Restructuration des lignes de bus à la Robertsau… la CTS va-t-elle vous forcer à prendre le tram ?
On pensait que le lancement du nouveau réseau Nord serait la touche finale à la modification des tracés des bus. Mais la CTS compte bien, à l’occasion de l’inauguration de l’extension du tram E, réorganiser le réseau bus.
L’extension du tram E souffre d’un défaut particulièrement handicapant pour la CTS : la ligne de bus 6 fait aussi bien, voire mieux. Avec son tortillage par le Wacken, la ligne de tram fait un détour qui lui fait perdre du temps. La ligne 6 a en plus un avantage certain, elle vous conduit au centre ville de Strasbourg sans aucune rupture de charge. Comment alors justifier les millions dépensés pour l’extension du Tram E ? Sans compter les couts d’exploitation qui ne sont pas, et de loin, neutres ?
C’est même d’ailleurs pour cela que la CTS souhaite réorganiser son réseau bus. Comme les couts d’exploitation du tram augmentent, elle veut faire baisser ceux des bus pour conserver « un équilibre budgétaire ». Mais est-ce que la qualité de service sera au rendez-vous ? Les usagers vont-il bénéficier d’une vraie amélioration globale ? Pas sûr.
Comme nous l’écrivions il y a déjà quelques années (en février 2013- Extension de la ligne E : la stratégie de Kaa !) aller au centre ville avec le bus est souvent plus rapide qu’avec le tram. Dès lors, comment forcer ces satanés Robertsauviens à prendre le tram plutôt que le bus, comme la si pratique ligne 6 ? En la raccourcissant pardi !
La ligne 6 raccourcie et un Flex’hop !
Dans un projet de réorganisation qui circule (voir plan ci-dessous- précision qu’il ne s’agit que d’un document de travail, et aucun cas d’un document officiel de la CTS, ni encore d’une version définitive), l’association ASTUS propose :
- L1 : déviée avec terminus à Pont Phario
- L6 : déviée avec terminus à Robertsau Boecklin
- Ligne 15a : raccourcie entre République et Conseil des XV
- Ligne 30 : rien ne change
- Ligne 72 : terminus Papeterie/Niederau et République OU Pont Phario en HP matin et soir
Une nouvelle navette :
- Boecklin – Mélanie – Lamproie – Pourtalès
et la création d’une ligne Flex’Hop :
- Robertsau Boecklin – Schott – Doernel /Muehlwasser – Pont Phario (en savoir plus sur Flex’Hop)
L’association propose en plus la création d’un P+R face à la rue de la Roue dans la perspective de l’extension de la ligne de tram E au-delà de Papeterie/Niederau avec la création d’une liaison piétonne en correspondance avec les lignes 30, 70 ou 72.
Ce document n’est pas si éloigné de celui proposé par la ville de Strasbourg en 2016 qui déjà prévoyait un glissement de la ligne 6 par la route de la Wantzenau et qui proposait (sans rire) aux élèves du collège de remonter la quasi totalité de la rue Jeanne d’Arc….
Quelles conséquences ?
La ligne 6 serait donc raccourcie et ne débuterait qu’à la station de tram Boecklin. Dès lors, une personne de la cité de l’Ill souhaitant se rendre au centre ville, place des Halles, devrait prendre :
- La ligne 70 ou L1 pour rejoindre le terminus du tram E / Papeterie / Niederau
- Prendre le tram E jusqu’à la station Boecklin ou République
- Puis la ligne 6 jusqu’à la place des Halles
Deux ruptures de charge au lieu d’un trajet direct… Ce n’est pas ce que l’on peut appeler une amélioration.
Notons que dans ces projet, la rue Boecklin perd également son bus L6 tout en étant ignorée par la L1. Comment donc aller faire ses courses chez les commerçants robertsauviens ? N’y aurait-il de place que pour la voiture ?
La CTS justifierait ce rabotage par l’impossibilité d’avoir deux lignes parallèles : la ligne 6 et le tram. On pourrait dire qu’il fallait y penser avant de lancer le projet d’extension.
Faire d’abord et réfléchir ensuite
On voit bien là une méthode qui est presque une marque fabrique strasbourgeoise : faire de manière dogmatique quelque chose, et réfléchir aux conséquences après.
La municipalité avait tellement envie d’imprimer sa marque idéologique sur le quartier qu’elle a non seulement réalisé une extension du tram en dépit du bon sens mais en plus pour la justifier, elle s’oblige à une complexe réorganisation du schéma des bus, quitte à détruire ce qui fonctionne. On voit bien là le problème de fond, dans l’enquête publique, l’extension du tram aurait dû prévoir déjà à l’époque un schéma global (tram, vélo, voiture, piéton, bus…). Doux rêve décidément à Strasbourg.
La ligne 6 fonctionne. Elle est une colonne vertébrale qui irrigue le quartier et qui permet de se rendre au centre-ville sans rupture de charge. Il ne faut pas y toucher… !
Deux choix ont déjà été fait : celui du tram qui ne passe pas à travers le coeur du quartier, mais à côté… et celui de la zone bleue. C’est un peu la politique du fait accompli. Si réorganisation il doit y avoir, cela doit concerner l’ensemble des moyens de transport. On revient à ce projet de tram mal né, car on nous a refusé le droit de réfléchir à un plan de déplacement global.
Si l’objectif est de baisser la pression rue Boecklin, on peut demander sans problème à la voiture de faire des efforts… et cela n’en prend pas le chemin.
Il n’y a aucune proposition d’amélioration pour les vélos rue Boecklin ou route de la Wantzenau, encore une fois, on fait passer les vélos par l’extérieur (le long de la ligne tram, là où il n’y a aucun commerce) en réservant le privilège de l’accès aux commerces aux seuls véhicules polluants.
La création de ruptures de charges est une régression même si on a les meilleures intentions du monde, et l’on perdra de l’influence du transport en commun tout en complexifiant le parcours de l’usager. Enfin, il est inenvisageable que la rue Boecklin ne soit pas desservie par un transport en commun régulier, efficace et sans rupture…
La proposition de l’ASTUS a une vertu, celle de faire réagir et/ou réfléchir. Si vous souhaitez participer au débat contactez les par courriel : astus67000@gmail.com
MAJ / dimanche 28 octobre : Christine Geiler Legros, la présidente de l’association Carsan nous signale un oublie dans notre article :
Vous n’avez pas parlé de la disparition de la navette actuelle. Le secteur Angle-Kempf ne sera plus irrigué, ni le futur secteur Mélanie-Pourtalès. Et le secteur St Anne n’aura plus que le 70 qui ne circule pas le dimanche. A noter que cette navette a beaucoup de succès (pleine un dimanche à 17h, je peux en témoigner).
Effectivement, merci pour cette précision. On va faire un article spécifique sur la Navette. Le Blog.
C’est tout de même lamentable de voir l’ASTUS, censée défendre les usagers des transports en commun, cautionner les ruptures de charge.
En particulier pour la ligne 72, obliger à une correspondance à la Papeterie c’est dissuader de prendre le bus. Compte tenu des fréquences du 72 (actuellement un bus par heure), on risque d’attendre longtemps sa correspondance en arrivant avec le tram à la Papeterie!
C’est pas possible, ils peuvent pas faire ça. Priver le centre économique de la Robertsau d’un transport en commun, c’est aberrant…