loin de la version officielle des gestes barrières. Un positionnement bien analysé le collectif Vélorution :
La vitesse avec laquelle la CTS s’est précipitée pour interdire les vélos dans le tram au prétexte de mesure « sanitaire » et son affichage particulièrement abondant sur le tram, laissait bien soupçonner une mesure anti-cycliste.
Nous en avons la confirmation aujourd’hui.
Sous la pression des usagers du vélo, la CTS et l’Eurométropole, permettent un retour des vélos dans les trams de 19h00 à 7h00 à partir du 1er février. Des horaires qui étonnent quand on sait qu’il y a un couvre-feu entre 18h00 et 6h00. Sachant que le trafic des trams est interrompu entre 0h30 et 4h30…
L’Eurométropole et la CTS promettent de consulter des associations (piétons, vélos, personnes handicapées…) pour fixer de « nouvelles règles » et éviter les « crispations » (sic). On décide et après on discute, preuve que les mesures sanitaires n’étaient qu’un prétexte à une volonté interne.
Le collectif Vélorution regrette que les cyclistes soient finalement les victimes collatérales des difficultés sociales internes à la CTS et que la structure parapublique soit bien en peine de donner des chiffres ou des exemples des supposées situations de conflits.
C’est une étrange conception de la transition écologique, citoyenne et démocratique de prendre des décisions appréciées au doigt mouillé pour l’unique intérêt de la CTS.
Alors que 21 des 29 agglomérations françaises qui ont un tramway accueillent sans problème les cyclistes, Strasbourg fait pâle figure. Même Lyon a profité du déconfinement pour expérimenter cette autorisation.
Dans cette affaire, les personnes qui ont fait le choix du vélo pour des raisons économiques par conviction, pour leur santé ou pour leur sécurité, femmes seules le soir, jeunes enfants, conditions météo… ne sont pas prises en compte.
Plus que jamais nous maintenons notre Vélorution du samedi 30 janvier à 10h00 et nous appelons ceux qui veulent transformer Strasbourg à nous rejoindre nombreux pour une déambulation joyeuse, et néanmoins déterminée.
Nous demandons un retour à la normale pour l’accès des vélos dans le tram en journée, hors périodes de pointe. Ces créneaux peuvent être rediscutés en fonction des horaires du couvre-feu.
Le Collectif a d’ailleurs diffusé sur son compte Facebook de nombreux témoignages d’usagers mis en difficulté par le refus de la CTS d’accepter les vélos.
Enfin, on ne sait pas si on doit en rire ou en pleurer, mais la forme et fond de cette conférence de presse étaient sidérants. Aucun chiffre, des approximations, des affirmations au doigt mouillé…un ton péremptoire. Tout ceci n’est pas très sérieux quand il s’agit du quotidien des habitants de l’agglomération de Strasbourg.
On notera par exemple Patrick Maciejewski qui a dit que les vélos présentaient un risque en cas de freinage d’urgence du tram…ah bon ? Combien d’accidents ? Silence…. et enfin, et c’est particulièrement croustillant de la part d’un élu qui a milité contre le projet du GCO et pour la géothermie, Alain Jund rappelant qu’il recevait plus de demandes contre le retour du vélo que l’inverse. Combien de courriers ? Re-silence… Pas très sérieux tout cela. Ça sent la vieille politique.
Pour la partie démocratique…. c’est le premier coup de canif dans le contrat avec les Strasbourgeois.
Curieuse impression qu’on ne nous dit pas tout.
Pourquoi les vélos sont-ils interdits dans les tram, en vrai ? Quelles sont ces tensions avec les conducteurs de tram à propos des vélos ? Pourquoi seraient-ils contre ? Quelles sont ces « difficultés sociales internes » ? Pourquoi la CTS s’est-elle « précipitée pour interdire les vélos » ? Pourquoi les conducteurs sont-ils tellement sourcilleux dès qu’il y a un vélo qui rentre (messages, refus de redémarrer, etc…) alors qu’ils ne disent rien quand il y a des poivrots menaçants ou des bandes de voyous (non masqués…) qui gênent tout le monde ?
La situation d’avant était pourtant parfaite, vélos au fond et interdits aux heures de pointe, et voilà.
Pourquoi ne pas accepter les vélos dans les bus ?
Comment se fait-il que personne ne râle contre ces gens qui veulent investir les trams avec leurs vélos?
Les trams sont, hélas, pris d’assaut même en pleine journée, j’ai voulu rentrer jeudi dernier en tram à 15h30 place de l’homme de fer direction place de la Bourse, il était plein.
Une dame est entrée dans le tram bondé avec une poussette (elle en avait le droit ), on était bien serrés alors qu’une annonce nous rappelait qu’une distance d’au moins 1m était conseillée.
Alors imaginez avec des vélos!
Chers cyclistes, vous avez choisi le vélo, alors veuillez assumer ce choix et laisser la place aux voyageurs dans des trams souvent bondés!
Les usagers du vélo à Strasbourg ne demandent que le retour à la normale (accès au tram hors heures de pointes et si c’est possible). Les piétons ont des pieds ? Ils peuvent marcher… raisonnement assez court de vue dans la politique de déplacement globale.
Les cyclistes qui veulent prendre le tram, sont fainéants ! Qu’ils laisse la place aux piétons et surtout aux mamans avec leur poussette et aux personnes handicapées !
Les vélos étaient DÉJÀ interdits en heure de pointe et en cas de tramway bondé.
Les vélos dans la rue et pas dans les trams ! Ils ne respectent pas le code de la route alors comment vont-ils respecter les usagers du tram ? Les usagers sont déjà agglutinés dans les rames, avec les vélos en plus, il y aura à nouveau des accidents dans les rames ! Les chauffeurs ont raison, ce sont eux qui sont les premiers à être embêtés !
Avec des arguments comme cela on ne va pas loin. Les piétons ont des pieds, ils peuvent marcher… c’est ridicule ? Oui on le concède aussi ridicule que des vélos ne peuvent pas monter dans un tramway payé par la collectivité, c’est à dire par les impôts de tous, piétons, cyclistes… D’autant que d’après le code la route, le cycliste qui met pied à terre est considéré comme un piéton. Enfin, s’il faut autorisé l’accès de l’espace public uniquement à ceux qui respectent le code de la route, les voitures seraient interdites. (voir nos articles garées comme des merdes).
Quelle polémique… traduisant un niveau d’intolérance indigne. Entre les accusations mutuelles d’incivilités sur un ton qui me choque parfois (est il nécessaire d’être vulgaire ?) et la mauvaise foi , nous sommes bien mal partis . Que chacun soit bien attentif à ses propres comportements et à l’attention qu’il porte aux autres au lieu de réagir avec agressivité , et tout irait dans le bon sens, non ?
La tolérance me paraît être un minimum, mais également de l’empathie; il est plus sécurisant pour les personnes moins voyantes de prendre le tram à la tombée du jour. Comme cela, il est possible de faire également du vélo, le jour, pour ses déplacements. Et d’autres cas sont possibles, la sécurité par exemple, comme des zones ressenties comme glauques à traverser quand on rentre du travail après une certaine heures.
Mais il y a toujours eu une sorte d’agressivité quand on montait dans une rame avec son vélo, en dehors bien sûr des heures de pointes. Espace vital à préserver ?
A Montréal, les bus sont équipés de rack vélo à l’avant du bus; au moins, la personne qui monte dans le bus reste un piéton. Il semble qu’il faudra convaincre d’abord les chauffeurs. On fait un essai?