Classement en réserve naturelle de la forêt de la Robertsau : la contribution de Christine Geiller Legros

Classement en réserve naturelle de la forêt de la Robertsau : la contribution de Christine Geiller Legros

Nous publions ci-dessous la contribution de Christille Geiller Legros la présidente du Carsan dans le cadre de l’enquête publique sur le classement en réserve naturelle de la forêt de la Robertsau.

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Nous publions ci-dessous la contribution de Christine Geiller Legros la présidente du Carsan dans le cadre de l’enquête publique sur le classement en réserve naturelle de la forêt de la Robertsau.

Vous avez encore quelques jours pour transmettre votre contribution aux commissaires enquêteurs, l’enquête va se clore le 23 février 2018.

Christine Geiller Legros à la réunion de présentation de l’enquête publique – Photo Blog de la Robertsau

Sans transparence, pas de confiance.

  • La « Notice de Présentation Générale » de 167 pages n’est pas mise en ligne, il faut la demander à la DREAL ! Pourquoi ? On y trouve pourtant des informations essentielles pour comprendre ce dossier !
  • D’après l’étude MICA RESEARCH (« fréquentation des forêts péri-urbaines »), 400 000 personnes fréquenteraient chaque année la forêt de la Robertsau. Selon quelles modalités cette étude a-t-elle été menée ? Question importante, puisque c’est sur la base de cette donnée, que la forêt est qualifiée de « fortement fréquentée », justifiant ainsi son classement en RNN pour sa préservation.
  • Les opérations qui permettront d’atteindre les objectifs de conservation seront connues de manière précise seulement après que le classement de la forêt en RNN aura été prononcé 3. Donc accepter le classement sans avoir ces informations revient en quelque sorte à « signer un chèque en blanc » !
  • Aucune information précise sur le coût des actions qui seront menées suite à ce classement (il est pourtant parlé d’un « projet d’ampleur »), ni sur les financements.

« Faire revivre la forêt » […] se rapproche(r) le plus possible du fonctionnement originel (5) » : retour illusoire à un passé mythifié ?

  • Passé rêvé et nostalgie d’un monde où, sous la chaleur bienveillante du Soleil, les noces du Rhin et de l’Ill fécondaient la jungle rhénane foisonnante….
  • Monde réel hostile où les riverains redoutaient les crues dévastatrices du Rhin, où les marécages étaient infestés de moustiques, où, dans la Robertsau, tandis que l’on construisait les églises protestante et St Louis, 1/4 des malades souffraient de paludisme (6) .
  • Mais en endiguant, puis en canalisant le Rhin, en supprimant la quasi-totalité des inondations, en faisant baisser la nappe phréatique (environ 60 cm7), les hommes ont sécurisé et assaini cet espace. Sans que disparaisse la très grande richesse faunistique et floristique du site.

Préserver la forêt de la Robertsau ? La collectivité s’y emploie déjà avec succès depuis 30 ans !

  • La richesse floristique et faunistique actuelle y est reconnue comme remarquable : 9 000 espèces de plantes, 260 d’oiseaux, zone de reproduction de poissons grands migrateurs, 2ème lieu d’hivernage pour les oiseaux d’eau après la Camargue : voir le résumé de l’étude scientifique (p 6 et 7).
  • Donc, la participation au réseau Natura 2000 (avec des préconisations très précises), l’inscription à l’inventaire des Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique et l’intégration au site RAMSAR/RhinSupérieur ont déjà montré leur efficacité.

A-t-on mesuré de manière vraiment objective l’impact des actions rendues possibles par ce classement en RNN ? Car l’enfer est pavé de bonnes intentions.

  • Ré-inondations du site8 : quels risques pour la Robertsau ?
  • Il est prévu de reconnecter entre eux les différents cours d’eau et de ré-inonder le site en fonction des crues de l’Ill et du Rhin.
  • Avec les aménagements du Rhin, la nappe phréatique a baissé (- 60 cm). Pourtant une grande partie de la Robertsau est déjà en zone inondable par remontée de cette nappe (voir le PPRI). Quel effet auront les ré- inondations régulières sur le niveau de cette nappe qui affleure déjà par endroits ?
  • autant plus que les pompages d’eau qu’opérait la raffinerie de Reichstett et qui contribuaient à maintenir le niveau de la nappe phréatique n’existent plus, puisque la raffinerie est fermée.

« Le réseau de mares (sera restauré) afin d’entretenir les milieux d’eau stagnante »3. Et les moustiques ?

  • La prolifération des moustiques qui profiteront inévitablement de cette aubaine pour pondre leurs œufs a-t- elle été sérieusement prise en compte ? La Ville de Strasbourg préconise le « zéro-phyto ». Par cohérence maintiendra-t-elle cette position, même si le Comité Consultatif de la Réserve conseille un traitement anti- moustiques ?
  • Le moustique-tigre est durablement installé en Alsace. C’est une espèce connue pour être « opportuniste » grâce à sa capacité remarquable d’adaptation à l’environnement (voir le site de l’OMS). Ses œufs peuvent résister à l’état sec pendant très longtemps, ses larves (à condition que la quantité d’eau soit suffisante) peuvent survivre pendant plusieurs mois à des températures fraîches (la souche européenne peut traverser une période de développement ralenti durant les mois d’hiver). Les moustiques-tigres repérés à Bischheim et à Schiltigheim le prouvent. Ce moustique, opérationnel toute la journée, est le vecteur de maladies graves. Or la lutte sanitaire contre lui est très difficile, comme le montre l’échec de la campagne de démoustication menée à Schiltigheim en 2015. N’y a-t-il pas lieu de bien réfléchir à ce risque sanitaire ?

Un même avenir pour la forêt du Rohrschollen et celle de la Robertsau ? Et les Hommes ?

  • Avant son classement en RNN, la forêt du Rohrschollen était très fréquentée pour la baignade, la plaisance, la pêche, il y avait même une guinguette. Aujourd’hui, sa fréquentation a énormément baissé : 25 fois moins que celle de la Robertsau selon l’étude MICA RESEARCH !
  • Donc le classement en RNN implique de limiter drastiquement l’accès à la forêt de la Robertsau. Dans une ville de plus en plus dense, est-ce bien acceptable ?
  • « Il est interdit de troubler ou de déranger les espèces d’animaux non domestiques » (article 6 du décret).
  • On ne pourra y emprunter, sous peine de verbalisation, que des chemins «officiels» moins nombreux qu’aujourd’hui, surtout dans la partie Est9 ; les interdictions y seront multiples (sur les 25 articles du projet de décret, 13 y sont consacrés).
  • Il sera possible, grâce au classement en RNN de ré-inonder le site en fonction des crues (mars-avril pour l’Ill ; mai-juin pour le Rhin). Il sera donc inaccessible et interdit au public.
  • Pourtant le contact avec la nature est un besoin vital pour les citadins ! D’autant plus qu’à Strasbourg est prônée la densification urbaine. Ainsi les nouvelles urbanisations prévues par le PLUi (y compris à la Robertsau) verront des densités d’au moins 20 500habitants par Km211, quasi parisiennes (Paris : 21 154 h/Km2) !

Parce qu’avec le classement de la forêt en RNN et la bétonisation les Strasbourgeois sont doublement perdants, parce que les objectifs réels de ce classement sont ambigüs, non à la réserve naturelle, oui à la l’intégration de la forêt de la Robertsau dans le parc naturel urbain.

Christine Geiller Legros

 

1 – Note de présentation p16
2 – Notice incidence socio-éco t2 p69
3 – Notice de présentation générale p 75
4 – Communiqué d’Alsace Nature du 9 Février dernier 5 – Notice de présentation générale p 137
6 – J CALLOT : le paludisme en Alsace-Moselle

7 – Notice présentation générale p21
8 – Notice de présentation générale p79
9 – Notice Incidence socio éco carte p 42
10 – Note de présentation p9
11 – minimum imposé de 100 logements/ha X nombre moyen d’occupants

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