Parking Coubertin : les Strasbourgeois spoliés
Une cérémonie a été organisée le 28 février pour « l’inauguration » du parking Coubertin. Ce monstre de béton en pleine ceinture verte a été paré de toutes vertus, mais dans l’affaire, ce sont les Strasbourgeois qui sont les dindons de la farce. Sur le fond comme sur la forme, c’est affligeant.
Avec l’inauguration du parking Coubertin, les Strasbourgeois ont perdu (hélas) encore de la surface de la ceinture verte. Mais cet espace qui leur appartenait est maintenant réservé pour le Crédit Mutuel et Adidas, les citoyens n’auront que des miettes qu’ils auront droit de payer à prix d’or.
Le parking Coubertin c’est 746 places sur sept niveaux, mais 600 places réservées pour le Crédit Mutuel et une centaine pour Adidas… Le reste est destiné aux visiteurs des entreprises. Autant dire tout de suite que si vous comptiez y stationner, c’est presque peine perdue en semaine.
Car le WE et en soirée, le parking est ouvert au public « moyennant 1,20 € de l’heure ». Parcus compte sur les évènements pour le remplir le soir (on demande néanmoins à voir).
Enfumage en série…
Tout d’abord, c’est le refus de la Ville (et de son porteur de projet Alain Fontanel) de construire des parkings dans les bâtiments du quartier d’affaires qui est une monstrueuse erreur. Les entreprises ont demandé, et on peut pour le coup les comprendre, d’avoir une offre de stationnement supplémentaire avant de s’y installer. Il n’y a pas de parking au quartier d’affaires ? Qu’à cela ne tienne, on va prendre du terrain aux Strasbourgeois en pleine ceinture verte.
C’était l’objet de la nébuleuse enquête publique d’août 2016 (voir notre papier Enquête publique au Wacken, l’Eurométropole avance masquée. Ça ne sent pas bon. Ça sent le béton.). Une enquête où le public était invité à s’exprimer sur :
le déclassement du domaine public de voirie d’une partie du parking sis à l’angle du quai du Canal de la Marne au Rhin et de la rue Pierre de Coubertin à Strasbourg-Wacken.
On n’en savait rien sur la finalité… Comment se prononcer si on ne sait pas à quoi va servir le terrain. La démocratie locale strasbourgeoise en action dans toute sa splendeur.
Au final, c’est un parking de 7 étages qui fait face au Parlement européen, qui grève la possibilité d’extension d’activité sportive et 4 500 m3 de béton en plein cœur de la ceinture verte. L’association Zona – Ceinture verte disait d’ailleurs à l’époque :
Ce silo à étages dans la zone non ædificandi de 1922, inconstructible, puisque les droits à construire sont épuisés (appel en cours à la CAA de Nancy), à deux pas de la piscine, des terrains de sport, de la piste cyclable, de la promenade de la berge, va constituer une nouvelle verrue paysagère au seul motif que le terrain est propriété de la Ville et disponible.
Un permis de construire pour 532 places et au final 746 ?
On ne sait pas si on doit en rire ou en pleurer, mais la présidente de Parcus, Caroline Barrière, a salué
un nouvel équipement remarquable et un projet ambitieux, fruit d’un partenariat fructueux (…) une réalisation maîtrisée, qui a respecté les délais et le coût prévu, de l’ordre de 10 M€
Au moment de l’annonce du projet, le budget annoncé était de 7 millions... Je ne sais pas si 3 millions de plus c’est maîtriser les coûts. Mais surtout le permis de construire était valable pour 532 places (PC6748217V0097 du 13 septembre 2017).
La SAS Coubertin a réalisé un permis modificatif « en loucedé »* le 9 avril 2018 pour porter le projet à 746 places. Une augmentation de 40 %… Bien évidemment le conseil municipal n’a pas été averti de cette augmentation spectaculaire !
Tandis que les Strasbourgeois avaient pour accéder aux équipements sportifs plus de 220 places, ils se retrouvent avec la moitié. Spoliés, les Strasbourgeois… Un point soulevé en novembre 2016 par Thierry Roos. (voir le débat en conseil municipal)
Si vous souhaitez un compte-rendu de l’inauguration plus « politiquement correct » lisez l’article des Dernières Nouvelles d’Alsace sous la plume de Valérie Walch « Strasbourg: Parcus ouvre un nouveau parking de 746 places dans le quartier d’affaires du Wacken« .
À bien des égards la construction du parking Coubertin est l’illustration d’une méthode politique portée par le premier adjoint Alain Fontanel.
- Transparence et démocratie locale : zéro
- Respect de la ceinture verte et du patrimoine des Strasbourgeois : zéro
- Intérêt général : zéro
Alors qu’une nouvelle phase de la réplique du Bucarest communiste du quartier d’affaire est en cours, il n’y a toujours pas de places de parking intégrées (d’après nos informations). Même cause, même effet ?
PS : Relevons que notre célèbre baron ayant rénové les jeux olympiques s’appelait « de Coubertin ». Parking « de Coubertin » eut été un peu plus respectueux de la part de l’entreprise Parcus, tout comme on dit le parc « de Pourtalès ».
*Nul doute que le permis modificatif a bien été affiché. Mais Parcus s’est bien gardé d’en faire une large publicité pour cette augmentation de 40 % dans le débat public !
On voit bien les supporters de la SIG s’entasser dans ce parking, les soirs de match, et mettre des plombes à s’en désincarcérer après le coup de sifflet final…
Ce parking est la cerise sur le gâteau de la concrétisation du dogme de la métropolisation, qui, sous prétexte de « compétition mondiale des villes et métropoles », lance Strasbourg dans une course sans fin vers le toujours plus. Résultat : l’engorgement bagnolard (puisque, bien sûr, on est incapable d’imaginer autre chose que d' »améliorer-les-accès-en-voiture-pour-permettre-aux-entreprises-de-venir-s’implanter », en oubliant qu’on a une ligne de tramway sous-fréquentée qui traverse ce quartier) et la vampirisation des territoires voisins, que ce soit la région de Saverne (Adieu, Adidas!) ou Illkirch (Adieu, Puma!). Au secours, les gilets jaunes !
Quant à la ceinture verte, on peut compter sur nos métropolitanistes pour dézinguer vive fait, bien fait ce qu’il en reste. Nos enfants les accuseront.
Tss tsss… pour le « de », quand un nom à particule fait plus d’une syllabe sonore et qu’il est utilisé seul (sans prénom ni titre, fonction ou grade), on laisse tomber la particule. C’est une règle qu’on connaît au Figaro, par exemple, et qu’on ignore (ou veut ignorer) dans Libé, forcément…
La Fontaine, Richelieu, Balzac, Montherlant, Montesquieu : quand on utilise le nom seul, on ne met jamais leur « de », pareil pour Coubertin.
Merci Zorro pour cette mise à niveau de nos connaissances des règles de la langue française. Il faut dire que celle là, il fallait la trouver ! bravo !
Comme quoi, on en apprend tous les jours avec le Blog et ses lecteurs.