Une lettre ouverte aux élus strasbourgeois
Le Collectif a envoyé un dossier à chaque conseiller municipal de Strasbourg avec ses propositions pour « un cœur pour la Robertsau », dossier accompagné d’un courrier soulignant les enjeux.
« Mesdames et messieurs les élus municipaux,
Le 21 mars prochain, le conseil sera sollicité pour donner un avis sur le projet de la paroisse catholique Saint-Louis de la Robertsau de vendre son foyer à un promoteur privé, pour en construire un nouveau à moins de 200 mètres de distance.
D’apparence technique, cette délibération engagerait un processus immobilier qui affecterait irrémédiablement la configuration du cœur historique de notre quartier :
- disparition d’un foyer centenaire aux potentiels énormes contre nouveau foyer, de configuration réduite, qui ne répondra jamais aux attentes importantes de salles associatives,
- urbanisation des derniers espaces libres pouvant être mobilisés pour contribuer au “vivre ensemble” (parc public, marché, animations diverses, détente et convivialité).
Vous trouverez ci-joint les informations pour mieux comprendre les enjeux de ce projet paroissial, ses conséquences pour notre quartier et les arguments d’un débat qui agite la Robertsau depuis plus de 4 ans.
Ce projet nous interpelle sur trois enjeux majeurs :
- Le communautarisme rampant : ce projet relève d’un communautarisme inhabituel en église catholique. Depuis des années, elle mène son projet en cercle fermé, refusant de répondre à la moindre question, déniant toute critique, souvent de façon agressive et méprisante.
Au contraire des autres obédiences religieuses à la Robertsau, qui ont eu des projets similaires partagés avec tous, la paroisse méprise votre Conseil, en considérant votre délibération comme anodine. Elle va jusqu’à mépriser Mgr Grallet qui appelait au dialogue, et notre maire qui, dans un courrier du 18 décembre 2012, lui enjoignait de veiller à l’avenir de l’actuel foyer Saint-Louis, courrier resté, à l’évidence, lettre morte (cf. documents joints).
- La démocratie confisquée : arraché de haute lutte et mené à la hussarde, le processus de “concertation” autour de ce projet n’a concerné que des gens triés sur le volet, alors que ses conséquences pour le quartier réclament un débat ouvert à tous.
Pire, ce processus n’a servi qu’à auto-justifier une solution bâtarde, déjà refusée en juin dernier par notre collectif et à nouveau présentée le 10 mars par nos élus. Jamais cette « concertation » n’a permis d’envisager, encore moins d’étudier des solutions alternatives au projet de la paroisse, qui pourtant sont nombreuses et riches.
Face à une démocratie confisquée, peut-on construire une démocratie citoyenne ?
- La politique du renoncement : dans ce projet, la Municipalité renonce à l’action publique, en déléguant à une paroisse et un promoteur privé l’aménagement d’un secteur majeur de notre quartier. Pire, elle travaille à imposer leurs choix aux habitants, dont les aspirations et les besoins sont niés !
Il y a des alternatives au projet paroissial qui répondraient – au moins aussi bien – aux besoins de la paroisse, mais qui coûteraient moins cher et produiraient plus de cohésion sociale et de qualité de vie.
L’approche financière, qui semble prévaloir désormais dans les choix municipaux, ne mesurera jamais le bénéfice social, le bien-être, l’amélioration du vivre ensemble, le gain de nature et d’air pur, bref le mieux-disant social et écologique des projets.
La délibération du 21 mars vous donne donc l’occasion de vous positionner sur ces trois enjeux majeurs qui nourrissent tous les ressentiments de nos concitoyens à l’encontre du monde politique et accélèrent le refuge dans l’abstention et le recours aux extrêmes.
L’avis du Conseil n’est pas une procédure technique et automatique.
En vertu de la loi issue du Concordat, les ventes de biens paroissiaux doivent être soumises pour avis au conseil municipal. Tant que cet avis n’est pas sollicité, la vente ne peut avoir lieu. La meilleure façon de différer la vente du foyer Saint-Louis pour permettre une concertation digne de ce nom sur son avenir et sur le cœur de la Robertsau est de retirer cette délibération de l’ordre du jour de votre conseil.
En approuvant cette délibération (par l’abstention), vous voterez pour le communautarisme rampant, la démocratie confisquée et la politique du renoncement.
En demandant son retrait ou en votant contre, vous marquerez votre volonté de lutter contre ce qui mine notre vie publique et sape les fondements de notre vivre ensemble. Depuis le début, nous demandons l’ouverture d’un vrai débat citoyen sur l’avenir du cœur de la Robertsau. Votre vote est la dernière occasion de nous y conduire.
Le collectif “Un cœur pour la Robertsau” »