Géothermie profonde : une communication sans faille
Depuis les épisodes sismiques qui ont touché Strasbourg et particulièrement la Robertsau en novembre, les regards se tournent vers le forage de géothermie profonde à Vendenheim-Reischtett.
Les scientifiques du Réseau National de Surveillance Sismique (RéNaSS – un volet du Service National d’Observation en Sismologie, labellisé par l’INSU) ne sont pas les perdreaux de l’année. Leur institut, dont les locaux sont à l’École et Observatoire en Sciences de la Terre (EOST) à Strasbourg, est une référence mondiale sur l’observation et l’analyse de la sismologie en France et dans le reste du monde.
Et justement l’une de leurs missions est « la discrimination entre la sismicité naturelle et anthropique (càd générée ou induite par l’homme : activités minières, explosions, déminage, production d’énergie géothermique). Autant dire qu’ils connaissent leur boulot. Il y a plusieurs milliers de secousses par an en France, et celle de Strasbourg n’est pas leur première.
Et leur conclusion est « Induite », donc causée par l’homme. Un article du journal Le Point va même jusqu’à affirmer « Les tremblements de terre qui ont secoué la commune de Vendenheim, au nord de Strasbourg, sont bien d’origine humaine. »
Mais voyez-vous, il y a deux forages de géothermie profonde dans l’Eurométropole, et nos chers décideurs ne peuvent en aucun cas avoir tort. Ils ont imposé contre l’avis de la population une technologie qui n’était pas mature, et qui n’a jamais montré qu’elle était sécure.
Là-dessus l’ADIR a organisé de très nombreuses réunions d’information et a écrit de nombreux articles documentés dans l’ECHO de la Robertsau pour prévenir les habitants des risques.
Une petite musique de communication : il faut distiller le doute.
D’un côté vous avez un bloc Eurométropole, industriels, préfecture qui nie en bloc l’implication de la géothermie dans les tremblements de terre, à l’image d’un Jean-Philippe Soulé, directeur général de Fonroche Géothermie :
« C’est un événement dissocié, il n’y a aucune relation de cause à effet. »
D’un autre côté, il faut absolument atténuer l’expertise des scientifiques, car le doute ne peut être que d’un côté.
C’est ainsi que les mots sont choisis avec soin pour atténuer l’impact du tremblement de terre et orchestrer une campagne contre ces scientifiques qui ont osé trop rapidement donner leur verdict défavorable aux désirs des princes.
Cela commence par un étrange titre des DNA pour évoquer les tremblements de terre qui sont qualifiés de « légers »… Les propriétaires des maisons dont les façades se sont fendues à Schiltigheim apprécieront le tremblement de terre light. (Voir reportage de StrasTV)
Cela continuera par toute une série d’articles pour distiller le doute.
Fonroche fait appel à une talentueuse société de communication de gestion de crise de la région strasbourgeoise ; les scientifiques du RéNaSS ont-ils également droit à une agence de communication ?
Du côté de Fonroche, pas de doute, mais il est impératif qu’il existe sur l’expertise des scientifiques !
Cerise sur le gâteau, nos élus se transforment en experts.
Lundi en conseil municipal, suite à l’interpellation de Thierry Roos sur le sujet, Robert Herrmann a déclaré :
« J’attends les résultats. J’ai regretté une expression un peu rapide du représentant du CNRS.»
Tu m’étonnes qu’il le regrette, c’est l’initiateur et supporter de la géothermie profonde, il n’a aucun intérêt à ce que l’on diffuse des informations qui ne vont pas dans son sens.
Et on réserve le meilleur pour la fin : Catherine Trautmann qui expliquait que l’algorithme chargé d’analyser les mouvements sismiques « doit être corrigé car il a donné un résultat incertain dans la suite qui en a été donnée au niveau de l’interprétation par le scientifique ».
En clair, pour Catherine Trautmann, il faut que les résultats rentrent dans la communication officielle, et même si c’est au chausse-pied. Pire, Catherine Trautmann demande bien aux scientifiques de changer leur logiciel pour arriver aux résultats qu’elle espère… Quel toupet !
Le coup du PPRT
Cela ne vous rappelle rien ? Mais si, le PPRT qui a dû être refait, car dans sa première mouture, les risques empiétaient tellement sur la ville qu’ils montraient réellement la dangerosité du port aux pétroles.
Le tout est confié à la DREAL qui dépend de la préfecture… autant dire que l’on est entre de bonnes mains.
La prochaine étape : vous expliquer que vous avez rêvé, et qu’il n’y avait pas de secousse !
Et dire que la géothermie est une des pistes avancée par les Écolos pour se desintoxiquer des énergies fossiles… (cf. commentaires de M.Hoffsess sur la liste strasbourgeoise).
A mon avis, un peu comme les bio-carburants, ou les voitures électriques, les politiques vont plus vite que l’état de la science. Le réveil n’en sera que plus douloureux…
Ce sera, en effet, très intéressant d’avoir ce débat : qu’est-ce qu’on envisage et entreprend pour nous préparer à la fin des énergies fossiles, que tous les experts et scientifiques, jusqu’à la CIA qui s’en inquiète pour des raisons géopolitiques, nous prédisent pour dans une génération (30 ans) ? Pour rappel, quasiment tout ce que nous produisons et consommons l’est grâce à ces énergies (pétrole, gaz, uranium). A peine 10% des énergies consommées à Strasbourg sont produites localement (heureusement qu’il y a l’hydraulique EdF du Rohrschollen). En outre, nos consommations, loin de diminuer, ce qui soulagerait un peu les perspectives, augmentent au contraire ! Non seulement on s’approche d’un mur, mais en plus on appuie sur l’accélérateur.
Priorité absolue, donc : baisser les consommations. Concrètement, moins de véhicules thermiques (voitures, camions) ; se méfier des véhicules électriques, de la trottinette au SUV, tant que cette électricité est nucléaire ; un effort démultiplié sur la rénovation thermique des bâtiments ; continuer la réduction des éclairages nocturnes ; réduire la production de déchets (vers le zéro déchet) pour économiser le coût énergétique de leur collecte et de leur traitement ; noyer la ville sous la verdure et les ombrières naturelles pour la tempérer en été (Météo France annonce des pics de chaleur à 50° en 2050) et éviter les consommations liées à la climatisation, etc, etc.
Priorité n°2, ensuite : oui, trouver des sources d’énergie alternatives aux fossiles, en permettant à chacun d’y avoir accès (solaire en autoconsommation, pompes à chaleur, pellets,…) par une facilitation de l’accès au conseil et des incitations financières, mais aussi en développant de grands projets d’énergies renouvelables, où toutes les sources d’énergies possibles à Strasbourg doivent être envisagées et en privilégiant celles qui proposent le « taux de conversion » du mix énergétique le plus efficient et le plus rapide. Le temps presse.
Dans ce contexte, fallait-il, faut-il négliger la géothermie profonde, compte tenu de l’histoire géothermale du fossé rhénan (forages pétroliers, thermalisme,…) ? Chacun en jugera.
Depuis 1973 et le premier choc pétrolier, la question revient régulièrement : va-t-on finir par manquer de pétrole ? Et la réponse est invariablement la même : oui ! Seule l’échéance évolue au gré de la conjoncture. Aujourd’hui, cependant, les grandes certitudes des spécialistes en la matière sont battues en brèche par une foule de nouveaux éléments. La théorie du Peak Oil, sur laquelle a été construit le scénario de la fin des énergies fossiles, est largement remise en cause. Elle prédit le début du déclin de la production dès l’instant qu’on aura produit (et donc consommé) la moitié des réserves existantes. Or, l’exemple des États-Unis suffit à battre en brèche ce beau principe. En 1971, le pays de l’oncle Sam avait, de l’avis de tous, atteint le fameux Peak Oil. Inexorablement, la production de pétrole US devait donc décroître régulièrement, selon une courbe de Gauss. Oui, mais l’exploitation de nouvelles ressources, comme le pétrole de schiste, a fait repartir la production à la hausse, au point que les États-Unis sont aujourd’hui redevenus le premier producteur mondial…
Ces pétroles dits “non conventionnels” n’ont, en fait, jamais été pris en compte par les géologues lorsqu’ils évoquaient la fin du pétrole, à l’aube des années 1980. Pourtant, les huiles lourdes du Venezuela (les plus grandes réserves mondiales), les sables bitumineux du Canada ou les pétroles de schiste représentent une part croissante de la production mondiale. Dans leur cas, l’élément-clé est le prix du baril. S’il se maintient aux alentours de 50 $, leur production va encore augmenter. Les progrès technologiques ont aussi une influence sur les réserves. Au début de la ruée vers l’or noir, on exploitait moins de 10 % des gisements. On dépasse, à présent, les 50 %. Ce qui permet la réouverture d’anciens puits. Le forage en eau profonde est désormais possible avec d’importantes perspectives. Enfin, on découvre encore de nouveaux gisements, qui recèlerait plus de 1 milliard de barils. La fin du pétrole ne serait donc pas pour demain, les réserves seraient suffisantes pour répondre deux fois à la demande actuelle, jusqu’en… 2050. D’autres experts vont plus loin. Si le prix du pétrole et la consommation mondiale se maintiennent au niveau actuel, il resterait 150 ans de réserves. Hormis par l’augmentation des taxes, il n’y a pas de raison de voir s’envoler le prix de l’essence, comme on l’a souvent prédit. La transition énergétique est donc plus une nécessité écologique qu’une obligation logistique. Or, tant que le pétrole abondera, il sera difficile de faire renoncer de nombreuses populations à cette énergie peu coûteuse. Une majorité d’humains cherche, en effet, d’abord à survivre avant de penser à sauver la planète.
La question est de savoir si les services de l’Etat, notamment la DREAL, sont là pour aider les entreprises à contourner la loi ou pour la faire respecter. De nombreux exemples montrent que c’est la première hypothèse qui est la bonne. PPRT du port aux pétroles, dépot de bois dangereux au port, pollution de l’eau sur l’ancien site de l’entreprise de nettoyage à sec, montagne verte je crois, geothermie, rejets atmosphériques des chaufferies bois, de l’usine d’incinération d’ordures, etc…
Effectivement très bonne question.
On ne va pas faire des reproches à ceux qui tentent de trouver d’autres sources d’énergies que le pétroles, face à ceux qui s’obstinent dans un modèle qui nous conduit dans le mur. En revanche, c’est bien le capitaine de l’Eurométropole qui a autorisé ces forages…
Suite à l’article du point
https://www.lepoint.fr/societe/alsace-un-projet-de-geothermie-profonde-a-l-origine-de-seismes-26-11-2019-2349537_23.php
L’autorisation préfectorale n’est plus accessible sur le site de la préfecture. ..
Inquiétant…
Fonroche déclare au sujet des 47 « micro »seismes dont 2 « mini » tremblements de terre à 5km sous La Robertseau : il y a quelque chose qui vie ….la plaque européenne bouge.
Oh non..
Ils on réveillé la plaque…on est foutu