Friches LANA : les tours tombent à l’eau !
Le maire de Strasbourg a finalement reculé sur le projet d’immeubles que la Ville projetait de construire sur les friches de l’entreprise Lana à la Robertsau. Constatant un « point de blocage », Roland Ries et le promoteur Edifipierre proposent désormais 30 villas à la place de 280 logements.
On se demande encore pourquoi c’est Roland Ries qui est venu présenter un projet privé lors d’une conférence de presse. Lui qui est pourtant un « stakhanoviste de la démocratie locale » aurait certainement mieux fait d’en parler directement aux associations de quartier et aux habitants plutôt que devant 2 journalistes et votre serviteur.
Arrivé avec son 1/4 d’heure de retard habituel (il a dû louper beaucoup d’avions dans sa vie…), il déroule sans passion une fiche avec les éléments de langages que son cabinet lui a préparés :
Les conditions d’acceptabilité du premier projet présenté en 2017 n’étaient pas réunies. Les critiques étaient fortes, et l’on était dans une situation de blocage. Je me réjouis du projet repensé que l’on m’a présenté cet été.
Les critiques fortes, c’est le moins que l’on puisse dire, mais la situation de blocage, on ne sait pas où il est allé la chercher, car le projet avait le feu vert avec la modification du PLUi N° 1, et comme le permis de construire n’était pas déposé… rien n’était bloqué. À moins qu’il n’évoque l’angoisse du futur candidat à sa succession de gérer un dossier où toutes les associations de la Robertsau étaient déjà vent debout.
Pour l’adjointe de quartier de la Robertsau, il faut appliquer à la lettre le Plan Local d’Habitat (PLH) :
80 hectares ont été réservés pour l’agriculture. Pour respecter les objectifs du PLH, il faut construire à la Robertsau 150 logements par an. La friche LANA doit être urbanisée.
Francis Meppiel, le président d’EDIFIPIERRE, a semble-t-il vécu un été propice aux « idées novatrices » :
Edifipierre rénove actuellement le 44 rue d’Ypres, et c’est en montant au dernier étage que je me suis dit que le quartier des 15 avec ses grandes villas était le modèle. Nous souhaitons donc faire le nouveau quartier des 30 entre le parc de l’Anguille et l’eau d’où son nom « Parc’éo ».
Fini donc les tours, et place à un ensemble de 30 villas (R+1 ou R+2) avec triple orientation, dont 25 % de logement sociaux. Si la surface urbanisée reste la même, 10 000 m2, le nombre de logements a fondu de moitié passant de 280 dans le premier projet, à 130/150 dans la proposition du jour.
Les villas de 350 m2 peuvent être vendues d’un seul tenant ou en tranche, le prix grimpe un peu et devrait se situer aux alentours de 4100 € le m2. Il y a aura des commerces sur l’esplanade qui donne sur la rue de l’Ill et les cheminements le long du Mulhwasser sont maintenus.
Les raisons du changement ? Francis Meppiel affirme avoir été sensible aux « remarques » sur sa première proposition :
Je suis un homme ordinaire et j’écoute. On échange, on débat et un jour on se dit « tiens c’est ça que l’on doit faire » en fonction des réunions et des ateliers que nous avons eus.
Le promoteur rappelle qu’il s’agit bien d’un projet privé. Pour l’instant, il ne s’agit que d’une proposition, même si les changements ne concernent pas la philosophie générale mais plus la marge.
Premiers coups de pioche espérés dans un an, pour des travaux en trois tranches, 10 maisons par 10 maisons. Juste avant les élections municipales.
Notons l’absence de l’adjoint à l’urbanisme à la conférence de presse…
La discussion, la concertation, l’échange avec les habitants et les associations, bref la co-construction qui nous est chère pour le Parc Naturel Urbain a des vertus insoupçonnées. Elle produirait chez les élus et chez les promoteurs une réflexion intérieure source d’idées nouvelles. Nous ne pouvons que nous réjouir de ce tout premier pas. Si l’approche des élections municipales est un facteur favorisant de ces visions nouvelles, nous ne pouvons également que nous en réjouir pour la Ceinture Verte. Car elle aurait bien besoin d’un « retour vers le passé » aux origines des lois qui dans l’esprit du maire socialiste Jacques Peirotes ont créé ce projet visionnaire. Nous sommes optimistes de nature, car lorsque le bien-vivre ensemble, l’intérêt public, l’avenir de notre climat, de notre santé et de notre planète sont en jeu, personne ne peut rester arc-bouté sur une position dogmatique. Attendons maintenant la réaction des habitants et des associations à ce nouveau projet Lana.
Ce que j’adore c’est la faculté de retournement de veste de nos chers élus, capables à un an d’intervalle de prendre position avec le même aplomb pour une proposition radicalement différente ! Le promoteur de son côté a vu l’affaire du foyer St-Louis avec l’abandon du projet face à la résistance des habitants et s’est dit qu’il était de son intérêt d’aller dans le sens du vent plutôt que de tout laisser tomber. Je me souviens encore des explications péremptoires des elus de quartier sur le foyer St-Louis au départ . Dans la même veine, la vaine recherche d’un commerce au pied de la tour Schwab …
bon résumé….
Moi, j’adore le pêcheur sur sa barque, sur un Muhlwasser qui semble avoir doublé de largeur.
C’est choli tout plein.
Mais non, sur le Muhlwasser, il ne pêche pas, il ramasse le plastique !
À vrai dire: 30 villas x 350 m2 x 4.100/m2 …. donnant 130 à 150 logements c’est quasiment la même chose que des tours avec 260 logements un peu plus petits et moins chers. Puisque de toutes façons les 25% de logements sociaux sont prescrits par la loi.
À part la hauteur du bâti, quelle est la différence en nombre de nouveaux habitants avec leur(s) voiture(s) ?
Les futurs acquéreurs (dont la plupart seront sûrement des investisseurs qui loueront à bon prix) paieront encore plus cher la facture.
Est-ce que le nombre d’ouverture de classes en maternelle et primaire ainsi qu’au collège suivra avec toutes ces nouvelles familles ?
En espérant que ce projet de tours ne réapparaisse pas après les municipales en cas de réélection…