Robert Herrmann sur la géothermie : "Un mauvais démarrage, des annonces brutales et sans débat"
Président de l’Eurométropole, Robert Herrmann revient sur le feuilleton de la géothermie dans l’agglomération. Énergie nouvelle, le moins que l’on puisse dire est que ça démarre mal, après trois avis d’enquêtes publiques négatifs.
La géothermie consiste à pomper la chaleur des sources d’eaux profondes. Mais en surface, elle échauffe déjà les esprits. Cinq projets concernent le territoire de l’Eurométropole, mais pour trois d’entre eux, le dossier est déjà bien mal engagé puisque trois avis concluant les enquêtes publiques sont négatifs (voir nos articles précédents). Un seul avis est positif, pour un projet de géothermie à Illkirch-Graffenstaden et opéré par Électricité de Strasbourg.
L’Eurométropole compte bien sur cette future source d’énergie pour améliorer et compléter son « mix énergétique ». Robert Herrmann, président (PS) de l’Eurométropole, entend renouer le dialogue sur ce dossier qui provoque d’intenses réactions, jusque dans l’exécutif de l’agglomération.
Mauvais démarrage et annonces brutales
Pour Robert Herrmann, il y a eu une précipitation quelque part. Dans un entretien accordé au Blog de la Robertsau (voir les vidéos ci-dessous), il évoque « un calendrier contraint par l’état » et regrette « une absence de dialogue et de pédagogie avec les populations ». Le coupable ? C’est la société Fonroche et ses « méthodes brutales ». Ça a le mérité d’être clair :
Je crois que le démarrage du dossier a été mauvais, le fait est que les annonces ont été faites de manière brutale par Fonroche sans qu’il n’y ait pu avoir de débat avec la population, d’explication, de pédagogie sur cette affaire. Ce qui a immédiatement renvoyé aux images les plus terribles que la géothermie a produites dans la région. De plus, le débat a été abordé de la pire des manières en période électorale.
Géothermie profonde, rencontre avec Robert… par blogrobertsau
Une énergie d’avenir, mais…
Néanmoins, la géothermie reste une énergie d’avenir pour l’Eurométropole, mais sous conditions pour Robert Herrmann :
Nous sommes favorables sur le principe à la géothermie, qui représente un intérêt pour l’Alsace et pour la région de Strasbourg en particulier (…). Ce ne sera possible qu’à la condition que nous puissions apporter les garanties à la population que les méthodes utilisées ne produisent pas d’effets négatifs. On ne sortira pas de cette ligne.
Géothermie profonde, rencontre avec Robert… par blogrobertsau
Le débat évoqué par Robert Herrmann dans la vidéo est en fait une communication (donc sans vote) réalisée au conseil de l’Eurométropole du vendredi 28 novembre 2014 avec l’installation d’un comité Théodule. Cette communication a eu lieu après l’interpellation du conseiller municipal Thierry Roos le 13 octobre 2014.
Renouer le dialogue
Les commissaires enquêteurs dans leurs rapports pointent l’absence de réelle concertation autour de la géothermie par les collectivités. Un point qui étonne Robert Herrmann, rappelant que c’est à l’État d’organiser le débat. Mais il fait aussi son mea-culpa :
« Je concède que l’on a sous-estimé l’émotion que ces projets pouvaient engendrer (…) et que cette énergie nécessite que l’on prenne le temps du dialogue. Même sur Illkirch-Graffenstaden, il faudra organiser des débats, faire valoir les points de vue, et ne pas se contenter de l’avis positif. »
Géothermie profonde, rencontre avec Robert… par blogrobertsau
ps : Vous corrigerez par vous-même le lapsus de Robert Herrmann qui parle de « permis de construire » alors qu’il faut entendre « permis d’exploration ».
Les Allemands en force
Dans l’enquête sur le projet de Fonroche au port aux pétroles, la participation des citoyens allemands a été particulièrement impressionnante puisqu’ils ont signé les deux tiers des contributions. Pour Robert Herrmann, il faut y voir le progrès du dialogue transfrontalier :
Je me réjouis que nos amis allemands s’intéressent à Strasbourg, et je souhaite que les Strasbourgeois s’intéressent autant que les Allemands à ce qu’il se passe à Kehl » dit-il avec un large sourire (ironique ?). Il poursuit en indiquant « qu’ ils n’ont pas vécu les mêmes expériences (à Bâle et à Landau NDLR) et ils ont une sensibilité différente sur ces sujets, avec en plus l’habitude de ces débats ». Avant de faire le constat du manque de travail commun transfrontalier et d’appeler de ses vœux que le nouveau Conseil de Développement de l’Eurométropole puisse devenir un lieu de débat pour ces sujets.
L’impressionnante mobilisation allemande a peut-être beaucoup joué dans l’annonce du retrait de Fonroche de son projet au Port aux pétroles. Pour Robert Herrmann, cette mobilisation provient de leur sensibilité particulière sur l’environnement et d’une « habitude de débattre ». Le président de l’agglomération espère que les Allemands présents au Conseil de Développement importeront cette culture.
Géothermie profonde, rencontre avec Robert… par blogrobertsau
Le porteur de projet est-il désavoué par les enquêteurs ?
Promoteur sans faille de la géothermie à Strasbourg, au point que l’on se demandait si c’était lui ou bien l’État qui était à l’origine du projet, le vice président Alain Jund doit-il tirer les conséquences de son engagement pro-géothermie au point de refuser tout débat ?
Pour Robert Herrmann, il n’est pas désavoué et ne doit donc pas démissionner avec cette phrase étonnante « quelquefois il faut forcer les choses pour aller vers l’innovation ».
Géothermie profonde, rencontre avec Robert… par blogrobertsau
Le 11 septembre, une nouvelle enquête publique débute sur le projet géothermie profonde de la société Fonroche à Vendenheim. Cette fois, le site est situé à côté de l’ancienne raffinerie de Reichstett, à proximité des cuves de Rubis Stockage et de l’usine Butagaz, donc dans un périmètre soumis à un Plan de Prévention des Risques Technologiques (PPRT), comme au Port aux pétroles.
L’État et l’Eurométropole ont un mois pour éviter de lire dans les conclusions du rapport que « la concertation n’a pas été au niveau des enjeux ».
Avec Pierre France de Rue89 Strasbourg.
Il faut rendre à Fonroche ce qui lui appartient. C’est grace à son effort d’information (incomplète) de la population, réunions, expositions,livret, que nous avons pu nous rendre compte de l’immaturité de la technologie, de la méconnaissance des spécificités du sous sol et de l’imprécision des moyens et méthodes envisagés par les projets. C’est ce qui nous a poussé à rechercher le maximum d’information permettant d’évaluer les projets et leurs conséquences. Nous comprenons bien que l’Eurométropole, se défaussant sur l’Etat,aurait préférée que personne ne soit informé, et que la population anesthésiée ne participe pas ou peu aux enquêtes publiques. Drôle de conception de la démocratie locale rappelée dans l’interview.Les enquêtes publiques ne sont pas prévues pour dialoguer. Les commentaires éventuels des habitants sont présentés par écrit ou oralement aux commissaires, et les réponses du pétitionnaire, souvent lacunaires, nullement discutées. Lorsqu’il s’agit de questions techniques, souvent complexes, les commissaires n’ont pas la formation pour juger de la qualité des réponses,et ce n’est d’ailleurs pas leur rôle.
L’interview montre la méconnaissance des récents rapports officiels US et canadiens, montrant que la réinjection de l’eau, comme prévue par cette technologie, a considérablement augmenté le nombre et l’importance des séismes constatés. Le nombre de nappes phréatiques polluées par des fuites dans les têtes de puits, similaires à celles prévues, est très important. La formation des élus ne les conduit que rarement à pouvoir analyser des problèmes techniques complexes.Ils ne doivent pas uniquement s’appuyer sur les dires de ceux qui ont interêt, souvent financier, à la réalisation des projets.Les associations d’habitants qui se mobilisent, s’informent, font appel à des spécialistes, doivent être des interlocuteurs au même niveau que les petitionnaires.
Enfin il faut saluer la position de la Ville de Kehl qui a prise, dans les délais, une position défavorable communiquée lors de l’enquête publique pour le projet du port. La collaboration transfrontalière qui s’est établie entre la BI gegen Tiefengeothermie et l’ADIR doit être soulignée. La participation réciproque a différentes manifestations des deux cotés du Rhin, a montrée l’opposition forte de la population à des projets non matures, soulignant notamment les risques de pollution de la nappe phréatique commune.
Nous sommes à la disposition des élus pour un débat ouvert, ce qui ne nous a pas été offert à ce jour.
Les rapports officiels US et canadiens font état de fracturation hydraulique, c’àd d’injection d’eau sous pression (jusqu’à 400 bars de pression à l’arrivée) dans les failles rocheuses pour les élargir. Ces rapports sont, en effet, les premiers à démontrer que cette technologie est (entre autres dégâts) la cause de quelques séismes importants (jusqu’à 4,5 sur Richter) qui ont eu lieu sur les sites où elle était mise en œuvre.
Rien à voir avec la réinjection de l’eau issue du forage, à des niveaux de pression limités à 100 bars.
ES admet d’ailleurs que la technique de la fracturation avait été utilisée sur le site expérimental de Kutzenhausen jusqu’en 2003, date à laquelle un microséisme en avait résulté, ce qui avait conduit à son abandon. ES a donc tiré, depuis longtemps, les leçons de phénomènes que nos amis nord-américains, tout à leur libéralisme, ne font que découvrir « à l’insu de leur plein gré ».
Il faut répéter, même si c’est difficilement admissible par M. Braun, que la fracturation hydraulique est interdite en France. Citer ces rapports nord-américains pour argumenter contre la géothermie telle qu’elle est envisagée chez nous, relève juste de la malhonnêteté intellectuelle.
Le débat « ouvert » qu’il appelle de ses vœux, que tous appellent de leur vœux, suppose qu’on accepte d’écouter, voire d’entendre les informations et les arguments de celles et ceux qui ne sont pas d’accord avec vous. Et qu’on ne retienne pas de l’actualité que les informations qui confortent sa position…
Il semble que vous n’avez pas étudié les rapports mentionnés.Il ne s’agit pas d’eau sous pression pour la fracture hydraulique, mais du retour d’eau pour les puits en exploitation.
Qui n’accepte pas les débats? En tous cas pas nous.
Le terme de malhonnéteté intellectuelle me semble mieux s’appliquer à ceux qui refusent le débat et cherchent à faire des comparaisons sans raisons.
Nous attendons toute proposition de débat public ouvert.
Ma réponse semble s’être perdue dans le cloud. Alors je repête:
Vous qui vous cachez derriere un pseudo, ne semblez pas avoir lu les rapports qui se refèrent à des puits en exploitation depuis plusieurs années, pas à la fracturation hydraulique.
Cherchez dans les rapports des forages de Soultz quand ES a utilisé la fracturation. Je n’en ai pas trouvé trace.
Un débat ouvert, est un débat face à face. Je l’appelle de mes voeux depuis le début. Force est de constater que les pro géothermie profonde ne le souhaite pas, pourquoi? Utiliser des comparaisons sans raisons, ne fait pas avancer la discussion.