Foyer Saint-Louis : Le marché de dupes
Le foyer St Louis sauvé ? oui et non. Si pour l’instant il est encore debout, de sérieux doutes planent sur son avenir. Et si on tentait de nous endormir ?
Officiellement, le foyer Saint-Louis est sauvé. C’est une bonne nouvelle pour les Robertsauviens attachés à la préservation de ce lieu précieux à la vie associative et à l’animation de leur quartier. Même M. le curé Muntzinger a dû admettre cette conclusion d’une affaire qui dure depuis sept ans, dans une tribune énervée qu’il a publiée dans le bulletin paroissial de la rentrée.
Le foyer Saint-Louis est sauvé et il sera rénové, toiture et isolation, grâce aux sous issus de la vente du terrain de la rue Charles de Foucault et de ses deux cours, l’une à la Ville, l’autre à un promoteur immobilier. Grâce aussi à une subvention municipale de plus de 117.000 €.
Mais, derrière ces constats satisfaisants pour toutes celles et tous ceux qui se sont battus pour ce sauvetage, des questions demeurent qui font craindre qu’un marché de dupes ne se soit conclu entre paroisse, Ville et promoteurs sur notre dos. Quelles sont donc ces puces qui nous chatouillent les oreilles ?
Premier gratouillis : malgré le budget conséquent rassemblé par ses ventes et l’aide de la Ville, la paroisse, par la voix de son curé, s’est lancée dans un appel déjà désespéré aux dons de ses paroissiens pour parachever la rénovation du foyer. Ce budget de plusieurs millions déjà ne suffirait pas. S’il ne suffit pas aujourd’hui, pourquoi suffirait-il demain ? Et que se passerait-il si ce budget devait définitivement ne pas suffire et si, dans quelques mois ou années, la paroisse devait décidément se résoudre à ne pas pouvoir rénover son foyer ?
Seconde chatouille : outre son état qu’elle disait fragile, la paroisse affirmait qu’elle n’était plus en mesure de gérer son foyer, trop grand et trop lourd pour elle. Qu’est-ce qui a changé dans cette incapacité ? La paroisse bénéficie-t-elle désormais du regain de volontaires, pétris de foi et de bonne volonté, pour assurer la tâche harassante de gérer ce foyer au quotidien ?
Troisième gratti gratta : nous n’avons pas encore vu les projets immobiliers sur les cours du foyer, mais d’ores et déjà peut-on l’imaginer sans au moins une de ses cours, notamment la grande côté rue des jardiniers, qui accueille les activités de plein air des scouts et guides de la paroisse ? Une fois urbanisées, ces cours manqueront à ce foyer, qui n’aura plus que ses salles, certes nombreuses et variées, pour accueillir les activités des paroissiens et des Robertsauviens. Finies les kermesses qui prenaient l’extérieur, finis les jeux et animations scoutes, finies toutes les possibilités d’animer ces espaces centraux de notre quartier, ce sera bétonné.
Un marche de dupes ?
- Face à ce vraisemblable marché de dupes, nous faisons donc le pari : ce foyer, à terme, sera vendu. Paroisse et Ville ne font que gagner du temps, après avoir compris que le passage en force qu’elles ont envisagé en 2012 avait échoué. La stratégie du passage en force a laissé la place à une fusée à plusieurs étages :
- 1er étage : vente des cours du foyer, qui vient d’avoir lieu ; la fusée a quitté son pas de tir ;
- 2ème étage : rénovation partielle du foyer, grevée par un financement que le curé annonce déjà comme insuffisant ;
- 3ème étage : ventes par la Ville de la maison des associations du 119 de la rue Boecklin et de l’ancienne mairie de quartier pour financer la nouvelle maison de services sur la petite cour du foyer ;
- 4ème étage : bétonisation des cours, par la construction d’une maison des services côté Boecklin et d’immeubles de logements côté Jardiniers ;
- 5ème étage : vente in fine du foyer, dont toiture et isolation seront neuves, mais que la paroisse continuera de ne pouvoir gérer ;
- 6ème étage : construction d’une « maison paroissiale » sur l’ancien jardin de l’église, dont la destruction programmée avait servi de déclencheur à la mobilisation citoyenne pour le foyer et le cœur de la Robertsau.
Clap de fin et sortie des mouchoirs.
Nous entendons déjà les exclamations de celles et ceux qui nous accuseront de paranoïa et qui jureront, la main sur le cœur, le porte-monnaie et le crucifix, que c’est faux, que cette affaire est finie et qu’il faut maintenant laisser la paroisse et le promoteur faire bien les choses.
A ceux-là, nous disons : apportez-nous des garanties, des engagements fermes et écrits (sous seing privé, pourquoi pas ?), que cela ne se passera pas ainsi, que le foyer restera foyer dans les décennies à venir, que la subvention des Strasbourgeois à sa rénovation sera respectée, que la maison des associations du 119 et que l’actuelle mairie de quartier seront préservées et continueront d’offrir des services à nos concitoyens, que le jardin de l’église Saint-Louis restera jardin.
Je vous fiche mon billet : ces garanties ne viendront pas.
Marc Hoffsess