Hervé Bub : les pêcheurs ne comprennent pas pourquoi
Les pêcheurs de la Robertsau pétitionnent. En cause, l’interdiction de pêcher dans la future réserve de la forêt de la Robertsau. En creux, ils dénoncent une vision administrative du dossier.
Les pêcheurs de la Robertsau pétitionnent. En cause, l’interdiction de pêcher dans la future réserve de la forêt de la Robertsau. En creux, ils dénoncent une vision administrative du dossier.
Cela fait longtemps que nous connaissons les pêcheurs de l’AAPPMA Robertsau 1903. Ce sont de vrais amoureux de la nature, qui viennent se détendre au bord de l’étang du Rohrkopf et pratiquer une pêche « no-kill ». Nous ne sommes pas des viandards, aiment-ils à rappeler.
Quelle ne fut pas leur surprise d’apprendre à la réunion de présentation du projet de classement en réserve naturelle de la forêt de la Robertsau (le 12 décembre 2017) que la pêche serait interdite à l’avenir.
Depuis, ils se mobilisent, écrivent des tribunes et organisent des pétitions.
Incompréhension sur les raisons de l’interdiction
Partenaires depuis de nombreuses années de la Ville de Strasbourg, les pêcheurs contestent les arguments présentés par l’administration :
La pêche dans la forêt de la Robertsau est pratiquée depuis de nombreuses années dans le cadre d’une convention qui unit la ville de Strasbourg et la fédération de pêche. La règlementation, prévoyant notamment une interdiction la pêche du 15 avril au 30 septembre, y est plus restrictive qu’ailleurs. A ce jour, aucune incivilité n’a été signalée, ni par le propriétaire, ni par le locataire. La naturalité des lieux attire le pêcheur qui peut pratiquer son activité en toute quiétude dans un environnement préservé. Les craintes de sur-fréquentation halieutique de ce territoire ne sont pas fondées. Quant à l’impact de la pratique de la pêche sur la loche de rivière, une espèce à forte valeur patrimoniale, il est également infondé. L’espèce n’est pas capturable à la ligne !
Les coupes d’arbres de la ville font plus de mal à la forêt que les pêcheurs
Le Blog de la Robertsau a rencontré Hervé Bub, le président d’honneur des pêcheurs AAPPMA Robertsau 1903. Il s’exprime sur les raisons de la colère et fait des propositions.
Il s’étonne par exemple des coupes d’arbres réalisées par la Ville dont les morceaux tombent dans les cours d’eau et les obstruent.
Un constat que faisait déjà Robert Grossmann dans une lettre publique envoyée au maire de Strasbourg et que publiait Rue89 Strasbourg le 30 juin 2016 (Tribune : Robert Grossmann, « la forêt de la Robertsau est dans un état d’abandon »)
Lorsqu’on s‘y promène on ne peut manquer d’être frappé par une sorte de déshérence, un vrai laisser aller. Tout au long des chemins et des sentiers, des troncs jonchent le sol et pourrissent. (…)
Aujourd’hui, on a le sentiment que nettoyer les bois et curer tous ces canaux à eaux stagnantes entrelacés dans la forêt n’est plus à l’ordre du jour. Je me demande si ce laisser aller est volontaire et si la méthode actuelle de gestion de la forêt ne consiste pas, pour la municipalité, à la laisser pourrir sur pied.
Un parcours pédagogique pour de la nature du Rhin
Entomologiste amateur, au point d’écrire un livre sur le sujet, Hervé Bub n’est pas peu fier de nous montrer le parcours pédagogique que les pêcheurs ont « aménagé » autour d’une résurgence de la nappe phréatique. Comme une preuve supplémentaire de l’extraordinaire connaissance du terrain des pêcheurs.
Par la voix d’Hervé Bub, les pêcheurs montrent leur attachement et surtout la connaissance profonde du milieu naturel de la forêt de la Robertsau. À aucun moment ils n’ont été consultés pour la mise en place de la réserve naturelle. La vision administrative de l’environnement va-t-elle finalement faire naitre des oppositions radicales au point de faire capoter un projet qui faisait consensus à l’origine ?
La proposition d’autoriser la pêche quelques mois par an n’est-elle pas raisonnable, quitte à la faire évoluer ou l’ajuster plus tard ?
En tout cas, la réunion publique de la Robertsau de lundi prochain risque d’être animée sur ce point.
» Des troncs jonchent le sol et pourrissent » ??? C’est pas normal, ça, dans une forêt naturelle ?
« La connaissance profonde du milieu naturel » ??? Les pêcheurs ? Quelques-uns peut-être…
Quant aux autres, ce qui ne font pas la différence entre un gardon et un rotengle, (vécu ), entre le chant d’une rousserolle effarvate et celui d’un rossignol, il existe bien d’autres endroits pour pratiquer leur « passion ». Même plus de fermeture générale annuelle !
La dernière fois que mes quêtes de nature préservée m’ont amené dans la forêt de la Robertsau, j’en suis revenu avec un sac à dos chargé de déchets divers, et malheureusement beaucoup de ces déchets provenaient de la pratique halieutique : embrouille de fil de moulinet, (dangereux pour la faune ! ) boîtes plastiques ayant contenu des appâts, canettes de bière, plioirs plastique, papiers alu gras et mégots, dans l’eau et sur la rive, même un scion de canne en fibre de verre avec sa ligne complète ! Dangereux, ça, encore, pour la faune ! Sur le Steingiessen, un cygne tuberculé évoluait avec un leurre métalique dont une branche de l’hameçon triple était planté dans sa gorge ! L’année d’avant, c’était un grèbe huppé avec un fil de nylon qui lui sortait du bec…Triste spectacle …Sans parler des plombs qu’ingurgitent les anatidés… La future réserve naturelle n’a pas besoin des utilisateurs de la nature quels qu’ils soient. Nombre de gens respectueux, dont moi-même, sont prêts à restreindre leurs pérégrinations au profit de la Nature.
Les animaux n’appartiennent pas à l’homme, les poissons ne sont pas des objets d’amusement.
Laisser la faune et la flore tranquille !
Un ancien pêcheur, repenti depuis plus de quarante ans, et qui a troqué ses instruments de torture contre des jumelles et un appareil photo.
JYP