« Plus jamais ça »
« Plus jamais ça », trois mots figurent sur la stèle inaugurée lundi 27 janvier au cimetière Nord de la Robertsau, en mémoire au million de Tutsis exterminés au Rwanda en 1994.
« Un million de massacres, en seulement cent jours, seulement un demi-siècle après la Shoah où toutes les Nations avaient pourtant dit « Plus jamais ça » »
Proclame solennellement l’Ambassadeur du Rwanda en France, François-Xavier Ngarambe, aux côtés d’Immaculée Cattier-Mpinganzima, Présidente de l’Association Amariza Alsace et du Maire de Strasbourg Roland Ries, lors de l’inauguration de la stèle honorant le million d’hommes, femmes et enfants qui ont été exterminés au Printemps 1994, car nés Tutsis.
À l’extrémité du Cimetière Nord de la Robertsau, dans l’angle sud ouest, l’émotion est forte, en ce lundi après-midi 27 janvier.
Le 27 janvier (il s’agit d’une date symbolique car elle correspond à l’anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau), a lieu la journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité. Chaque année, le ministère chargé de l’Éducation nationale invite la communauté éducative à engager une réflexion avec les élèves sur la Shoah et les génocides reconnus, en liaison avec les programmes scolaires.
C’est dans cette optique que quelques élèves du collège Louise Weiss, Rue St Aloïse à Strasbourg-Neudorf ont co-animé la cérémonie. Christelle Muller, Principale du collège, qui ne se résout pas à entendre proférer des propos racistes dans son école a ainsi impulsé un grand projet d’établissement pour « éviter la banalisation du racisme et des discriminations ».
Nous lisons également dans l’agenda du site dédié à la citoyenneté européenne de Strasbourg.eu « Lieu d’Europe » :
« Strasbourg, capitale européenne des droits de l’Homme et symbole de la réconciliation franco-allemande, a une responsabilité particulière dans l’entretien du travail de mémoire et de la vigilance démocratique.
Dans ce contexte, la Ville se mobilise régulièrement pour sensibiliser les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois aux massacres et aux génocides commis dans le monde. »
Strasbourg n’est pas la première Ville française à honorer le génocide rwandais, d’autres ont ouvert la voie :
- Cluny, dans le sud de la Bourgogne, la première en 2011, le 9 avril
- Dieulefit en 2013, le 29 juin, la stèle est érigée place Marguerite Soubeyran et Catherine Krafft, en centre-ville
- Paris en 2014, une stèle commémorative est inaugurée au cimetière du Père Lachaise le 31 octobre par Anne Hidalgo
- Toulouse en 2014 au Jardin Raymond VI, le 27 septembre
- Garges-lès-Gonesse : Stèle à la Mémoire de trois Génocides « Arménie, Rwanda, Shoah. Hommage aux victimes des génocides » en 2017
- (…)
Le cimetière Nord de la Robertsau, est rappelons le, le plus grand cimetière de Strasbourg, il s’étend sur 18 hectares. Aménagé à partir de 1914, une particularité de ce lieu réside dans les nombreuses niches aménagées dans le mur de clôture pour recevoir les urnes contenant les cendres des défunts, à une période où la crémation était encore relativement peu répandue. Le cimetière est conçu comme un vaste jardin à la française avec de belles allées arborées, des carrés délimités par des haies, qui favorise le recueillement. L’étang s’est formé lors de l’extraction du sable et du gravier pour la construction et a été intégré ensuite à l’organisation générale de l’espace funéraire. Il abrite déjà plusieurs remarquables monuments funéraires. (En savoir plus)
Un carré dit « du Struthof » perpétue également le souvenir des victimes de la barbarie nazie.
Un peu d’histoire :
Le 6 avril 1994, le président du Rwanda Juvénal Habyarimana est assassiné. Alors qu’il s’apprêtait à atterrir à Kigali, son avion est abattu par un tir de missile et s’écrase. Il n’y a aucun survivant. L’attentat fut l’élément déclencheur du génocide réalisé par le Hutu Power (Mouvement idéologique d’extrémistes hutus au Rwanda partisan du nationalisme ethnique). Les massacres des opposants hutu dans les premières heures, puis de milliers de Tutsis commencent aussitôt et simultanément dans une grande partie du Rwanda, les exécutions se déroulent pendant trois mois. Les massacres atteindront des sommets dans l’horreur et le nombre d’exécutants en font un des événements les plus atroces du XXe siècle. Le 30 avril 1994, le bureau politique du Front patriotique rwandais publie un communiqué selon lequel le génocide est presque terminé. Les massacres ne cesseront complètement que courant juillet, mais on estime que 80 % des massacres étaient accomplis à la mi-mai. (En savoir plus / Source Wikipédia)
En effet, si on veut se lancer dans la compétition du « malheur », il y a de la matière : Rohingyas en Birmanie, Ouïghours en Chine, Chrétiens au Nigéria, en Iran, en Somalie ou en Ouzbékistan, Coptes en Egypte…Un autre exemple de mots vides de sens très à la mode aujourd’hui : « on ne lâchera rien ».
Les actes constructifs, comme destructifs, sont toujours précédés de mots. Ce qui fait la valeur des mots, c’est la façon de les prendre au sérieux. Plusieurs commentaires désabusés me font franchement mal. On laisse tomber, ce serait aux autres de prendre les choses au sérieux. « Plus jamais ça » sera effectif si on le prend au sérieux. Sinon, si ce sont les avis désabusés qui triomphent, cela recommencera. Regardez le mal qu’on a eu à faire prendre conscience de la Shoah en France. On a jamais vraiment non plus parlé des massacres de masses commis par les Français en AFrique : Cameroun, Madagascar, Algérie, Côte d’Ivoire en novembre 2004. 2004 !!!
Quant au fait que cela ne nous toucherait pas parce que ce serait loin de chez nous, excusez-moi mais cela recouvre beaucoup d’ignorance. Notre pays est gravement mis en cause dans ce génocide des Tutsi et cela, ce n’est pas loin de nous ,mais très proche de nos décideurs de l’époque. Pourquoi y-t-il eu une mission parlementaire française sur ce sujet ? Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il créé une commission spéciale sur ce sujet, si ce n’est parce que la mission parlementaire n’a pas épuisé les problèmes concernant la France ?
Il se trouve qu’à Strasbourg et les environs plusieurs personnes cherchent de façon approfondie sur ces sujets. Jacques Morel de Lingolsheim a écrit un monument de 1580 pages qu’il intitule : « La France au coeur du génocide des Tutsi », une référence dont le site de documentation est à lui seul un autre monument : http://francegenocidetutsi.org/
Le 21 février prochain paraîtra dans les librairies « L’Etat français et les génocide des Tutsi » chez Agone, autre pavé de 520 ,pages écrit par un habitant de Schiltigheim, Raphaël Doridant et un parisien qui vient de temps en temps donner des cours à l’université de Strasbourg, François Graner.
Enfin je tiens le site de la commission d’enquête citoyenne sur l’implication de la France dans le génocide des Tutsi depuis mon domicile de Strasbourg depuis 2003 et dont je vous livre la présentation de cette inauguration :
http://cec.rwanda.free.fr/actualite/actu-2020-01-01-et-jours-suivants.html
Je suis très reconnaissant envers les autorités de Strasbourg dans cette affaire. Cela mérite le respect.
Emmanuel Cattier
Toujours ce souci de la repentance !
La France n’est pas responsable de tous les malheurs du monde. Par exemple, l’esclavage n’a pas été inventé par notre pays, même s’il y a pris part.
Soyez fier de votre pays, et sachez l’accepter, dans ses grands moments, comme dans les épisodes plus sombres…
Qui combat « l’état islamique » dans le Sahel en ce moment, avec plus de 5.000 soldats courageux ? Nos « amis » européens sont bien contents de disposer d’un bras armé, à bon compte, non ?
A quand un plaque pour les militaires tombés dans les embuscades ou sur une mine ?
Ai-je parlé de repentance ? A mon sens il s’agit d’abord d’établir les faits et qu’ils soient reconnus par nos institutions. On en est encore loin en France, même si des initiatives récentes permettront peut-être d’y aller.
Ensuite on parlera de l’attitude à avoir par rapport à ces faits. La Belgique et les USA, comme l’ONU, ont choisi des formes d’excuses plus ou moins officielles et plus ou moins directes. La France sous Sarkozy a fait un petit pas en reprenant l’idée de la mission parlementaire « d’erreurs de jugement » et en allant un peu plus loin en parlant « d’aveuglement ». Ce sont les termes employés par Sarkozy au Rwanda en février 2010, soutenu par Bernard Kouchner sur ce terrain.
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