[Tribune] Foyer Saint-Louis : pour un grand débat

[Tribune] Foyer Saint-Louis : pour un grand débat

Si on devait faire une contribution au “Grand Débat National” qui agite les esprits ces temps- ci, on raconterait l’histoire récente du foyer Saint-Louis, avec, comme sous-titre, un truc du genre “les petits David contre les gros Goliath” pour rester dans un registre biblique.

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« Du côté des Goliath, au premier rang : la paroisse qui semble avoir oublié, dans cette affaire, tout le sens du message évangélique “Urbi et Orbi” que son curé assène à ses ouailles tous les dimanches. La vocation religieuse de cette paroisse-là ne fait pas de doutes, c’est sa vocation sociale qui fait désormais défaut, à savoir son ouverture aux autres et notamment à son quartier.

Où en serions-nous aujourd’hui si, face aux problèmes de gestion de son foyer, elle s’en était ouverte aux Robertsauviens, à leurs associations et à leurs représentants élus, leur proposant de chercher avec eux une solution ? Si elle avait été consciente de la place de cet édifice dans la vie du quartier, de sa localisation au coeur de la Robertsau et de l’attachement que les habitants y portent ?

Au lieu de cela, elle s’est comportée en citadelle sûre de son fait, en banal propriétaire privé arcbouté sur ses calculs, très loin de l’esprit de Concordat qui impose un statut public à nos églises, donc une responsabilité publique au moindre de leurs actes.

Du côté des Goliath encore : la municipalité, qui a cru bon de bêtement s’aligner sur sa conception étroite de la laïcité (donner aux catholiques ce que les protestants, les musulmans et les bouddhistes ont eu) ; qui n’a pas compris l’enjeu d’urbanisme majeur que portent le foyer Saint-Louis et ses cours, derniers espaces où il est possible de faire autre chose que du béton ; qui semble même, dans certains de ses cercles, avoir voulu punir les Robersauviens, éternels râleurs, trop batailleurs pour leur cadre de vie, trop remontés toujours contre l’urbanisation à marche forcée de leur environnement.

Une frange de cette municipalité-là méprise les Robertsauviens, coupables de trop aimer leur quartier et de trop réclamer d’être associés à ses évolutions.

À côté de cette connivence entre la paroisse et la municipalité, on fera grâce au promoteur Icade, qui fut, au début, le bras armé de leurs funestes projets de bétonnisation en cascade du foyer, de ses cours, du “jardin du curé”, du terrain en face de ce jardin et, sans doute, du terrain de l’actuelle mairie de quartier.

Face à la multiplication des recours juridiques contre les quatre permis qu’il avait obtenus, Icade a préféré jeter l’éponge, en demandant le retrait de ces permis. On trouve toujours chez les acteurs économiques la lucidité qui fait défaut à nos institutions.

Aujourd’hui, il n’y a plus aucun permis, les compteurs sont remis à zéro.

Et, pour finir, il y a eu les Goliath de second rideau : archevêché et préfecture, qui ont laissé faire, quitte parfois à tordre leurs principes, voire les règles.

On ne saura sans doute jamais les détails du pacte qui liait ces puissants et on restera bouche bée devant l’outrecuidance qui a pu les amener à imaginer une des pires opérations d’urbanisme que la Robertsau aurait jamais connues.

Comme dans l’histoire biblique, la fronde des petits David robertsauviens a atteint ces Goliath en plein front, les faisant s’écrouler comme une seule masse. Mais à quel prix ?

Au prix d’un nombre inestimable d’heures bénévoles, passées en réunions, en lectures de dossiers, en actions militantes, en écritures de lettres et de recours, au détriment de ses loisirs, du temps familial et, parfois, de son travail. Au prix sonnant et trébuchant de contributions financières toujours exorbitantes pour payer les actions et les recours. Au prix surtout du sentiment d’être pris pour partie méprisable et méprisée, porteur d’une parole qui ne vaudrait rien parce que portée par quelques quidams. Au prix, ce fut le comble, d’être accusés d’égoïsme, d’irresponsabilité, d’incapacité à comprendre les enjeux collectifs !

Tout cela ne vous dit rien ? À la Robertsau, les gilets seraient plutôt verts que jaunes, mais les causes profondes de la fronde sont les mêmes : arrogance des puissants, connivence des élus avec les élites, déclin du sens de l’intérêt général, incapacité à débattre et réfléchir ensemble, mépris des citoyens,… À la Robertsau comme en France, les rouages quotidiens de notre démocratie sont grippés et cette Affaire Saint-Louis en est emblématique.

Alors, nous proposons à notre maire, actuel ou futur, de faire du Macron : puisque les jeux sont à nouveau ouverts, suite à l’abandon des permis par Icade, faisons sur le cœur de la Robertsau le Grand Débat que le collectif et l’ADIR réclament depuis des années. C’est la seule marche à suivre pour sortir par le haut de cette affaire. Autant ne pas la louper.

Marc Hoffsess

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