Tribune : intoxication à la géothermie profonde
Jean-Daniel Braun, membre de l’ADIR et qui avait porté le fer contre l’installation de la géothermie profonde au cœur du port aux pétroles, revient sur l’énorme campagne de communication de la filière géothermique dans la presse, et remet certaines pendules à l’heure.
Voici sa tribune
La communauté de la géothermie réunie il y a peu en congrès à Strasbourg a réussi à faire parler et écrire sur la technique de la géothermie profonde en véhiculant des phantasmes et des idées erronées destinés à leurrer un public d’élus et de citoyens peu au fait des spécificités de cette technique, qui ne présente aucune antériorité de fonctionnement dans la géologie d’un sous-sol similaire à celui de la vallée du Rhin supérieur.
La technique EGS
Celle-ci a été développée à Fenton Hill, USA, au début des années 1970, par le laboratoire fédéral de Los Alamos aux USA. Le nom Enhanced Geothermal System indique bien son origine. La traduction française, système géothermal activé, n’est jamais utilisée dans les publications. La littérature est largement suffisante pour prouver que ce n’est pas Électricité de Strasbourg qui l’a mise au point. Alors comment cette société peut-elle prétendre l’avoir développée ? Le but est de faire croire que les projets à venir seront réalisés avec une technique différente de celle utilisée antérieurement pour les autres projets de la vallée du Rhin supérieur, qui ont tous provoqué des dégâts importants aux bâtis, routes, voire voies ferrées. Landau, Bâle, St Gall, etc sont tous arrêtés après avoir englouti plusieurs millions.
Comment accorder quelque crédit à ceux qui tentent ainsi de nous induire en erreur ?
La géothermie, source d’emplois
ES indique que la mise en service de la centrale de Soultz permet la pérennisation de huit emplois, de personnes qui seront amenées à travailler également sur le site de Rittershoffen, voire éventuellement sur un troisième site. Quelle source d’emplois ?
Le coût du projet
Pendant près de 30 ans le groupement européen a injecté plusieurs dizaines de millions dans les essais erratiques de Soultz-sous-Forêts. Les huit millions récemment investis l’ont été pour remplacer le matériel corrodé et permettre une exploitation industrielle. La majeure partie de ces investissements est couverte par des subventions. Le prix de vente des KW garanti est subventionné par la contribution aux charges du service public de l’électricité (CSPE) payée par tout un chacun sur sa facture d’électricité.
Si ces projets étaient rentables, pourquoi EDF et le BRGM ont-ils vendu la centrale de Bouillante, géothermie volcanique, où l’eau jaillit naturellement du sol ? Ces projets ne sont en réalité intéressants financièrement que par les subventions perçues lors de leur développement. L’équilibre d’exploitation est difficile à trouver, compte tenu également des risques. Si ES ne présente que peu de risques financiers, que penser de la petite société qui n’a jamais réalisé de forages géothermiques ?
La filière industrielle
L’ensemble du matériel de forage est importé. À part Cryostar, les sociétés membres du cluster Geodeep ne sont pas des sociétés de production, donc pas de filière industrielle.
Islande
En Islande l’eau chaude jaillit en geyser en de nombreuses localisations. Maîtriser la géothermie ne nécessite pas de remaniement du sous-sol comme dans notre région. Comment peut-on en prendre exemple dans la vallée du Rhin ?
Prétendre avoir inventé la géothermie profonde de nouvelle génération, alors que cette technique est américaine et développée depuis le début des années 1970 montre bien le degré de confiance que l’on peut accorder à ceux qui courent après les subventions. Il est triste de voir que l’ensemble des manifestations, souvent patronnées pas des élus, n’a donné la parole qu’aux personnalités favorables et intéressées financièrement par cette technique. La démocratie aurait voulu que les opposants puissent également s’exprimer à la tribune.
Même si l’exemple de Lochwiller n’a rien à voir avec la géothermie profonde, il est intéressant de l’analyser. Les meilleurs experts internationaux essaient en vain de trouver une solution à un problème survenu sur un forage à 100 mètres de profondeur. Depuis plusieurs mois des essais ont été conduits en vain pour tenter de circonscrire les dégâts importants qui ne font que s’accroître. Alors la solution sera-t-elle trouvée en cas d’imprévu sur un forage à 4000 mètres ?
Comment expliquer que le politique n’identifie pas, dans les processus d’association des citoyens, un gain en termes d’acceptabilité sociale de ses décisions ?
Jean Daniel Braun
Séisme de 3,1 sur l’échelle de Richter à Strasbourg, plutôt vers le nord de la ville, vers 6 km de profondeur, pourrait être un évènement induit (c’est à dire causé par une activité humaine…).